Vous doutez de Mathilda

Vous commencez à trouver la marche longue.

— On est d’accord qu’on cherche à atteindre les cuisines ?

Vous en venez même à trouver que ce chemin est inutilement alambiqué et que vous auriez rejoint votre destination plus rapidement sans user de ce passage secret.

— Pour aller chercher votre collègue.

Le silence de la femme de chambre pique votre méfiance aussi vous vous impatientez.

— Mathilda !

D’abord la jeune femme se fige et plante son regard dans le vôtre. Vous ne sauriez en définir la nature mais ses prunelles sont gorgées d’une émotion vibrante, comme si elle était au bord des larmes.

Vous culpabilisez aussitôt.

— Excusez-moi Mathilda, c’est juste qu’avec ce qui se passe…

Elle se contente de hocher la tête dans un sourire apaisant.

— Oui monsieur, bien sûr monsieur. C’est compréhensif. Monsieur.

Elle pose une paume chaleureuse sur votre bras, à défaut d’atteindre votre épaule. Vous êtes à la fois touché par ce geste de compassion et étonnée de la familiarité de l’employée de maison jusque-là si discrète.

Tout à vos pensées, vous ne prêtez pas attention à son autre main qui éteint la lampe torche qui éclairait le dédale.

Vous entendez à nouveau des pas précipités.

Des pas qui s’éloignent.