The Root Book

|


Rejoins-nous !

À la Une




Une plateforme d'écriture unique ?


  • pour écrire à plusieurs 👥
  • facilement et pour s'amuser 🎮
  • ... et pourquoi pas en participant à l'écriture d'un livre ? 📖
  • The Root Book 🌳

The Root Book facilite l'écriture collaborative

Tu veux écrire de la fiction à quatre mains, à six mains, ou même plus, facilement et sans avoir de co-auteurice ?

The Root Book est un site d'écriture collaborative unique, où n'importe qui peut participer à n'importe quelle histoire et à n'importe quel moment de l'histoire.

Quel que soit ton genre préféré - fantastique, romance, science-fiction - ta voix a sa place ici. Seule l'imagination est la limite !

La ramification des histoires

The Root Book fonctionne sur le principe d'une arborescence des chapitres : un seul prologue donne naissance à de nombreux chapitres 1, qui sont les débuts d'histoires Chaque chapitre peut avoir autant de suites que possible, et chacune de ces suites peut à son tour se diviser en de nombreuses histoires.


Image illustrant la ramification des chapitres
Image illustrant la ramification des chapitres

Il te suffit d'un pseudo et d'un email pour te mettre à écrire

Si tu as besoin d'améliorer ton écriture, tu peux relever les défis d'écriture et ainsi travailler, tout en voyant ce que les autres écrivains proposent.
Et si tu as une idée, tu peux créer ton propre défi à la suite du prologue, juste en cliquant sur la case "défi".

Beaucoup d'histoires par de nombreux auteurs

The Root Book est un site très dense, avec sa multitude d'histoires qui possèdent tous leur propre multivers. Pour t'aider à naviguer dans cet arbre géant, plusieurs outils sont à ta disposition.

L'arbre des histoires te permet de visualiser la structure de chaque histoire et de comprendre comment les différents chapitres s'articulent entre eux. C'est un excellent moyen de voir l'ensemble de l'histoire et de choisir où tu souhaites contribuer.

Notre système de tags te permet de trouver des histoires qui correspondent à tes centres d'intérêt. La page des tags. Sur chacun de tes chapitres, tu peux ajouter les tags que tu veux, même ceux que personne n'a encore utilisé !

Le Concept Unique de The Root Book

The Root Book, c'est une expérience littéraire unique que je t'invite à découvrir. Ici, la magie de l'écriture collaborative prend vie. Chaque histoire se transforme en un véritable cadavre exquis où chaque auteur apporte sa touche personnelle, pour une aventure littéraire sans pareil.

Chaque histoire possède son propre multivers !

The Root Book est porté par une association à but non lucratif, qui a pour mission de fournir un outil 100% gratuit et en ligne pour tous, afin que chacun puisse exprimer sa créativité.

Si tu es enseignant·e ou professeur et que tu souhaites utiliser notre plateforme pour ta classe, n'hésite pas à m'envoyer un message pour me poser toutes les questions. D'autres ont déjà passé le pas.

La Monnaie de l'Imagination : Les Points TRB (🌳)

Sur The Root Book, chaque action compte. Les points TRB, symbolisés par le petit arbre 🌳, sont une manière de récompenser ta participation active à la plateforme. Tu les gagnes en écrivant (que ce soit des chapitres ou des commentaires), en donnant et recevant des coups de pouce, en relevant des défis et même en faisant un don à l'association T.R.B.

Ces points ont de la valeur ! Ils peuvent te permettre d'afficher des liens vers tes réseaux sociaux, augmentant ainsi ta visibilité au-delà du site. Tu peux également proposer de nouvelles façons de les dépenser directement sur ton compte.

Nos Chiffres-Clés et des Tags

The Root Book, c'est une communauté dynamique et des histoires incroyables à découvrir.

492 auteur·rice·s inscrit·e·s
674 chapitres coécrits
606060 lectures

Voici les tags préférés sur la plateforme :
Collaboratif (188) Écriture (163) Début (132) Concours (127) Prologue (113)
(Si ton genre de prédilection ne s'y trouve pas, peut-être que tu devrais envisager de créer un compte pour remédier à ce problème !)

Si jamais tu es perdu, surtout n'hésite pas

Si tu as plus de questions, il existe une FAQ.

Si tu as des suggestions ou si tu rencontres des problèmes sur le site, n'hésite pas à me contacter. Je suis là pour t'aider et répondre aux demandes dans les plus brefs délais. Tu peux me contacter via le formulaire de contact.

Un site avec de fortes valeurs collaboratives

En tant qu'association, The Root Book est ouvert à de nombreuses possibilités de partenariat. Que tu sois une association, une entreprise, un blogueur ou un influenceur, nous sommes toujours ravis d'explorer de nouvelles collaborations.

Nous disposons d'un système de visibilité efficace qui peut aider à promouvoir ton travail ou ton organisation à travers notre plateforme et notre communauté d'auteurs passionnés.

Si tu es intéressé par un partenariat avec The Root Book, n'hésite pas à prendre contact via le formulaire de contact ou à l'adresse email suivante : information.the.root.book@gmail.com.


Les derniers Défis et Chapitres

Chapitre 2 : Une page parmi des milliers

de l'histoire La bibliothèque
par R.Th
Début Écriture Collaboratif

La fatigue accumulée lors des cinquante jours de marche la clouèrent au sol. Enfin devant elle se tenait le lieu de légendes où le sommet de la montagne semblait toucher les constellations du ciel étoilé. Le rouge des oxydes de la montagne ferrugineuse contrastait avec la blancheur des neiges eternelles immaculées que nul n'avait osé fouler. Sanctuaire millénaire qu'elle …



49 lectures
0 suites

Chapitre 1 : La bibliothèque

de l'histoire La bibliothèque
par Laurent
Début Écriture Collaboratif

Entre les rayons infinis, silencieusement, se déplaçait une grande silhouette aux allures sombres.Elle était drapée d’étoffes blanches, légères, et lâches.Ses mains étaient découvertes, de même que ses pieds, et sa tête. Ses bras, cachés si baissés, se découvraient quand elle les levaient.De long cheveux blanc lui tombaient au milieu du dos et en cascade sur ses épaules, …



188 lectures
1 suite

Chapitre 1 : Petite soeur

de l'histoire Petite soeur
par Laurent
Début Écriture Collaboratif

J’étais haletant. Ma tête me faisait souffrir, comme écrasée de part et d’autres de mes tempes.Mon corps avait épuisé toutes ses ressources, et mes jambes cédèrent, me faisant tomber à genoux. Alors que je tentais de retrouver mon calme, je vomis soudainement. Maintenant à quatre pattes, une odeur âcre et métallique me brûla la gorge.Du coin de l’œil, une tâche rouge somb…



235 lectures
0 suites

Défi : Les points sur les i

par R.Th
Début Écriture Collaboratif

Beaucoup d'histoires ici commencées restent malheureusement sans lendemain, ce qui chagrine un tantinet mon faible esprit qui abhorre les conclusions trop ouvertes.Et si, même si cela nécessite de sauter quelques chapitres, qui seront complétés par la suite, nous imaginions des fins pour ces histoires ? Une, deux, pourquoi pas trois afin que les autres puissent choisir la…



325 lectures
0 suites

Défi : Un poème par jour

par Laurent
Début Écriture Collaboratif

Je vous propose un petit défis, auquel je vais moi-même me soumettre ce mois-ci.L'idée, c'est d'écrire un poème par jour pendant un mois.La poésie est au final presque inexistante ici, alors que ça peut être très sympa à lire, et un exercice intéressant je trouve.Concernant les poèmes, il n'y a aucune règle. Que vous soyez un.e habitué.e de la poésie, ou que vous n'en aye…



569 lectures
2 suites
35 ramifications

Défi : Vers le Silence

par R.Th
Début Écriture Collaboratif

Si un ou deux personnes sont intéressées, je cherche quelqu'un pour jouer au jeu “Vers le Silence” de Craig Duffy, éditions DidasKalie (Association). Dans la mesure où je ne décris pas tout,  je ne pense pas que ça posera des problèmes de droit, mais si vous pensez que oui, merci de supprimer la page et je trouverai un autre moyen de jouer. C'est un jeu de rôle épistolair…



836 lectures
1 suite
4 ramifications




Quelques Chapitres à ne pas oublier

Altération 1 — Sidonie     Hiiiiiiiiiiiiiii !   6 h 40   Dans un élan de panique, Sidonie bondit hors de son lit, sa main frappant frénétiquement le réveil matin dont la sonnerie perçante la tirait d’un sommeil agité. Poussée par une urgence soudaine, elle se précipita dans le couloir, son cœur battant à tout rompre. Elle s’arrêta net devant la chambre de sa fille, El', dont la présence se confirmait par une petite touffe de cheveux crépus émergeant d’une literie à l’effigie de la Reine des neiges. Ça veut dire que ce n’était qu’un rêve, la disparition de… Même en pensée, elle n’arrivait pas à prononcer ce mot, ce concept terrifiant. Elle fixa El', soulagée, mais encore secouée par l’écho de son cauchemar. Elle attrapa son téléphone d’une main tremblante pour vérifier la date. C’était le 22 décembre… comme hier. Le même jour, à nouveau.     7 h 05   —  Non, mais tu te fous de moi ?! Dix minutes. Il leur restait dix minutes pour s’habiller, se coiffer, avaler un petit-déjeuner, descendre au rez-de-chaussée, attraper le bus de 7 h 15, et elle était toujours au lit ! Comme hier… Tu t’inquiètes pour rien, ça lui arrive souvent !     7 h 22   — Accroche-toi bien, El’. Je ne te le dirai pas une troisième fois, tiens-toi à cette barre ! Sidonie ressentait une étrange sensation de déjà-vu en prononçant ces mots. Comme si elle avait déjà vécu ce moment, un écho de son rêve peut-être. Elle détestait prendre le métro avec sa fille, surtout avec la foule matinale et la misère urbaine qui les entourait. Soudain, le métro freina brusquement, un crissement assourdissant emplissant l’air. El’ tomba sur les genoux de Sidonie. Exactement comme hier… euh… dans mon rêve. Rapidement, elle aida El’ à se relever, craignant les regards et les jugements des autres passagers. — Reste calme maintenant, lui dit-elle en la guidant vers la barre. On repartira bientôt. Mais le métro restait immobile. — Pourquoi on ne bouge plus ? demanda El’, sa voix trahissant son inquiétude. Sidonie sentait l’agitation monter autour d’eux. Les gens vérifiaient leurs montres, impatients, frustrés. — On va être en retard, murmura-t-elle, se rappelant que si El’ s’était levée plus tôt, elles auraient pu prendre le bus. Après un quart d’heure d’attente, une annonce retentit : « Chers passagers, nous sommes actuellement arrêtés en raison de la présence d’un individu sur les rails. Nous faisons tout notre possible pour résoudre la situation rapidement. Merci de votre patience. » Sidonie frissonna. C’était comme si son rêve prenait vie, chaque détail se déroulant exactement comme elle l’avait déjà vécu.     8 h 07   Sidonie se tient immobile devant l’école primaire, son regard perdu dans le vide. À ses côtés, El’ tire doucement sur sa main, cherchant à attirer son attention, mais la prise de sa mère est ferme, inébranlable. — Tu sais quoi, El’ ? Aujourd’hui, tu vas rester avec maman, déclare Sidonie d’une voix qui se veut rassurante. — Mais la maitresse va me gronder, proteste El’, une pointe d’inquiétude dans la voix. — Mais non, fais-moi confiance. Pour elle, il est impensable de laisser El’ seule aujourd'hui, ce même 22 décembre, même pour un court instant. Les évènements de la matinée, cette sensation oppressante de déjà-vu, tout lui crie de garder sa fille à ses côtés. Aujourd’hui, elle ne peut se résoudre à la laisser partir, pas même pour les quelques heures de classe.       9 h 17   Sidonie sursauta au son de son téléphone. C’était son ex-mari, et sa voix trahissait une inquiétude inhabituelle. — Sidonie, l’école vient de m’appeler. Ils disent qu’El' n’est pas là. Qu’est-ce qui se passe ? Sidonie, prise au dépourvu, sentit son cœur battre plus fort. Elle ne pouvait pas lui dire qu’elle avait décidé de garder El' à la maison, pas après toutes les disputes pour la garde pendant les fêtes. — Oh, euh… El' est malade, répondit-elle précipitamment. Elle a vomi ce matin, et je ne voulais pas la laisser seule. Il y eut un silence au bout du fil, puis son ex-mari reprit, sa voix teintée de scepticisme. — Vraiment ? Elle semblait bien hier soir. Tu es sûre que c’est juste ça ? Sidonie serra le téléphone, sentant la pression monter. — Oui, je suis sûre. Elle a dû attraper un virus ou quelque chose. Ne t’inquiète pas, je m’occupe d’elle. Il y eut un autre silence, puis son ex-mari soupira. — D’accord, mais tiens-moi au courant. — Bien sûr, répondit Sidonie, soulagée que la conversation se termine. Elle raccrocha et regarda El', qui jouait tranquillement. Sidonie se sentait plus rassurée de l’avoir avec elle.     10 h 00   Sidonie remarque cette horloge, obstinément figée à 6 h 40, exactement comme dans son rêve… ou était-ce hier ? Ses souvenirs semblent s’entremêler, brouillant la frontière entre rêve et réalité, tandis que l’horloge continue de marquer silencieusement ce moment suspendu dans le temps.      12 h 07   Sidonie ouvrit les placards de la cuisine avec une pointe de désespoir. Ses yeux balayaient les étagères presque vides, cherchant quelque chose, n’importe quoi, à donner à manger à El’. Ses mains fouillaient frénétiquement, déplaçant les quelques boites de conserves et paquets entamés. — Des aubergines à la provençale… murmura-t-elle, saisissant une boite poussiéreuse du fond du placard. C’est tout ce qu’il me reste ? Elle ne put s’empêcher de ressentir une pointe de honte. Même pas un paquet de pâtes, l’aliment de secours par excellence. El', assise à la table de la cuisine, fronça le nez en voyant la boite. — Beurk, je veux pas ça, maman ! protesta-t-elle, croisant les bras avec détermination. Sidonie soupira, posant la boite sur le plan de travail. Elle savait qu’elle devait aller faire les courses, mais l’idée de sortir avec El’ lui donnait des frissons. Elle repensa à son rêve, à cette sensation étrange de déjà-vu qui l’avait accompagnée toute la matinée. — Je sais, ma chérie, mais c’est tout ce qu’on a pour le moment, dit-elle doucement, essayant de masquer son inquiétude. Ce soir, je nous fais livrer ce que tu veux, d’accord ? El' fit la moue, clairement mécontente, mais acquiesça finalement. Sidonie ouvrit la boite d’aubergines.     13 h 57   Sidonie, épuisée, se laissa tomber sur le canapé, son téléphone à la main. Elle commença à défiler machinalement sur les réseaux sociaux, mais son esprit n'était pas vraiment là. Les images et les vidéos défilaient devant ses yeux sans vraiment capter son attention. Son regard se détournait constamment vers El', jouant tranquillement dans un coin du salon. Elle est là, en sécurité... pensait-elle, tout en luttant contre la lourdeur de ses paupières. Chaque publication semblait se fondre dans la suivante, aucune ne parvenant à retenir son intérêt. Les rires des vidéos comiques, les photos de paysages lointains, rien ne semblait avoir d'importance. Son esprit était ailleurs, concentré sur sa fille. Je dois rester éveillée, je dois la surveiller... se répétait-elle intérieurement. Sidonie bâilla, se frottant les yeux pour chasser la fatigue. Elle savait qu'elle ne pouvait pas se permettre de s'endormir, pas après ce qui s'était passé, pas après ce rêve qui l'avait tant bouleversée. Alors, malgré le poids de la fatigue, elle resta éveillée, son regard inlassablement fixé sur El', veillant sur elle comme un gardien silencieux.     16 h 23   Sidonie se réveilla en sursaut, le cœur battant à tout rompre. Un silence pesant régnait dans l’appartement, un silence qui lui glaçait le sang. Elle se redressa brusquement, son regard balayant frénétiquement la pièce. Le salon était vide, les jouets d’El' éparpillés sur le sol, comme abandonnés en pleine partie. Non, pas encore... Une terreur indicible s’empara d’elle. Elle aurait dû le voir venir, elle aurait dû être plus vigilante. Comment ai-je pu m'endormir ? Elle s’en voulait terriblement. Paniquée, Sidonie se précipita hors du canapé, appelant le nom de sa fille à travers l’appartement. Aucune réponse. — El', où es-tu ? Son cœur battait si fort qu’elle pouvait l’entendre dans ses oreilles. Elle parcourut chaque pièce, vérifiant sous les lits, dans les placards, derrière les rideaux, mais El' n’était nulle part. La panique se transforma en une peur viscérale. — El', s'il te plaît, réponds-moi... Elle retourna au salon, espérant avoir manqué un indice, quelque chose qui lui dirait où était sa fille. Rien. Juste le désordre silencieux des jouets. Sidonie se rua vers la porte d’entrée, l’ouvrant avec une telle force qu’elle en tremblait. Elle dévala les escaliers, son esprit en proie à mille scénarios catastrophiques. Arrivée dans la rue, Sidonie regarda autour d’elle, désespérée. Les rues étaient calmes, trop calmes. Pas de trace d’El', pas un signe de sa présence. — El' ! Elle appela encore, sa voix se brisant sous l’effet de la peur et de l’angoisse. Elle se sentait impuissante, perdue. Chaque battement de cœur un rappel de son échec en tant que mère. J'aurais dû la protéger, j'aurais dû être là pour elle... Sidonie courut dans la rue, interrogeant les passants, les voisins, quiconque pouvait avoir vu quelque chose. Mais personne n’avait de réponse, personne n’avait vu El'. Le désespoir s’abattit sur elle comme un voile sombre. En dehors de deux ronds de lumière. Une paire de phares était rivée sur elle. Se rapprochant. Un crissement.   Hiiiiiiiiiiiiiii !   6 h 40

Chapitre 2 :
1: Retourner à la maison

de l'histoire
0: Sidonie & El' - 22 / 12
par Bat.Jacl
Déjà-Vu Boucle Temporelle Effet Papillon

Me retournant, un joli lac s'offre à ma vue. Il est alimenté par une petite cascade provenant d'une partie de la forêt plus élevée, sûrement là d'où je venais après ma folle chute. Le rideau d'eau semble cacher un recoin dans des rochers, comme s'il s'y trouvait une petite grotte. Le trop-plein du lac s'échappe de façon sinueuse dans un petit ruisseau qui se perd dans la végétation alentour.Formant un trou dans la canopée, le lac est dardé de rayons rouges en provenance de la lune sanglante, donnant une teinte violette aux vaguelettes d'eau formé par la cascade. En dehors de la petite clairière dans laquelle j'ai atterris après ma chute, tout le pourtour du lac est entouré d'une végétation plus ou moins dense, formé de fougères surmontés de hauts arbres. Mais au contraire de ceux qui semblaient s’accrocher à moi de manière farouche lors de ma course poursuite, voulant me lacérer ou m'écorcher, la végétation semble douce, arrondie et accueillante.Cependant, le plus marquant reste la chose qui émerge du centre du lac. Le buste, les bras et la tête d'une forme féminine vaguement humaine, dont le bas du corps reste invisible sous la couche d'eau. La forme semble présenter une couleur bleu laiteux, comme aquatique, même si elle tire sur le violet avec les rayons de lune. Et ces yeux, sans pupilles, d'un blanc éclatant. Qui restent immobiles à me regarder. Immobiles comme l'ensemble du corps. Comme s'il s'agissait d'une statue.Dans un silence pesant en dehors de la chute d'eau, je tente de prendre contact :-Bon... bonsoir ! Qui... qui êtes-vous ?Pas de réponse. La forme ne semble même pas bouger. Je regarde dans mon dos, dans la direction prise par la chose qu'était devenu Poucet. Pas de signe de vie. Revenant face au lac, rien ne semble avoir bougé. Sauf que la forme semble s'être avancée que quelques mètres dans ma direction. Une vive décharge se propage dans mon dos. Il ne faut pas rester ici ! Un bruit, par-dessus le clapotement de l’eau. C’est léger, difficile à définir. On dirait une douce musique lancinante, mais apaisante. Ce n’est pas menaçant, mais ne me rassure pas. Par réflexe, ayant totalement oublié Poucet et repensant à Herta et Michon, de préfère de m’éloigner de la mare. Le son n’est pas monotone. C’est bizarre. Comme s’il y avait un flux et un reflux. On dirait qu’il y a une voix qui sourdre. Comme une douce mélopée. Et tout à coup, je l’entends et la comprends clairement :-Viens avec moi !Je m’arrête, peu rassurée. Je regarde devant, à droite et à gauche, mais ne voit rien bouger.-Reviens !Je n’arrive pas à comprendre.-Viens !Je ne sais pas si la voix parvient à mes oreilles, ou si elle s’imprime directement dans ma tête.-Ne me laisse pas !La voix reste douce et vaporeuse. Mais elle n’est pas suppliante. Il semble juste y vibrer une certaine mélancolie ou tristesse. Le clapotement maintenant lointain de la cascade ne semble pas provenir du même plan que ces paroles. Je me retourne, comprenant que cela ne peut venir que de la femme aquatique. Elle est encore là.-Oui, reviens avec moi…Malgré la distance qui nous sépare maintenant, je vois sa fine silhouette au centre d’une forme plus ou moins circulaire délimitée par le feuillage de l’épaisse forêt alentour et de la terre meuble du chemin.-…ne reste pas là…Sa silhouette est sombre, dans le contre-jour de la faible clarté violacée des eaux du lac éclairée par les rayons de la lune rouge.-…la forêt est dangereuse…Mais je remarque qu’elle n’a pas bougée, stationnée au bord du lac, ayant seulement levé les deux bras, tendus dans ma direction.-Je t’en prie, petite jonquille !Rien ne semble menaçant, mais cette situation ne m’inspire pas confiance. Et il ne faut pas perdre de temps, la sorcière pouvant débarquer à tout moment. Je me tourne et commence à reprendre mon chemin.-Non, ne t’en vas pas !La voix semble devenir suppliante. Mais elle reste douce et apaisante. Je ralentis le pas et m’arrête. Je suis déroutée, je ne sais que faire. Je me retourne de nouveau. La fine silhouette est toujours là, plus petite avec la distance.-Reviens avec moi…Et si jamais… La sorcière. Et Herta et Michon. Ils vont s’inquiéter.-…reviens te protéger dans le lac.Confuse, je bredouille, tout doucement :-Mais… pourquoi ?-Tu seras en sécurité.La voix est douce et apaisante. Mais un courant glacé court le long de mon dos. Je remarque seulement que le son de sa voix lancinante n’a pas baissé alors que la distance nous éloigne et que je n’entends presque plus le clapotement de l’eau. Un nouveau bafouillement sort de ma bouche :-J’ai p…peur.-Il ne faut pas… Viens en sécurité avec moi… Petit nénuphar…-Mais… mes amis. Et la sorcière ?-Ne crains rien… La forêt est dangereuse… Reviens avec moi…La voix n’a pas changé, et est toujours aussi douce, vaporeuse et mélancolique. La trace de supplication a disparue. La mélodie est apaisante.-Mes… mes amis. Il faut que je les retrouve.Malgré la distance, j’ai l’impression que la silhouette ne bouge pas d’un pouce. Cette situation étrange me parait irréelle. Ce qui fait beaucoup trop depuis le début de la nuit.-Reviens avec moi… Tu les retrouveras…Je reste stupéfaite à ces paroles.-Reviens au lac…-Mes… mes amis y sont ?-Oui… ils vont venir… viens les retrouver… quitte cette forêt hantée…Je suis tiraillée. Comment auraient-ils pu venir au lac… Je fais quelques pas dans sa direction.-Viens te protéger…Ils vont venir, avait-elle dit. Cela veut donc dire qu’ils n’y étaient pas encore. Comment sait-elle qu’ils viendraient ici ? Je m’arrête, indécise.-Viens les rejoindre…Malgré mes indécisions, la voix est toujours calme et lancinante. Je remarque que, lors de mon échappée, des bouts de gâteau phosphorescent sont tombés et semblent indiqué le chemin du lac. Il fallait seulement espérer qu’ils trouvent mon temps de retour bien long et qu’ils se décident de suivre la piste. S'ils ne tombaient pas sur Poucet.-Viens rejoindre les autres…Je sursaute. Et bredouille :-Que… quels autres ?-Viens rejoindre le lac… tu y retrouveras tes amis…-Oui, mais les… les autres ?-Viens les rejoindre…Je recommence à avancer lentement dans la direction du lac.-Viens rejoindre ton grand-père…Je m’arrête. Et blêmis-Viens rejoindre tes parents…Je me retourne d’une traite, et prends mes jambes à mon cou. La voix est toujours aussi douce, apaisante, mélancolique. Mais sa puissance diminue petit à petit.-Non… Ne pars pas, reviens… Ne me laisse pas… Fais attention… La forêt est dangereuse… Prends garde à toi, petit iris…Avant de s’éteindre définitivement dans un long murmure :-Je t’aime… Prend garde… A la bête…  Je suis affolée. Je cours pour m’échapper de cet endroit anxiogène. La pénombre m'entoure de plus en plus, mais je ne fais pas attention. M'enfuir, vite.Pourquoi ?Pourquoi quoi ?Pourquoi m'enfuir ? Ou pourquoi m'arrive-t-il tout cela depuis le début de la nuit ?Ne te pose pas de question. Cours, petite Eden, cours. Fais attention aux buissons, reste sur le chemin.Où ça ? Il n'y a plus de chemin. Tout est noir.Ouvre les yeux, ne pleure pas. Regarde où tu vas, tu as manqué de tomber par terre !Qu'a-t-elle voulu dire ?Qui ça ?Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je suis perdue.Non, tu n'es pas perdue, fuis, petite Eden, fuis.Le lac. Le femme dénudée.Non, n'y penses plus.Pourquoi rejoindre Grand-Père, Père et Mère ?Regarde où tu cours, tu vas te perdre. Ne pense plus à ça. Regarde, tu as pris le mauvais chemin, il n'y a plus de bout de gâteaux devant toi, tu cours depuis tout à l'heure dans le noir. Reviens en arrière, retrouve le chemin.Mais si je reviens en arrière, je pourrais revenir vers le lac. Je pourrais avoir des réponses à mes questions. Pourquoi rejoindre Grand-Père, Père et Mère ?Tu le sais très bien. N'y penses pas. Cours rejoindre les autres.Quels autres ? Grand-Père ? Père ? Mère ? Tu le sais aussi bien que moi, ils sont morts.C'est pour ça, oublie ce que tu as entendu. Ne reste pas seule, retrouve Herta et Michon.Mais elle a dit qu'ils viendraient au lac. Peut-être y sont-ils déjà ?-Non !Je m'arrête brusquement. Qui a dit ça ? Je regarde autour de moi. Tout est sombre et immobile. Je frissonne. D'où est-ce que ça vient ?De toi, ma petite Eden. C'est toi qui vient de parler.C'est sûr ?-Oui.Et là ? J'ai l'impression d'avoir vu bouger quelque chose !-Tu es sûre ? Je n'ai rien entendu...Je deviens folle. Je me parle dans ma tête. Je me parle à voie haute, et je ne m'en rends pas compte. Je suis fatiguée. J'ai peur. Je veux rejoindre Herta et Michon au lac.-Non ! Ne fais pas ça, retrouve les tant qu'il est encore temps. Tiens, regarde, ça brille. Tu as retrouvé ta piste. Ne la perd pas maintenant.Je suis essoufflée, je suis terrorisée. Je pense que je suis plus près du lac que des autres.-N'y pense même pas.Pourquoi ? Pourquoi a-t-elle dit que je les retrouverais au lac, avec Grand-Père, Mère et Père ?-Prend à droite. Voilà, comme ça, c'est bien, n'ai pas peur.Je me mets à crier :-Mais j'ai peur. Je veux retrouver Herta et Michon !J'ai l'impression de percevoir un nouveau mouvement sur ma droite. Mais est-ce vrai ? Il n'y a eu aucun bruissement.Chut, ne crie pas, on ne sait jamais ce qui peut traîner dans cette forêt...Je chuchote d'une voix tremblotante :-Je veux retrouver Herta et Michon. Je veux retrouver Père et Mère.Pour les deux premiers, il n'est peut-être pas trop tard, -Cours les rejoindre.Que...qu'est-ce que tu veux dire par :  « il n'est peut-être pas trop tard » ? -Tu penses que... qu'ils sont morts ?Ah ton avis, pourquoi a-t-elle dit :  -  « ils vont venir » ? Elle a utilisé le futur, ce n'est peut-être pas trop tard !Je ne comprends pas.-Moi oui. Alors écoute moi. Continue ton chemin. Voilà. Presse un peu le pas. Cours rejoindre Herta et Michon. Et ne te pose pas de question.Je crois que je suis folle. Je ne sais pas. Je ne sais plus. -Tu es sûre que j'ai fait le bon choix ?Oui. -Je suis sûre, fais moi confiance. N'ai pas peur. -Et regarde où tu... La racine est épaisse et visible sous le peu de luminosité. Mais je suis trop concentrée intérieurement. La chute est brutale. Je tombe sur le ventre. Le capuchon amorti le choc, mais mes deux mains en avant s'écorchent sur quelques cailloux invisibles. L'épingle de mon capuchon imprime tout de même sa marque dans la chair de mes seins, et j'ai le goût de la terre en bouche.En relevant lentement la tête, je me rends compte que je suis seule, en pleine nuit au milieu d'une forêt inconnue tellement dense qu'elle laisse à peine transpercer quelques rayons d'une lune rougeâtre. Tout semble immobile, comme mort. J'ai l'impression d'à peine distinguer quelques longues branches fines dénudées et tombantes.A moins que cela ne soit d'énormes doigts squelettiques.-Ne recommence pas !Chut ! J'ai l'impression que ça a encore bougé. Je me remets debout, et reprend ma course. Je tente tant bien que mal de faire taire ces voix dans ma tête. La piste est facile à suivre. Un frisson parcours mon échine. Encore un mouvement dans les buissons. Suivis d'un hurlement inhumain.

Chapitre 8 :
L'eau de là

de l'histoire
Lune sanglante
par Wargen
Fantasy Chaperon Rouge Conte

-Madame Ben Greisset, savez-vous pourquoi je vous ai convoquée ?   La directrice d'école regardait la maman assise devant elle. Cette dernière semblait nerveuse, les yeux baissés, et tripotait un paquet de cigarette. Elle voulut en prendre une et se ravisa au « Tt tt » de la directrice d'école.   -J'imagine que c'est encore à cause de Leto.   La directrice d'école la fixait de ces yeux inquisiteurs, et approuva d'un « hum » grave qui laissait sous-tendre une pointe d'exaspération.   -Et... qu'est-ce qu'il a fait, cette fois ?   Son interlocutrice laissa passer quelques secondes pendant lesquelles seul le bruit de l'horloge mécanique résonna.   -Rien.   La mère leva les yeux, soulagé mais circonspecte.   -Rien, mais il ne me semble pas déraisonnable de dire qu'il a été à l'origine de tout ce qui s'est passé aujourd'hui.   -C'est à dire ?   La directrice inspira un grand coup, et fit le décompte sur ces doigts :   -J'ai quatre enfants à l’hôpital, deux qui ont reçus du sable et un bout de bois dans un œil, une qui s'est cognée la tête par terre et a perdu connaissance après s'être fait percuter violemment, et son agresseur qui s'est fait rouer de coups de pied par une bande de dix CM2 enragés. J'ai cinq de ces dix CM2 qui ont du se faire soigner à l'infirmerie de l'école à cause de jets de cailloux. Le tireur était très doué. On a assisté à une bataille rangé de jets de billes et de calots, qui s'est heureusement terminé par seulement trois gamins et un instituteur à l'infirmerie et cinq impacts sur deux vitres. Une de mes institutrice a failli s'étouffer en avalant sa cigarette alors qu'elle cherchait à séparer deux de ces élèves qui se crêpaient le chignon en hurlant comme des poissonnières. Ce qui a d'ailleurs occasionné la venue de la police car un passant dans la rue à cru à une agression. Enfin, cru... c'en était une, mais pas comme il le pensait. Et pour couronner le tout, j'ai un gamin qui s'est enfuit pour échapper au reste de la bande de CM2 qui le poursuivait, et que l'on ne retrouve plus. Et je ne vous liste là que le plus grave, je passe sous silence les petits bobos et égratignures, les échanges verbaux normalement non tolérés ici et les pleurs en tout genre qui ont fait perdre une demi après-midi de classe à l'ensemble de l'école.   -Et... c'est grave, tout ça ?   -Au mieux, je risque ma place. Au pire, je finis en prison.   D'une main tremblante, la maman ouvrit le paquet de cigarette. La main précise et rapide de la directrice de l'école plongea dans le paquet pour un piquer une, qu'elle s'alluma avec un briquet apparu comme par magie. Elle alluma la cigarette de Mme Ben Greisset et les deux femmes aspirèrent un grand coup dans le silence.   -Et Leto, dans tout ça ?   La directrice la regarda d'un air insondable :   -Je vous rassure, il n'a rien. Il est resté paisible, petit enfant sage et innocent, assis dans son bac à sable, pendant tout ce déchaînement de violence. Il ne lui est rien arrivé. Tout bougeait, hurlait, sautait, lançait, s'agitait autour de lui, et il restait là à se délecter en silence de tout ce spectacle.   Les larmes montaient aux yeux de la maman :   -Mais... il y a un mais ?   La directrice tira un coup sur sa cigarette, et souffla la fumée par le nez :   -Vous savez très bien qu'il est à l'origine de tout ça.   La mère se mis à sangloter doucement :   -Je... je sais bien ! Mais... » sa voix se brisa, tandis que les sanglots coulaient maintenant à flots « ...je n'y arrive pas. Je n'y arrive pas avec ce... gamin.   -Je... » la directrice semblait mal à l'aise devant la tournure de la situation.   -Sa grande sœur, elle, elle est très bien, très serviable, très gentille. Son petit frère aussi. Il est poli, il est calme. Alors que lui... il a... il a quelque chose qui ne va pas. Je ne sais pas si c'est dans sa tête. Vous savez ? Comme si... vous savez... non, vous ne savez pas. Comme s'il était... il n'était pas... casher ? Comme s'il était trief ?   -Je...   La mère semblait maintenant lancée, les coudes sur la table et la tête dans ses mains :   -Avec sa petit bouille d'ange, on lui pardonnerait tout. Et il nous sourit, et on oublie tout. Il nous parle, il nous dit plein de chose, des choses belles. On a envie de lui faire des câlins. Puis il dit des choses moins belles. On le gronde, mais il fait sa petite bouille triste et on a peur d'avoir dit quelque chose qu'il ne fallait pas. Alors on redevient gentil. Et il en profite. Il dit d'autres choses. Et il nous fait croire des choses. Et on a envie d'y croire. Et... Et... Je... je ne sais pas. Je ne sais plus ce qu'il faut faire. Plus ce qu'il faut dire. Je ne sais pas quoi faire avec ce gamin...   Le flot s'étant interrompu, la directrice tenta de reprendre le contact :   -Et... monsieur ?   La mère releva la tête, les yeux rouges mais avec un air vindicatif. Elle cracha :   -Monsieur ! Qu'est ce que vous voulez que je fasse de son père ! Il n'est jamais là. Toujours en déplacement. Un coup à Israël, un coup aux États-Unis, puis en Russie. Il ne rentre que pour dire Shalom, me rappeler qu'il est mon mari, ce qu'il doit d'ailleurs faire ailleurs avec d'autres femmes qui ne sont pas sa femme, si vous voulez mon avis, avant de redécoller pour les « affaires ». C'est à peine s'il connaît ses enfants. Alors les éduquer ? Ce serait... ce serait...   Ne trouvant pas les mots, elle ralluma sa cigarette et inspira une bouffée, la tête ailleurs. La directrice hasarda :   -Madame Ben Greisset, et si jamais...   Elle laissa la phrase en suspens, espérant par là capter l'attention de son interlocutrice. Ce qui fonctionna :   -Oui, madame Corrino?   Madame Corrino termina sa cigarette, écrasa le mégot sur sa semelle et le lança dans sa poubelle.   -J'ai entendu parler d'un institut privé élitiste avec une formation scolaire très fortement axée sur les arts.   Madame Ben Greisset renifla :   -C'est bien, et alors ?   -C'est assez cher, pour ne pas dire très cher, mais je ne pense pas que ce soit un problème pour vous.   -Je ne vois toujours pas où vous voulez en venir.   -Leto est ce qu'il est. Mais il déborde, pour son âge, d'une pulsion créatrice immense. S'il a réussit à déclencher tout ce qui s'est passé aujourd'hui à l'école, c'est qu'il a un don pour créer des histoire, et entraîner les gens avec lui. Madame Ben Greisset, votre fils pourrait devenir un écrivain très talentueux s'il arrivait à conserver cette faculté de création, et à se canaliser. Et je pense que cet institut pourrait lui apporter cela.   -Vous pensez que ça pourrait le canaliser ?   -Oui, je le pense. Et sachez que l'institut se trouve très loin de la capitale.   Madame Ben Greisset lui lança un regard interrogateur.   -Et qu'ils s'occupent de tout là-bas pour les élèves. Nourris, logés, blanchis. Vous n'aurez plus à vous soucier de rien, vous récupérez vote fils pour les vacances scolaires, et vous soufflez entre temps.   Le regard interrogateur changea pour un regard intéressé.   -Et Leto peut intégrer l'institut dès à présent, vous n'êtes pas obligés d'attendre la fin de l'année scolaire.   Le regard intéressé devint convaincu, et un sourire apparut sur le visage de Madame Ben Greisset.

Chapitre 3 :
Convocation

de l'histoire
Que la bataille commence
par Wargen

Quelques secondes s'écoulent, chacun immobiles, le temps que mes paupières retombent légèrement et que ma mâchoire reprenne sa position normale. Je bafouille : - Qui... Qui êtes-vous ? Le petit homme au centre fait deux pas en avant, rompant l'alignement. - Nous sommes des nains. Les sept nains. Moi, c'est Prof, pour vous servir. Il accompagne sa voix doctorale d'un salut d’une pirouette en avant. - Et voici Grincheux. Il indique le nain directement à sa gauche, qui s'avance à sa hauteur, exécute un petit salut accompagné d'un « b'jour » de sa voix grincheuse. Prof reprend, montrant le nain directement à sa droite : - Atchoum. Celui-ci s'avance à son tour : - Sal...saa...saaaaatcha ! Un filet de morve vient se coller à son manteau. Prof indique le nain à gauche de Grincheux : - Joyeux. Le nain s'avance, un grand sourire aux lèvres, et dit, d'une voix aiguë et joyeuse : - Bonjour, belle demoiselle ! Prof reprend, le doigt pointé sur le nain à droite d'Atchoum : - Dormeur. Celui-ci ne bouge pas. Il semble somnoler. Atchoum lui donne un coup de coude, ce qui le fait sursauter et s'avancer. Il baille un grand « Bonjour », puis ses paupières semblent retomber lentement. - Et voici Timide ! dit Prof en indiquant le nain le plus à gauche. Le nain s'avance en rougissant et tremblant. - Bon...Bon...Bon... - On va pas y passer quinze ans ! grommelle Grincheux. -...bonjour ! arrive enfin à bredouiller Timide. - Et le dernier, là-bas, c'est Simplet. Celui-ci s'avance en sautillant, se mettant un pas devant la nouvelle ligne. - C'est moi ! s’exclame-t-il d'une voix simplette.   Le temps de tout digérer, je reprends la parole : -Mais... qui... qui êtes-vous ? Prof penche la tête sur un côté, un léger sourire au coin des lèvres : -Je crois que vous vous répétez, jeune demoiselle. A moins que vous ne vouliez savoir ce que nous sommes, ou plutôt faisons, ici, présentement, dans ce château. -Oui... oui... c'est ce que je voulais dire. -Je vais vous le dire, jeune demoiselle. Mais sachez néanmoins que la bienséance voudrait que vous vous présentiez également. Je rougis instantanément, reprenant la parole d'une voix peu assurée : -Je m'appelle Eden, et je viens de Thiercelieux. Et voici... Me tournant en direction du chaperon rouge à ma droite, je me rends soudain compte qu'ils ne peuvent la voir. Je rattrape le coup en me tournant vers le corps d'Herta, dans mon dos : -...Herta, qui vient du même village que moi. Puis, indiquant le crapaud qui s'est reperché sur mon épaule sans que je ne m'en rende compte : -Et, voici... -On sait qui c'est ! me coupe un nain que je n'arrive pas à identifier. -Et donc... -Et donc, qui sommes-nous ? me coupe Prof. « Une bande de nain. Une vieille bande de nain. Et que faisons-nous ici ? Nous sommes les serviteurs... » -Les larbins ! Encore un nain que je ne peux identifier. -... du maitre... -Ex-maitre ! Encore une interruption d'origine inconnue qui fait s'agiter le crapaud sur mon épaule. Prof, qui semble s'écouter parler, n'a pas entendu et continue son monologue. -...et l'assistons dans des tâches domestiques diverses et variées. En échange, nous bénéficions d'une protection... -Et maint'nant ? Encore une voix sur laquelle je ne peux mettre de nom. -..., du droit d'aller et venir dans le château... -Des prisonniers ! -..., du logement, du couvert... -Si on s'cuisine not’ bouffe ! -...et d'utiliser dans des pièces attitrées des matériaux spécifiques que nous procure le maître... -Pourriture ! Le crapaud gesticule. -...pour nos expériences. Car, voyez-vous, jeune demoiselle, au-delà de notre état de nain, nous possédons un grand nombre de compétences. -On est exploités ! -Nous sommes géologues, chimistes, biologistes, d'autres choses, mais avant et par-dessus tout, inventeurs. -De génie ! -Et, pour la petite histoire, c'est lors d'une exploration souterraine que le Maître nous a sauvé d'une situation malencontr... Cette fois-ci, Grincheux s’avance au droit de Prof : -Chef, si vous vous lancez dans toute l'histoire, on va y passer deux plombes, et on n’pourra plus sauver Herta ! Prof se tourne vers son interlocuteur : -Tu as raison, Grinch'. Enfin quelqu'un pour l'arrêter ! Tais-toi, toi ! Puis, revenant dans ma direction, il reprend : -Voyez-vous, jeune demoiselle, une de nos belles inventions pourrait servir dans le cas présent. Nous avons bâti un sarcophage en verre amélioré, que nous espérons thanatonique. Il permet de conserver la chair de toute décomposition et pourrait, si cela fonctionne, réparer les tissus organiques, les fractures et déformations osseuses et, nous l'espérons, même si nous n'avons pas encore eu l'occasion de le tester jusqu'à présent, les lésions nerveuses et les synapses. Je vois, à vos grands yeux, que vous ne comprenez goutte à mes paroles. Pour faire plus clair, nous pensons avoir créé un sarcophage permettant de faire revenir les morts à la vie. Et nous pensons qu'il est intéressant de l'inaugurer ici. Mais il faut aller vite avant que les nécroses s'installent. Cependant, nous avons besoin de votre accord préalable...     -Croâââ ! croasse le crapaud. Avec tout ce qu'elle t'a fait ! Laisse-la crever ! Tais-toi, toi. Elle peut toujours nous servir, non ? -Je ne sais qu'en penser. Le chaperon rouge me sort de mon dialogue intérieur. -Qu'auriez-vous à y perdre ? me sourit Prof. -Je... -Il va peut-être falloir se décider, ma belle. » Le chaperon rouge. -Sinon, il faudra que vous nous débarrassiez du corps... » Le sourire de Prof a un je ne sais quoi que ne me plaît guère. Je prends une grande inspiration, et expire longuement en décidant du sort d'Herta. -C'est bon, allez-y, mettez là dans votre sarcophage tatamonique. -Thanatonique. Vous avez fait le bon choix, jeune demoiselle !   Comme si ma parole était divine, elle crée le mouvement là où il n'y avait qu'immobilité : un flot de nains, de sept nains en l'occurrence, se précipite sur le corps inerte d'Herta dans un déchaînement frénétique, me frôlant et poussant sauvagement. Reprenant doucement mes esprits, le temps que le corps d'Herta disparaisse petit à petit sous un amoncellement de manteaux jaunes et bonnets en tissus bleus, je lâche : -Mais... mais que faites-vous ? Le corps d'Herta est maintenant invisible à mes yeux sous cette masse d'habits mouvants. La voix doctorale de Prof émerge du tas : -Il faut que nous soyons sûr de la fraîcheur du corps pour savoir si nous pouvons le reprendre. Notre invention semble assez exigeante, et nous sommes perfectionnistes. Nous voulons réussir notre essai. Le tas jaune et bleu devant mes yeux bouge, tremble, se meut comme s’il ne faisait maintenant plus qu’un organisme vivant unique. Cela semble trop déroutant à mes yeux : -Vous… vous êtes sûr ? La voix grinçante de Grincheux : -Ouai qu’on est sûr ! D’ailleurs, Dormeur, r’ga’de bien à l’entrejambe ! Mes yeux s’écarquillent. -A l’entrejambe ? » Le chaperon rouge me fait sursauter. « Bizarre, ça ! » Pensant la même chose qu’elle, je m’approche du tas gesticulant. Les bonnets bleus se dandinent devant mes yeux, tandis que je tente de me pencher au-dessus. Sans succès. Contournant le tas, je me dirige vers là où il me semblait que se trouvaient les jambes d’Herta. Qui dépassent en effet de part et d’autre d’un nain situé devant l’entrejambe du corps inerte. Son manteau jaune est ouvert, laissant paraître une énorme masse oblongue beige parsemée de ridules violacée au cheminement erratique, et surplombée d’une sorte de large chapeau de chair rouge sang accompagné d’une fente au sommet. Un sexe. Un sexe monstrueusement grand et difforme compte tenu de la taille de son possesseur. Un sexe qu’il abaisse pour tenter de l’enfourner dans celui ouvert du corps inerte d’Herta. Cette vision d’horreur me fait hurler tandis que je pousse le nain en arrière. Celui-ci, tombé à la renverse sur le cul, me regarde d’un air hébété, tandis que son engin perd doucement de sa superbe. J’entends des frôlements d’habit derrière moi et, me tournant, vois un nain enlevant rapidement sa main du mamelon droit d’Herta, tandis qu’un autre, en face, semblant dans son monde, continue de pétrir violemment l’autre sein. Ma main part en direction de son visage, le faisant reconnecter à la réalité, mais j’ai quand même eu le temps d’apercevoir, dans mon mouvement, un nain du côté de la tête qui referme la bouche d’Herta. Et tente de dissimuler maladroitement son sexe en érection sous son manteau jaune. Je ne peux me retenir, et hurle : -MAIS QU’EST-CE QU’IL SE PASSE ICI ?!? Un nain tenant la main gauche d’Herta posée sur son ventre, que je reconnais comme étant Prof de par sa voix doctorale, bredouille : -Nous… nous… nous devons l’ausculter, pour voir… -RIEN DU TOUT ! PAS D’AUSCULTATION, BANDE DE PERVERS ! VOUS SAVEZ AUSSI BIEN QUE MOI QU’ELLE EST COMME CA DEPUIS PEU ! AMENEZ LA A VOTRE FICHU SARCOPHAGE ! Les nains s’écartent en bougonnant du corps d’Herta en grande partie défroqué. Prof se lamente : -Il fallait nous assurer… Et en plus, cela fait longtemps que nous sommes aux services du maitre. Et nous n’avons jamais eu le droit de… Voyant qu’il s’interrompt, une voix émerge du tas de nain : -Ouai, ça fait longtemps qu’on n’a pas tiré not’ coup ! Un autre : -Y a personne qui n’vient jamais par ici ! Un troisième : -Franchement, c’est dur, même pour moi ! Prof, ayant repris ces esprits, se tourne vers moi, un petit sourire aux lèvres : -Mademoiselle, étant donné le service que nous proposons, il est bien normal de réclamer un dû. Rien n’est gratuit en ce bas monde, et l’utilisation de notre technologie doit faire l’objet d’un paiement, qu’il soit en espèces sonnantes et trébuchantes ou en nature. Herta peut bien payer de sa personne, si cela doit la sauver. De plus, dans son état, notez bien qu’elle ne devrait rien sentir. Ses yeux plissés grand ouverts me scrutent attentivement, devenant légèrement libidineux : -D’ailleurs, je trouve que le prix que nous vous accordons est très généreux. Je suis d’avis qu’il faille que vous donniez un peu du vôtre, ma jeune amie. Parce que bon, quand même, c’est plus intéressant quand ça bouge et qu’il y a du répondant.     Je le regarde, éberluée. Une voix fuse de derrière : -C’est bin vrai, ça ! Je fais un pas en arrière. Les nains, qui se sont reformés en ligne devant moi, avancent d’un pas, Prof au centre : -Franchement, jeune demoiselle, qu’auriez-vous à y perdre… Je fais deux pas en arrière, tandis que les nains en font autant en avant, les extrémités de la ligne se refermant plus vite pour former un arc de cercle. Grincheux : -Ouai, j’suis sûr qu’tu vas prendre ton pied, cocotte ! Je sens la présence rassurante du crapaud sur mon épaule. Trois pas chacun dans la même direction. Le chaperon rouge : -Eden, je ne le sens pas trop, là. Je suis d’accord avec elle. Moi aussi. D’un même bond, les nains s’élancent dans ma direction. Je pivote et me mets à courir vers la balustrade. Je renverse une caisse de vêtements par terre et entends des jurons et des bruits de chute. -Prends à droite ! me crie le Chaperon rouge. Dans la précipitation, je tourne à gauche. Le couloir continue sur quelques mètres, avant de se terminer sur de profondes et larges marches d’escalier qui s’enroulent doucement en montant autour de la tour principale du château. Le mur plein venant remplacer le balcon obscurcit l’entrée de l’escalier, mais des meurtrières laissent tout de même passer des raies rouges en provenance de la lune. J’hésite quelques secondes, mais la voix impérieuse de Prof me pousse en avant : -Dormeur, Simplet, Timide, Atchoum…. Non, pas Atchoum, Joyeux ! Vous prenez Herta et l’installez dans le sarcophage. Je prends l’escalier extérieur… J’entends une voix grinçante se lamenter que c’est pile celui que je viens de prendre. -Grincheux, ne discute pas ! Prend l’escalier intérieur, tu iras plus vite ! Atchoum, prend le passage secret ! Les autres, une fois…. Ses paroles se perdent tandis que je continue mon ascension. La tour doit être grande, l’escalier tournant très lentement autour. J’atteins l’étage du dessus, qui présente le même couloir balcon que celui que je viens de quitter. Un coup d’œil à gauche, je devine une porte donnant sur l’intérieur de la tour. Je continue tout droit et enchaine le nouvel escalier qui monte vers l’étage supérieur. Dans mon dos, j’entends le souffle ahanant de Prof qui semble avoir du mal à grimper rapidement ces marches trop profondes pour son petit corps difforme. Un nouveau palier avec un couloir balustrade, une nouvelle pièce sombre à gauche, un nouvel escalier montant en face. Je décide de m’arrêter ici et d’explorer la sombre pièce à gauche. -Fais attention, essaye de ne pas faire de bruit ! me glisse le Chaperon rouge. Je susurre un « oui ». -Croâââ ? Je sursaute et, dans le même mouvement que le Chaperon rouge, pose mon index sur ma bouche, accompagné d’un léger « Chut ! » pour intimer le silence au crapaud. En tâtonnant dans le noir, je pose la main sur une étagère avec de petits outils métalliques, une table centrale en partie couverte d’une substance poudreuse, un large rebord en pierres massives semblant former un demi-cercle. Un four. Une cuisine. J’ai l’impression, oui. Chut ! Je m’immobilise soudain, entendant des geignements essoufflés venant de l’extérieur. -Mais où est-ce… qu’elle est allé,… cette petite peste ? Prof ! -Elle a due… encore monter… Plus que quatre… étages et elle… est coincée ! Je vois sa forme éclairée par les rayons de lune rouge traverser mon champ de vision à travers le pas de la porte. -A moi son vagin… humide ! Il disparait de ma vue, et je l’entends attaquer l’ascension du prochain étage en soufflant. Laissant passer quelques secondes, ou quelques minutes, je ne saurais dire dans cette obscurité incertaine, je continue l’inspection hasardeuse de la pièce. Des étagères avec des ingrédients, des jarres contenant des liquides, des ustensiles de cuisine et de ménage accrochés à des patères. Mon auriculaire gauche se coupe sur un objet tranchant. -Aïe ! -CHUT ! me hurle le Chaperon rouge. -Je me suis faite mal ! me plains-je dans un souffle léger. Je tâtonne dans la direction de l’objet en question, et vois qu’il s’agit d’un couteau pointu et tranchant. Sans réfléchir, je le prends, et le glisse à ma ceinture, sous ma cape dont la couleur rouge est totalement aspirée dans cette obscurité. -Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? demande-je au chaperon rouge. -Je ne sais… -Croâââ ? Le faible croassement s’amplifie et résonne dans la cuisine. -Mais elle va la fermer cette sale bête ! La virulence du ton du Chaperon rouge me fait sursauter. Je reprends en susurrant à l’attention du crapaud : -Ce n’est pas à toi que je parle, gentil petit crapaud, mais à quelqu’un que tu ne peux voir ni entendre. Alors, quand je parle, ne réagit pas. Une main me tape le postérieur, accompagné d’une voix grinçante : -J’aime quand tu susurres comme ça, salope ! Grincheux ! Je donne un coup de pied en arrière et entends un gémissement qui indique que j’ai fait mouche. Je me précipite vers la porte, la traverse, atteint la moitié du chemin vers le balcon avant de me prendre les pieds dans ma cape et de tomber à la renverse.     Reprenant mes esprits, je me tourne en direction de la porte, et vois Grincheux s’avancer dans ma direction, un sourire carnassier aux lèvres, son énorme sexe sortit et dressé dans ma direction. -Relève toi, viiite ! me conjure le Chaperon rouge. Pétrifiée, je n'arrive pas à bouger. Mon cerveau est bloqué. Le satyre, devant moi, avance lentement, d'une démarche triomphante. Il semble avoir compris l'emprise qu'il a sur moi, ce qui décuple son envie et sa verge. Alors que le bout rouge et visqueux s'approche de mon visage, je trouve enfin le moyen de crier de terreur. Un hurlement suraigu qui se répercute dans tout le château et la lande alentour. Le nain sursaute légèrement, son sexe ripant sur mon menton. Je ferme les yeux, des larmes commençant à ruisseler tout doucement le long de mes joues. J’entends le chaperon rouge me supplier : -Eden ! fais quelque chose ! Bouge ! Bas-toi ! Je sens l'objet de chair se frotter contre ma joue. Grincheux rigole d'une voix démentielle. Je me mets à sangloter. Le rire du nain est maintenant total. Je sens son bout chaud qui se glisse entre ma joue et la capuchon, en direction de mon oreille. Il exulte. Son ton est celui de la jouissance complète. Jouissance... qui change subitement de registre. Pour aller vers la surprise. Et l'horreur. Je rouvre les yeux pour voir le crapaud accroché au visage du nain. Une sorte de nuage de gaz et de bulles semble suinter du corps de l'amphibien. Il saute dans le cou du nain, laissant apparaître un visage sanguinolent parcheminé de cloques. Grincheux s'effondre à genoux, portant ses deux mains à son visage, poussant un râle de douleur. Son sexe pend mollement entre ses jambes, ayant perdu les neuf-dixième de son ancien volume. Il hurle de douleur. « J'brûle ! J'fonds! Au s'cour ! » Le crapaud rampe jusqu'en bas du dos du nain, laissant apparaître l'os des vertèbres, la chair en train de fondre et un bout de manteau en train de fumer. Le nain menace de tomber en avant. J'ai à peine le temps de me reculer qu'il s'effondre à plat ventre devant moi. Il est pris de spasmes, son sphincter évacuant l'ensemble de ses intestins par le trou anal agrandis par l'action brûlante des miasmes sortant de la peau du crapaud. Un dernier spasme, un dernier vomissement, et Grincheux ne bouge plus. Un liquide blanc coule lentement de son entrejambe.   Un certain temps passe. Je suis perdue. -J'ai cru entendre des voix dans l'escalier extérieur, il ne faut pas rester là ! Le chaperon rouge ! Je me relève, tant bien que mal. Évitant le corps fumant du nain et les fluides qui en sont sortis, je me dirige, titubante, vers la cuisine. Je m'appuie contre la table. Je suis prise de vertiges. Je sens une pression mal assurée sur mon épaule. Le crapaud vient de s'y renicher pataudement. -Je te remercie, gentil petit crapaud. -Croâââ... Son croassement est faible. Comme s'il avait perdu de sa vitalité. Le chaperon rouge me fait remarquer qu'il semble un peu épuisé. -Tu es fatigué ? -Croââ. -Vidé ? -Croâ. Je me tourne vers le chaperon rouge. -Tu as rais... Elle fait un geste m'intimant de me taire. Des voix se rapprochent de l'extérieur et l'intérieur. Je m’inquiète : -Ils arrivent. Ils sont au moins trois. Qu'est-ce qu'on... Le chaperon rouge met son doigt devant sa bouche. -Chut ! J'écoute ce que Timmy et Mary me disent. -Timmy et Mary ? -La tasse et la théière. La tête me tourne. -Ils disent qu'il y a un passage secret. Viens par ici. Je m'oriente à la voix du chaperon rouge. Celle de Prof se fait entendre, de l'autre côté : -Simplet ! Où sont les autres ? Je rejoins le chaperon rouge. -Moi, je suis là ! Elle me demande d'appuyer sur deux pierres sur le côté de la cheminée -Et les autres ? Un léger vrombissement sourd se fait entendre. -Dormeur s'est endormi, Joyeux a rejoint l'escalier intérieur et Atchoum le passage secret. Et moi, je suis là ! Le mur devant moi semble pivoter, m’entraînant doucement. -Par la Sainte Pioche ! Regarde l'état de Grinch’ ! Je suis le sol sous mes pieds qui tourne avec le mur. -Moi, j'aimerais pas êt'e comme lui ! -Ça veut dire que la petite chatte est dans la cuis... Le mur se referme après un demi-tour complet, coupant net les sons. Nous nous trouvons dans le noir et le silence absolu. Les mains en avant, je touche une colonne en pierre quelques dizaines de centimètre à peine devant moi. La main gauche sur la colonne, la droite sur le mur, j’avance prudemment. Pied droit. Le mur, à droite, semble s’incurver. Pied gauche. Il s’incurve maintenant très vite. Pied…vide ! Sur quelques centimètres. Une marche ? Un escalier en colimaçon. Une autre marche. Je chuchote, à l’attention du Chaperon rouge : -Tu es là ? Elle me répond, dans un souffle : -Oui, derrière toi. -Tu me vois ? -Oui, pourquoi ? Tu ne me vois pas ? -Vu le noir complet, je ne vois rien. -Ah… -Tu sais, tu n’es pas obligée de chuchoter, toi. -Ah oui, c’est vrai ! me répond-elle. Je devine son sourire au ton employé. -Comment est-ce que ça se fait que tu y vo… Un vrombissement sourd me coupe le sifflet.     Le chaperon rouge me fait sursauter : -On n’est pas seul. Deux voix semblent venir de plus bas, ricochant sur les parois de l’escalier. -Avec ça, on y verra mieux ! -Bonne idée, Atchoum ! J’avais trop peur, moi, dans l’noir ! -Je pars en éclaireuse ! » Ne la voyant pas, j’imagine que le chaperon rouge commence à descendre. -J’espère qu’on s’ra les premiers sur elle, j’aime pas quand quelqu’un est passé avant moi. -Franchement, y a mieux à faire avec Herta. -Tu trouves ? -J'aime bien quand on peut s'accrocher un peu. L'aut', c'est une crevette. -ILS ONT UNE TORCHE ! Le hurlement du chaperon rouge me fait sursauter. -Moi, j'aime bien sa... -Oh ! La flamme a vibré ! Fait gaffe, que ça s’éteigne pas. -J’ai senti comme truc froid sur mon corps. -JE PEUX PASSER A TRAVERS EUX ! CA A L’AIR DE FAIRE COMME UN COURANT D’AIR ! JE REESSAYE ! -Brrr… Froid. -Oui, ça…ça… çAAATCHA ! -MERDE, la torche ! -Putain, on n’voit pus rien ! -J’ai peur ! -T’inquiète, Timide ! Fait comme moi, prend appui des deux côtés, et monte petit à petit. C’est trop étroit, rien n’pourra nous passer à travers. -ILS MONTENT, JE LES SUIS. -T’as raison, c’est facile, en fait. Une marche. Et encore une. Je ferme les yeux, c’est plus… aïe ! -Fais gaffe à mes fesses ! Tu va trop vite, prend ton temps. -J’ai butté contre une marche. -J'ai senti ! Mais moi, c’est contre ses fesses que j’aimerais bien butter. -SOIS PRETE A DONNER UN BON COUP DE PIED EN AVANT QUAND JE TE LE DIT ! -Contre les fesses de qui ? Eden ou Herta ? -Les premières que je trouve. Celles d’Eden, alors. -Contre ses fesses, mais dans son vagin, ou dans son cul ? -Dans les deux, mon gars ! Un coup d’un côté, un coup de l’autre, ça s’en va et ça…ça…çAAAATCHA ! Sniiirfl ! -ILS DEVRAIENT BIENTOT ARRIVER ! La tension monte soudainement en moi. Je m’assieds sur une marche, le dos calé contre la marche derrière, les jambes repliées vers moi. -Pfuuh, c’est rude quand même, cette montée. -Pense a... pfuuuh… pense avec ta bite. -Ouai, t’as raison, Atchoum ! -Oh ! -Quoi ? Je sens une forme grassouillette venir appuyer sur la plante de mes pieds. -VAS-Y, DONNE TOUT ! En réponse, je détends mes jambes le plus violemment possible. -Ahhh ! -Aaaaaaaahh ! -Attention, tu m'renver... -Aïe ! -Ouille ! -Putain, ça fait... Dans le noir, j'entends deux masses qui tombent et culbuttent. -Aïe... Ouille... Aïe... -Je... Aïe... Je Craac Bizarre, comme bruit, comme un os qui craque. -J'me suis arrê... La voix de Timide s'interrompt comme elle a débuté, dans un bruit de percussion de corps et de craquement d'os. -Atchoum, ...bouge toi d'là, ...tu m'a transperçé... l'bide. Je me vide ! C'est... dégueu... lasse. T'es... trop... lourd... j'arr... Plus rien. C'est horrible, cette obscurité. -JE CROIS QU'ILS ONT EU LEUR COMPTE ! Le chaperon rouge me fait encore sursauter. -ATCHOUM A LA NUQUE BRISEE, ET SON COUDE A TRANSPERCE LE VENTRE ET LE COEUR DE TIMIDE. C'EST PAS BEAU A VOIR. J'ai pas envie de voir. Moi non plus. -REJOINS MOI EN BAS ! -J'ARRIVE ! Main gauche contre la colonne, mains droite contre le mur, je débute la descente. Dans cette obscurité oppressante, je perds vite le décompte des marches. -Fais attention aux corps devant toi. Mon pied droit butte dans une masse invisible. -A priori, d'après Timmy, il y aurait une sortie du passage secret dans le coin.

Chapitre 14 :
Nains, faux, maniaques

de l'histoire
Lune sanglante
par Wargen
Lune Chaperon Rouge Conte

✍️ Participation à la vie du site :
🌿 Quand les jours rallongent en 2025 🌞

R.Th est en tête de la course avec un impressionnant total de 2689 🌳 !



Laurent est à ses trousses avec 1161 🌳 !



Shadowlight fait une belle performance avec 136 🌳. Continue comme ça !



_Aniro_ et ses 130 🌳 se battent pour une place sur le podium.



AudreyLys atteint un score honorable de 75 🌳.


La légende raconte que les "🌳" sont des points TRB, précieux comme des carats pour un diamant sur The Root Book. Curieux de savoir comment en gagner ?
Découvrez les secrets dans les règles du jeu situées en bas de cette page.
Ton total de points TRB est visible sur ton profil, où tu peux également les utiliser pour débloquer des avantages exclusifs tels que des liens vers ton site web, tes livres ou tes réseaux sociaux.

Si tu veux découvrir les anciens classements.





Les auteur·ice·s en vogue

Ceux et celles à la limite du flood



Bat.Jacl

a publié 99 chapitres.


R.Th

a publié 63 chapitres.


Wargen

a publié 63 chapitres.

Les commentateur·euse·s



Bat.Jacl

a écrit un total de 554 commentaires.


Lyn

a écrit un total de 222 commentaires.


Laurent

a écrit un total de 139 commentaires.

Les semeur·euse·s de graines



Les chapitres de

Bat.Jacl

ont engendré 77 suites.


Les chapitres de

Wargen

ont engendré 63 suites.


Les chapitres de

R.Th

ont engendré 49 suites.

Inscris-toi pour rejoindre l'aventure !

Écris tes propres suites, ou vote pour tes préférences.

S'inscrire




Des valeurs qui te parlent ?
Passionné·e d'écriture collaborative ?

Tu peux nous aider à partir d'un seul euro !

Copyright © The Root Book 2025