Obscurité

L'air est un peu trouble, mon expiration montant jusqu'aux nuages pour les chatouiller. Ils se déforment, s'échappent un peu, et je ris.

Mon rire rebondit dans les couleurs, entre les gouttes de pluies de l'arc en ciel, pour en faire une petite boule à facettes.

Je ferme les yeux, ébloui, puis les rouvre, aveuglé. Plongé dans la plus totale des obscurités. Cligner des yeux n'y change rien, ouvrir les rideaux et volets non plus. La nuit est tombée il y a déjà bien des années.

J'y discerne des étoiles, parfois. Des points de lumière ici et là qui me redonnent de l'espoir, avant de les écraser en descendant à toute vitesse.

Mais même ainsi, je souris. Comment faire autrement ? Le doux chant des chouettes, le grésillement des grillons et le rire des enfants. Dehors, dans cette nuit éternelle, ils jouent.

Se confondant avec les discussions, les grondement des moteurs, et les hurlements. Avec les grognements, les murmures et les pleurs.

Ils rient.

Une belle journée s'annonce alors, et je quitte ma place près de la fenêtre pour retourner à l'intérieur, me couper de tout ces sons, pour n'être confronté qu'aux miens.

Clac, du métal contre le bois. Criii, des dents d'acier contre la terre cuite. Bam, du verre contre le sol. ..., de l'eau sur le carrelage.

Mes bruits font disparaître le sourire. Parce qu'ils sonnent seuls, dérangés et dérangeants.

Les nuages et l'arc-en-ciel me manquent un peu, tout comme le rire des enfants. Alors j'abandonne tout, nature morte sur la table, pour ouvrir la porte.

Les rires ne sont plus là. Les enfants éloignés ? Ou simplement malheureux. Je referme. L'intérêt est parti. Il me faut des bruits qui ne sont ni miens ni ceux de dehors.