Maya

Octobre 2024 

Des partitions de piano, de violon, de cor et de clarinette dépassaient de sa sacoche. Depuis quand s’était-elle mise à la clarinette ?

Sacha était la plus belle femme qu’il m’ait été donné la chance de rencontrer ici-haut. Brune, toute en courbes avec de longues jambes, le teint hâlé et des yeux verts qui transperçaient par leur froideur quiconque avait le malheur de les croiser. Les miens avaient changé, ils ne reflétaient à présent que la noirceur de mon âme.

"Maya, tu m’écoutes ?

— Hum ? Oui, oui, je t’écoute.

— À d’autres !

— Tu me disais que tu avais reçu une invitation, exigeant notre présence la semaine prochaine, et tu veux savoir si j’ai également reçu l’invitation en question.

— Et ?

— Et quoi ? demandai-je.

— Tu l’as reçue ?

— Ah oui, sur le meuble là-bas.

— Tu vas y aller ?

— On n’a pas trop le choix.

— On a toujours le choix, Maya.”

J’aimerais tellement qu’elle dise vrai. Elle se leva et se dirigea vers la porte.

Je devrais la retenir, lui demander de rester pour le dîner. Mais je n’en fis rien et la regardai s’éloigner dans le couloir. Au moment où elle s’apprêtait à prendre les escaliers, je me décidai enfin à parler.

“J’y vais si tu y vas ! finis-je par formuler tant bien que mal.

— Alors c’est décidé, une petite réunion de famille s’impose.”

Je grimaçai, on n’avait pas de lien de sang, on avait juste été choisis par le dieu des morts au moment de notre mort, comme c’était poétique.