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Bat.Jacl , le 24 septembre 2024 11:29
Merci pour ta participation au concours :)
C’est par une impression de déjà vu que tout commença. Un chat passa la porte, mais il me semblait qu’il l’avait déjà fait. Je rangeais cela dans un coin de ma tête et n’y pensais plus pendant quelques jours.
Puis ce fut un oiseau que je pensais avoir vu deux fois de suite, mais ça devait être une erreur, le premier était blanc le second gris-noir. Je n’y aurais même pas prêté attention, si Yves, du haut de ses cinq ans, ne l’avait pas remarqué.
“Tu as vu les pigeons, papa ? Ils étaient pareils, mais en diffèrent.”
J’ai toujours eu un faible pour les formulations enfantines. Mais cet instant me troubla suffisamment pour que je me pose des questions.
Le lendemain, la porte de mon bureau paraissait floue, comme vue à travers des vagues, mais rien ne nous séparait. Évidemment j'étais le seul à voir le phénomène. Même quand la télé annonça la mort de Michaël Jackson, seuls Yves et moi nous sommes exprimés que c’était la troisième fois ce mois-ci. Personne n’en gardait mémoire à part nous.
Internet appelle ça l’effet Mandela. Mon psy, une décharge cognitive. Yves, un changement boum.
Plus le temps passait et plus le phénomène s’accélérait. À l'échelle d'une semaine, j’avais vécu, 16 déjà vus et trois lentilles miroir. C'est le nom que j’avais donné aux impressions de vagues devant les objets après avoir essayé d’en traverser une et de m'être retrouvé en face de moi-même.
Un dimanche soir, la vague volait dans la rue en face de moi, mais le monde derrière semblait plus clair. Comme si la course du soleil avait une heure de retard passé cette porte. Yves lâcha main pour s’y précipiter et c’est en le suivant que je tombais.
De nouveau, du blanc, partout. Comme une enveloppe de vide pour m’isoler. Cette fois, je ne l’ai pas vu, juste entendu ricaner.
« Kssss ! Kssss ! Alors, tu n’as toujours pas trouvé la clef ? Pauvre petite chose, si tu ne te presses pas, il ne restera rien.
- De quoi parlez-vous ? Où est Yves ?
- C’est peut-être la question. Ou peut-être encore un reflet ? Kssss ! Kssss !
- Que me voulez-vous à la fin ?
- Moi je ne veux rien ! Kssss ! Kssss ! Tu t'éloignes de la question.
- Alors que dois-je faire ?
- Pour commencer, il faut te réveiller et trouver ta clef.
- Ma clef ?- Kssss ! Kssss ! Pauvre petite chose qui n’est bonne qu’à répéter. Pour l’instant, retourne d’où tu viens. “
- Ma clef ?
- Kssss ! Kssss ! Pauvre petite chose qui n’est bonne qu’à répéter. Pour l’instant, retourne d’où tu viens. “
Et d’un souffle, elle me renvoya de l’autre côté du miroir juste à temps pour me voir franchir le seuil de sa porte. Tout cela semblait irréel. Il fallait que je discute avec quelqu'un de tangible. Mon premier réflexe, fut donc d'appeler ma femme.
« Ash ! Il faut que tu m’aides.
- Qu’est-ce qui t’arrive ?
- Il était là et il n’est plus là.
- Comme le kiwi qui est parti ?
- Comment peux-tu plaisanter dans un moment comme ça ?
- Comme quoi ? C’est la première fois depuis six ans que tu m’appelles au boulot et tu as l’air paniqué à bout de souffle, il faut bien que je détende l’atmosphère.
- Il a disparu je te dis.
- Mais qui ?
- Yves !
- C’est qui Yves ?
- Notre fils !
- Bon, ça suffit maintenant, je vais raccrocher, va dormir, je n’ai pas le temps pour tes conneries.”
Et elle raccrocha, me laissant le souffle coupé, la tête chancelante. Des passants me rattrapèrent avant que ma tête touche le sol.
“Ça va monsieur ?
- Non. Oui. Je ne sais pas.
- Tenez prenez ça et allez-vous acheter à boire en face, il fait chaud aujourd'hui.
- Mais je..
- J’insiste.”
Avant que je n’aie pu répondre quoi que ce soit, ils avaient tourné au coin de la rue. Des répétitions, d’accord. Des miroirs, OK. Des dates qui changent, je pouvais supporter, d'autant que l’Histoire et moi ça faisait deux. Mais qu’elle ne se souvienne pas d’Yves comme s’il n’avait jamais existé. C’était tout bonnement impossible. Elle l’avait elle-même mis au monde.
Ce cauchemar ne pouvait plus durer, il fallait que je me réveille, alors je me suis mis une bonne claque, mais à part une douleur vive et des regards apeurés des passants, je n’ai réussi à rien.
“Kssss ! Kssss ! Réveille-toi. Il t’attend dans la nuit. ”
Cette fois, c’est en plein jour que je l’entendais. Alors je le suivis à travers la ville. Chaque ricanement venait d’une personne différente ne semblant même pas avoir conscience d'avoir participé à ma chasse à travers la ville jusque… Chez moi !
Quatre à quatre, j’avalai les marches pour arriver exténué devant ma porte. J’ai craint en tournant la clef qu’elle ne fonctionne pas, mais elle déverrouilla bien la serrure. J’enclenchai la poignée pour me retrouver dans mon entrée. Tout était là.
Afin de m’assurer que je ne perdais pas la tête, je me rendis devant sa chambre pour découvrir un nouveau miroir, plus sombre. Comme s’il faisait nuit à l’intérieur. De l’autre côté, une version de moi arborait un large sourire narquois. En voulant l’attraper, je basculai dans la pièce.
Cette fois, tout était aussi noir que la nuit la plus profonde. Seul un souffle, comme un ronflement, se faisait entendre. Et la respiration associée m’entraînait et m’écartait à intervalles réguliers.
“Tu n’as rien à faire ici, gronda une voix sourde.
- Pas de soucis, j’aimerais bien repartir, mais je ne sais pas comment.
- Hmmm. Laisse-moi voir. Ah, tu t’es perdu pour être arrivé aussi loin.
- Loin où ?
- Tu n’as pas à le savoir.
- Vous êtes aussi énigmatique que l’autre.
- Alors comme ça il est venu à toi, c'est que tu es dans de beaux draps. Que t’a-t-il dit ?
- Qu’il fallait que je retrouve ma clef !
- Ah bravo, parce qu'en plus tu l’as perdue. Tant pis pour toi. Retrouve-la. ou tu ne rentreras pas.
- Mais c’est quoi cette clef ?
- Comment peux-tu en arriver là sans le savoir ? On dirait que ça t’est arrivé par hasard.
- Exactement.”
À ces mots, la respiration s’arrêta un instant. Deux énormes yeux jaune sombre s’ouvrirent dans la nuit, évoquant ceux d’un loup gargantuesque.
« Et il ne t’a rien dit, évidemment !
- J’ai l’impression que mon univers s’effondre.
- Non, juste ta réalité.
- Ah, si ce n’est que ça ! Tant mieux, j’avais peur que ce soit grave.
- Tu changes de ton ou tu dégages.
- OK, pardon. C’est quoi cette histoire de réalité, un multivers ou un truc dans le genre ?
- Pas tout à fait. Il n’existe qu’un univers, mais à partir de chaque moment, une infinité de possibilités coexistent pour l’avenir. Certaines sont plus probables que d’autres. Et certaines personnes arrivent parfois à déjouer un évènement et plonger le monde dans une version improbable. Ça a l’inconvénient de rendre acceptables des univers de moins en moins probables et ça dilue les univers les plus plausibles.
- Je n’y comprends rien.
- As tu déjà vu de la magie ?
- Non.
- Parce que c’est improbable que ça existe, pourtant certaines personnes ont réussi à projeter l’univers dans un futur où ça devenait possible.
- Mais pourtant, ça n’existe pas.
- Car elles sont revenues dans leur probabilité de base après la manœuvre, coupant court à tous les futurs improbables.
- Comment ont-ils fait ça ?
- Grâce à leur clef. Un élément qu’ils n’ont pas changé et qu’ils peuvent utiliser pour revenir à leur point de départ.
- Yves.
- C'est qui ?
- Ma clef.
- Alors il faut que tu le retrouves et vite ou tu vas te diluer et chaque probabilité de futur tendra vers zéro.
- Ce qui veut dire ?
- Ton monde cessera d’exister par ta faute.
- Rien que ça ? Tout va bien ! Mais, il a disparu lui aussi.
- Il ne peut pas. Il doit être là quelque part. Va le chercher.
- Mais où ?
- Je n’en sais rien, va pleurnicher ailleurs.”
Sur ce, les yeux se refermèrent et le souffle m'envoya voler vers la sortie. Au moment de la franchir, un rictus se fit entendre.
“Kssss ! Kssss ! Pauvre petit être maltraité ! Érèbe n’est pas commode, mais a bon fond. Dépêche-toi, il est temps de te réveiller.”
Cette partie a été intégrée à la partie précédente pour respecter les règles du concours, toutes mes excuses pour la gène occasionnée. Merci de ne pas tenir compte de cette page.
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