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La lune rousse brille dans le ciel nocturne. Il avance, le couteau brandi dans sa main gantée. Ses longs doigts sont fins, acérés comme les griffes d’un aigle qui serre sa proie en plein vol. Sa proie n’est pas l’arme. Non. C’est une jeune blonde à l’allure de mannequin qui tient ce rôle. Par un temps glacial, elle gît au sol, le corps endolori par la brutalité de son prédateur.
Le bras levé devant son visage — en guise de barrière — elle attend. Elle attend son heure. La faucheuse patiente dans l’ombre, tandis que sa faux scintille à la lueur de la lune. Le destin de la pauvre biche est déjà tout tracé. C’est écrit. Sa fin. Elle sait qu’elle ne peut se protéger davantage. Elle sait aussi qu’elle ne peut plus fuir. Sa jambe lui arrache un râle douloureux.Elle ne veut plus avoir mal et souffrir.Elle souhaite que ça s’arrête…Son tibia est écrasé par la grosse godasse de son prédateur sans la moindre pitié.
Désormais, elle ne peut plus courir, ni échapper à son sort.
L'étau autour de la manche est sauvage. On peut entendre le bruissement du gant sur le bois, ça sonne comme la mélodie du Karma. Le rapace n’hésite pas. Il se délecte de sa puissance et son pouvoir — qu’il a sur sa victime — est sans appel. Il veut qu’elle le supplie de lui épargner sa vie dans le but d’intensifier sa torture.
Les yeux de la victime hurlent de terreur ce que ses lèvres ne peuvent exprimer en son. Ils regardent avec impuissance son agresseur au-dessus d’elle. La victime ne bouge pas, pétrifiée et maltraitée par les coups assénés de son bourreau. Il l’autorise juste à ne faire qu’une chose ; grelotter de froid, de peur, de faiblesse. Elle est si frêle avec sa silhouette de guêpe, ses quinquets de biche et sa bouche frémissante. Son joli minois — à présent brodé avec horreur par les petits soins de cet homme — est méconnaissable…
Deux flots noirâtres coulent jusqu’au menton de la belle disgracieuse, victime de son imprudence pour gambader comme une gazelle hors de son territoire. Elle ne peut que se maudire pour cette faute, d’avoir marché dans cette ruelle si isolée à une heure comme celle-ci. Les douze coups de minuit retentissent sa sentence, donnant l’alerte à son assassin, le pouvoir de lui porter le dernier coup fatal. La lame transperce l’abdomen de la belle brebis égarée en une saccade, lui laissant le temps de couiner et de s’éteindre à petit feu.
Elle se noie dans son propre liquide de vie. Le corps cassé telle une poupée abandonnée. Le regard livide et rougeâtre comme les belles nuances de la lune rousse.