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mackabr01 , le 27 septembre 2024 08:36 (modifié le 25 octobre 2024 20:11)
La Lame De L’Imaginaire
Partie I
Le réveil sonne à six heures, mais Alya ne l'entendait jamais vraiment, non, elle était trop plongée dans le monde onirique. Les jours avaient l’air de tous se ressembler, comme s’ils étaient enfermés dans une monotonie grise que l'on appelle la vie. Mais pour elle, ce n'était pas la réalité, non. La réalité, c’était ce qui se passait dans ses rêves, endormis ou bien éveillés. Du moins, c’est ce qu’elle croyait.. Alya est une petite fille de onze ans qui a compris très jeune que la vie était un tissu de banalités constituées d’une suite de malencontreux événements. Dès l’enfance, elle avait appris à se dissocier du monde, à échapper aux persécutions de la vie, à fuir vers un espace que personne d'autre ne pouvait atteindre: sa pensée imaginative. Dès le matin, quand elle enfilait son uniforme scolaire, elle ne voyait pas la morne réalité de la salle de classe qui l'attendait. À la place, elle se projetait dans une aventure épique et majestueuse, où elle était la capitaine d'une sorte de vaisseau flottant dans un ciel violet, entouré de toutes parts de constellations scintillantes, et chaque étoile était un rêve qu’elle aurait pu saisir et amener avec elle. Elle s’échappait dans ce monde où les lois de la gravité n’avaient pas d’emprise sur ses mouvements incertains, où chaque pensée devenait une image, une sensation. Ses journées se déroulaient dans des rêveries de paysages éthérés où, par exemple, les murs ternes aux allures moroses de la salle de classe s’évaporaient en des panoramas d’or et d’argent. Elle pouvait sentir l'air chaud d'une mer inconnue et féerique, sentir les vagues s’abattre contre sa peau sans jamais quitter sa chaise d'écolière de tête en l’air. Dans ses rêves, Alya trouvait un refuge contre un quotidien qu’elle préférait oublier, faire disparaître de la surface de la Terre. Chez elle, le silence pesait lourd. Son père, épuisé par des journées de travail sans fin et a tendances alcooliques à la main lourde et au langage impitoyable et grossier, était devenu l’ombre de lui-même. Sa mère, disparue trop tôt, restait une silhouette floue dans sa mémoire, et elle chérissait cette silhouette devenue divine. Ces blessures invisibles rendaient le monde réel insupportable et invivable par sa cruauté, si bien qu’elle s’y aventurait à peine, rarement quelques minutes par jour. La nuit, quand elle fermait les yeux, le sommeil l’aspirait dans des univers plus grands encore que sa petite chambre insipide et maussade. Chaque rêve devenait une échappatoire, une expérience vivante et dynamique initiée par ses pensées et ses désirs les plus profonds ancrés dans sa mémoire. Elle se retrouvait dans des forêts luxuriantes, ou sur des montagnes enneigées, courant à travers des champs d’herbe dorée. Dans ce monde onirique, elle n'était jamais seule, non. Des créatures imaginaires, parfois amicales, parfois mystiques, mais jamais hostiles, l'accompagnaient toujours. Elles comprenaient ses peurs, ses peines, et transformaient ces émotions (parfois négatives) en épopées grandioses et majestueuses. Son désir ardent de retrouver sa mère, autrement que par des photos ou des vagues souvenirs, se manifestait souvent sous la forme d'une quête. Elle la voyait, toujours à distance, une figure bienveillante et aimante qui la regardait de loin, toujours de loin, mais qu'elle ne pouvait jamais vraiment atteindre où toucher. Chaque nuit, elle espérait pouvoir la rejoindre, mais la lumière blanche qui entourait et enveloppait sa mère disparaissait à chaque fois qu’elle s’en approchait, l’emportant ainsi dans des recoins inaccessibles. Ces rêves devenaient pour elle un objectif, un projet : un jour, elle serait assez rapide pour atteindre cette silhouette lointaine et attrayante. Le jour où elle décida de ne plus jamais remettre un pied à l'école, et de rester à jamais dans les songes de sa chambre monochrome, sa décision ne surprit personne. Mais dans sa tête, ce n’était pas un acte de rébellion ou de révolte contre le système scolaire ou la société. Elle avait déjà quitté ce monde, celui des autres, des Hommes, depuis longtemps, car la réalité, pour elle, était devenue une simple abstraction, un concept qu’elle observait de loin inconsciemment mais auquel elle ne se soumettait plus, non. L'école, les professeurs, les devoirs; tout cela n'était qu'un décor fade et devenu imperceptible face à l'immensité de son imagination impériale. Dans les moments d'abstraction, elle trouvait l’ultime paix, cette sérénité que le monde réel ne pouvait pas lui offrir. Loin des contraintes du quotidien, des maux de tous les jours, des souffrances accablantes, elle laissait son esprit vagabonder librement et loin de tout trouble. C’était là que ses rêves devenaient des fantasmes, des idées éloignées du concret. Elle voyait des paysages impossibles et irréels comme des villes suspendues dans le ciel, des océans infinis qui se déroulaient sous ses pieds sur lesquels elle pouvait courir. Dans ces moments, Alya devenait une sorte de déesse dans son propre univers, dans son cosmos, en maître absolu de son imagination débridée. Parfois, elle avait des visions d’un monde parfait où tous ses désirs étaient réalisés à chaque claquement de doigts. Elle s’imaginait construire une immense bibliothèque remplie de livres contenant ses rêves et pensées les plus fous. Elle aurait le pouvoir de feuilleter ses fantasmes comme on parcourt un roman, où chaque page aurait une aventure nouvelle. Cet endroit n'était pas une simple évasion, non, mais son objectif : elle voulait bâtir un espace qui reflétait ses aspirations, ses idées inaccessibles, dans le monde réel et tangible. Un jour, elle se perdit totalement dans un rêve éveillé: ce matin-là, les bruits de la rue ne parvinrent pas à la ramener dans le présent palpable. Alya se tenait sur une falaise, le vent soufflant dans ses cheveux, le monde entier étalé devant elle comme une peinture en perpétuel mouvement. Elle pouvait sentir chaque détail même minuscule, chaque souffle d’air, chaque rayon de soleil sur sa peau. C’était une sensation si réelle qu'elle oublia que ce n'était qu'une évasion mentale, une abstraction dans laquelle elle s'était volontairement plongée pour fuir sa douleur inexorable. Cette sensation plaisante, celle de flottement devenait de plus en plus intense et bruyante. La frontière entre ses rêves et la réalité s'effaçait encore plus qu’habituellement. La falaise, le vent et cette mer vaste et infinie… tout semblait si tangible. À ce moment précis, elle ne le savait pas, mais elle avait franchi la limite, elle était allée plus loin que jamais dans ses rêves et fantaisies. Elle s’approcha du bord, sans aucune hésitation ou peur de chuter, alors le monde réel s'effaçait totalement. Il n’y avait plus de différence entre le ciel et la terre, plus de limites, plus de contraintes, plus de contraires. En bas, l’océan brillait d’une lumière irréelle parsemée de radieux rochers. Elle étendit les bras, prête à plonger dans ce nouvel univers. Elle sentit son cœur se libérer d’un poids immense. Elle était enfin arrivée dans cet espace qu’elle avait toujours cherché, ce lieu où elle serait libre, où sa mère l’attendrait, où tous ses rêves se matérialiseraient et finirent par devenir matière. Elle fit un pas de plus.
Ensuite, le temps étant inlassable et perpétuellemebt étendu, elle entendit un murmure à son oreille :
« Alya, tu t’assois au bord des silences,
Tes pensées en brume d’absence.
Sous tes paupières, un monde en partance,
Où le ciel murmure des mots si rances.
Tu tisses des rêves en fils d’azur,
Des éclats d'étoiles, des formes si pures.
Dans la folie mouvante au regard obscur,
Tu cherches l’écho d’un mirage aux allures
De rêveries, alors le temps se suspend,
L’imaginaire domine un réel barbant.
Alya, tu deviens l’ombre d’un souffle errant.
A jamais broyée par des visuels mordants
Le réel, devenu bonbon appétissant. »