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Retourner la maison ne servirait à rien. Elle était trop grande, il y avait trop de recoins, de cachettes. Je devais entrer dans l'esprit de ma tante. Où avait-elle pu mettre cette clef ? Plusieurs endroits me vinrent à l'esprit.
Sa bonbonnière était assurément la cachette la plus probable. Elle était gourmande et ne ratait pas une occasion de s'en servir. De plus, le récipient en verre était tellement volumineux qu'il pouvait tout à fait cacher une clef en son cœur. Je fonçai dans le salon et vidai les bonbons et chocolats sur le divan. Déception. Rien d'autre que des sucreries. Pas grave, j'avais une autre idée.
Enfournant quelques réglisses dans ma bouche, je me dirigeais vers l'ancienne chambre de ma tante. Elle était restée en l'état. Je n'avais pas pu me résoudre à modifier quoi que ce soit. Son parfum flottait encore dans l'air et j'avais l'impression qu'elle pouvait apparaître à tout moment. Demandant pardon à haute voix, j'ouvris sa table de chevet et fis glisser le double tiroir que je l'avais vu actionner à plusieurs reprises pour y mettre de vieilles lettres. Les correspondances étaient bien là mais pas de clef. Je remis à leur place les précieux écrits et me fustigeais d'avoir ainsi violé l'intimité de ma défunte tante. Tout ça pour quoi ? Rien. Mâchonnant toujours le bâton de réglisse, je songeais à son pigeonnier adoré. Elle y mettait des graines tous les matins pour les oiseaux en tout genre venant y picorer et il y avait assez de place pour y cacher un coffre, alors une clef...
Sortant de la maison, je me dirigeais vers le fond du jardin et grimpais sur l'échelle de bois. Posant les coudes sur la petite balustrade, je penchai ma tête à l'intérieur mais ne découvris que de vieilles graines germées et de nombreuses fientes séchées. Encore bredouille.
Soupirant, je revins vers la maison et me dis que l'inefficacité de mes recherches était peut-être due à la faim qui me taraudait. Une rapide collation et les idées me viendraient c'était certain. L’atmosphère de la cuisine était chaleureuse et conviviale. Elle avait abrité nombre de discussions animées durant la cuisson de petits plats. Ma tante aimait cuisiner et je la revoyait évoluer avec grâce dans son vieux tablier taché de sauces en tout genre. Son tablier ! Mais bien sûr ! Accroché derrière la porte, il n'avait pas bougé depuis que j'avais emménagé dans cette maison. Je l'attrapai. Il était lourd, trop lourd pour un simple tissu protecteur. Je plongeai la main dans la poche ventrale. La clef était là. Une grosse clef. Comme celle de mon rêve.
Me précipitant au grenier, je l'introduisis dans la serrure. Elle tourna sans bruit et la porte pivota, en silence, sans même arracher quelques toiles d'araignées.
Une fois mes yeux habitués à l'obscurité, je m'avançai de quelques pas, et me retrouvai dans le grenier... J'avais pourtant traversé l'encadrement de la porte. La pièce qui s'offrait à ma vue était exactement comme celle que j'avais quitté mais inversée, comme lorsqu'on regarde dans un miroir. Je jetais un œil par dessus mon épaule et vit le grenier de ma tante, à sa place...
Où étais-je ? Avais-je ouvert une porte sur un autre monde ?
Je décidais d'avancer pour savoir ce qu'il en était.