Vous vous asseyez par terre

Vous vous asseyez par terre en vous prenant la tête dans les mains. Jamais vous n'y arriverez. Cette idée était stupide. Vous sentez le désespoir vous gagner. Pourquoi avoir voulu rendre service à un inconnu?

Bien entendu, en tant que héro, vous n'aviez pas le choix, mais l'échec actuel vallait-il la peine d'avoir aussi mal aux doigts? D'ailleurs, ne serait-il pas temps d'arrêter de jouer aux héros et de se reconvertir?

Gendarme dans une petite bourgade telle que celle où vous vous trouvez, boulanger, commerçant, compteur (avec toutes les aventures que vous avez connues), oto-rhino-laryngologiste, voire même dératisateur... Ce n'est pas les reconversions qui manqueraient.

Perdu dans vos pensées, vous ne sentez la chose qui pousse sous votre postérieur qu'au moment où vous dégringolez du monticule apparu en dessous de vous. Une grosse taupe émerge de la terre en frottant le haut de son trois-pièces :

"Je m'excuse, ma bonne dame, je ne vous avais pas vu."

Elle ajuste, de ces longues griffes acérées, des lunettes sur ses petits yeux aveugles, et scrute fixement dans la direction opposée à l'endroit où vous vous situez :

"Oh, pardon mon enfant, veuillez m'excuser, ma vue n'est plus aussi bonne qu'avant. Que pourrais-je faire pour me faire pardonner?"