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Enfin je m’asseyais au milieu des cartons dans le salon et je regardais par la fenêtre avec un sentiment de bonheur intense : enfin j’avais réussi à acheter cette petite maison au bord de la falaise dans laquelle je venais en vacances depuis mon adolescence et que je m’étais promis de posséder. Il n'y avait plus de retour en arrière possible : mon appartement était enfin vendu et j'avais fait mes adieux à mon ancienne vie.
J’avais toujours éprouvé cette « fascination » et ce sentiment d’étrange apaisement et d’angoisse quand je séjournais ici. Comme si j’étais aimantée au paysage : en contre bas sur la plage je voyais le mouvement incessant des vagues jouer avec les coquillages, comme si ceux-ci pourraient un jour leur échapper. Au loin dans la brume légère qui annonçait la tombée de la nuit, quelques bateaux se pressaient de revenir vers le port.
J'éprouvais un besoin irrésistible de sortir de la maison malgré la nuit qui tombait et l'angoisse que j'éprouvais dans le noir. Et puis les cartons pourraient bien attendre demain...
J’attrapais une veste et sorti dans le jardin. Je respirais à plein poumons l'air iodé et je pris la direction du village.
C'était encore trop tôt pour repenser au passé mais j'étais sûre que les blessures allaient enfin pouvoir se refermer pour de bon. Il fallait juste que j'ai le courage d'affronter mes anciens démons.
Et puis finalement, le village attendra… Ce fut une très longue journée et puis le vent s'était levé et l'air marin s'était chargé d'humidité annonçant la pluie. Je me contentais donc d'un tour sur la plage. Grand bien m'en prit car de grosses gouttes s'écrasèrent soudainement à mes pieds.
J’aperçu au loin une ombre sur la plage à travers la pluie. Elle paraissait danser et virevolter la tête levée vers le ciel. Se pourrait-il qu’il se soit rappelé notre promesse et soit lui aussi revenu ? Mon coeur s’emplit soudainement de bonheur et d’un seul élan je couru vers lui. Mais plus je m’approchais plus il semblait s’éloigner tout en continuant d’exercer cette fascinante attraction comme si il voulait m’attirer quelque part. Je me mis à courir en criant à plein poumons que j’était là, que je ne le laisserait plus jamais, que j’étais désolée, mais peine perdue : il s’évanouit soudainement me laissant seule dans le chaos de la tempête, mes larmes coulant sur mes joues se mêlant à la pluie et aux embruns.
Mais est-ce que tout ceci était réel ou était-ce le fruit de mon imagination ?
Peu importe pour l'instant le plus urgent était de rentrer me mettre à l'abri. Je remontais tant bien que mal sur le petit chemin le long de la falaise, luttant contre le vent qui soufflait en rafales. Enfin j'ouvris la porte de la maison et refermai tant bien que mal la porte avec un soupir de soulagement.
J'étais complètement trempée et je me débarrassai rapidement de mes vêtement et me glissai dans la douche.
Je restais de longues minutes sous une eau brûlante et vivifiante, puis je me décidai enfin à sortir. Je m'affalais alors sur le canapé derrière la grande baie vitrée, une tasse de thé fumante à la main. Souffle, souffle autant que tu veux, je suis là pour de bon et je ne partirais pas cette fois-ci : j'étais juste pressée de savoir ce que l'avenir me réservait.
Assise à contempler l’horizon éclairé par une vague lueur orangée, je grattais le sable de mes pieds nus, chaque grain chatouillant ma peau dans sa nouvelle liberté. Une sensation de bonheur qu’elle n’avait pas ressenti depuis longtemps. Les vagues et leur mélopée me transportaient dans le spectacle irréel de ces nuages cotonneux qui diffusaient la lumière du soleil couch…
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