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Lecture déconseillée aux âmes sensibles, prudes et interdite aux moins de 18 ans
Le chapitre ci-dessous comporte des scènes pouvant heurter la sensibilité du public.Si tu veux quand même le lire, il te faut créer un compte et le configurer "majeur".
Je, tu, elle, nous, vous elles. Comme sorti du néant, la conscience semble revenir. Ma conscience semble me revenir. Émergeant d'un vide insondable. Comme si je m'éveillais au monde. Comme si je m'éveillais tout court. Mais dans cet état vaporeux, quelque chose cloche. Ma tête me fait mal. Mon corps tout entier semble me faire mal. Et certaines parties plus que d'autres. La tête qui cogne. Le ventre qui tire. L'entrejambe qui brûle. L'entrejambe ? Essayant de me concentrer sur la perception de mon corps et de sa douleur, je perçois deux zones spécifiques, comme déchirées, qui me brûlent : mon sexe et mon anus. D'où deux traînées d'un liquide visqueux et gluant semblent couler très lentement. Ou s’encroûter au plus profond de mon corps. Qu'est-ce que... Prise de panique, je me redresse brusquement. Tente de me redresser brusquement. Mon front vient s'écraser contre une surface dure et froide située juste au-dessus. -Aïe ! Ma tête retombe dans sa position initiale. Le son de ma voix se répercute bizarrement à mes oreilles, comme s'il rebondissait tout autour de moi. Ma respiration s'accélère. Mon pouls s'emballe. Si les quelques secondes de réveil et d'introspection semblaient s'écouler dans un état cotonneux, je suis maintenant pleinement alerte et réveillée. Calme-toi. Peut-être un peu trop. Je cherche à faire retomber l'accès de panique. Calme-toi. Respire lentement. Je ralentis ma respiration. Je tente de faire retomber mon rythme cardiaque. Et j’essaye de réfléchir. Où suis-je ? Voilà par où il fallait commencer. Essayant d'oublier toutes mes douleurs, je cherche à ouvrir les yeux. Mes paupières papillonnement difficilement. La luminosité externe est très faible, quasiment nulle. Ce n'est donc pas l'excès de luminosité, mais l'effort physique même de garder les paupières ouvertes, qui rend la tâche compliquée. Après quelques secondes d'efforts, il me semble enfin voir. Voir une surface translucide sombre, située vingt centimètres devant moi. Au-dessus de moi. Une surface translucide balayée de temps en temps d'ondulations verdâtres. Levant lentement la tête, jusqu'à coller mon front à la paroi, je m'aperçois que celle-ci retombe un peu plus loin après mes pieds. Je redescends la tête, la tourne à droite, à gauche : de la même manière, la paroi retombe sur les côtés, jusqu'à s'enficher dans la structure sur laquelle je suis allongée. Je n'arrive pas à le voir, mais je suppose que c'est la même chose au-dessus de mon crâne. Mon rythme cardiaque réaccélère : je suis enfermée allongée ! Calme-toi. Réfléchis. C'est bien la seule chose que tu saches faire ! Ignorant cette deuxième voix dans ma tête, je referme les yeux et respire calmement. Une grande inspiration. Je bloque. Une grande expiration. Je bloque. Encore. Et encore. Je lève les mains, et tâte la paroi devant moi. C'est lisse et froid. Je frissonne. Ce qui réactive les zones de brûlure qui m'étaient sorties de la tête. Et je me rends compte que je suis nue. Stop, n'y pense pas. Concentre-toi. Et à ton avis, d'où ça vient, ces brûlures ? Tais-toi ! Je tente d'appuyer avec mes mains, et de soulever la paroi. Rien ne bouge. Je ne sais pas si c'est parce que l'ensemble est trop lourd, ou qu'il est maintenu bloqué dans cette position. Je bouge mes jambes, j'appuie sur la paroi avec la pointe des pieds en même temps que je pousse avec mes mains. Rien. Mon cœur s'emballe de nouveau. J'essaye d'appuyer sur les retours de la paroi à droite. Rien. A gauche. Rien. Je tente de me tordre pour appuyer sur le côté droit avec la tête et les mains, et forcer avec la plante des pieds sur le côté gauche. Rien. Je cherche à rouler pour me mettre de flanc droit et appuyer sur la paroi horizontale avec tout mon flanc gauche. Échec cinglant. -Raaaaah ! Même son en écho que tout à l'heure. Parce que tu crois que crier servira à quelque chose ? Mais tais-toi, toi ! Je m'effondre dans ma position initiale. Des larmes commencent à couler le long de mes paupières closes. Mon corps est pris de spasmes. Mes douleurs reviennent hanter mon esprit. Arrête de trembler ! Je n'y peux rien, c'est mon corps qui lâche. Peuh ! Laisse-le-moi alors ! -Jamais ! Je respire lentement. Je fais le vide dans ma tête. Mon cœur ralentit. Je plaque mon front et mes mains sur la paroi. Mes spasmes se calment. Le froid m'apaise. Reprenant ma position allongée, j'ouvre péniblement les yeux. Gris très sombre. Ondulations verdâtres. Gris très sombre. Ondulations verdâtres. C'est régulier. Apaisant. Il me semble avoir déjà vu ça, un jour. C'était il y a peu ? Il y a longtemps ? Dans une autre vie ? Je tourne la tête à gauche. J'ai l'impression de distinguer de sombres formes floues sur un fond noir, régulièrement haché par des flashs verdâtres. Je tourne la tête à droite. Mon pouls s'accélère. Là-bas, une source de lumière crépitante et ondulante. Ce qui ressemble à une torche. Tenue par quelqu'un. Ils sont deux, en fait. Deux formes floues. De petits êtres humaines difformes. Entourés d’une quantité indescriptible d'objets incongrus et distordus. Penchés sur quelque chose. Malgré la distance et l'image qui semble déformée par la paroi qui m'enferme, leur forme et leur visage me parlent. Il me semble bien que... Je suis sûre de les avoir déjà... Les nains ! Les sept nains ! Ce n'est pas trop tôt, t’en a mis, du temps ! C'est Dormeur et Simplet. L'espoir revient. Je tambourine sur la paroi. En vain. Encore et encore. Ils sont toujours concentrés sur la forme devant eux. Je hurle. L’écho me fait mal aux oreilles. Rien ne bouge de leur côté. Une légère couche humide s’installe sur la paroi devant moi. Qu'est-ce que tu fais ? Je les appelle à l'aide, pour qu'ils viennent me sortir de là ! Mais, bougre d'idiote, ce sont eux qui t'ont mise là-dedans ! Quoi ? Pfff... Tu ne te souviens pas ? Euh... je... Quelle cruche ! Tu te souviens de sept nains. Où sont les autres, puisque tu dis qu'il y en a sept ? Euh... je... Ils sont morts, les autres. On les a tous tués ! Prof, Grincheux, Joyeux, Atchoum, Timide, Simplet, Dormeur. Les sept nains. Une avalanche de souvenirs m’ensevelit. Mon cœur s’emballe, ma respiration s’accélère. Les nains pervers. La course-poursuite meurtrière. Le château. La forêt. Le chaperon rouge. Le crapaud. La bête. La sorcière. Herta. Michon. Thiercelieux... Je ferme les yeux, je respire lentement, je plaque mes mains contre la paroi froide. Se calmer. Faire retomber la pression. Une fois le contrôle passablement revenu, je rouvre les yeux et regarde dans la direction des nains. Une couche humide collée à la paroi m’empêche de voir. Je la fais partir en frottant avec ma main. Dormeur s'est légèrement décalé, me laissant entrapercevoir le tas devant eux. On dirait un corps humain. Je me concentre dessus. On dirait un corps féminin. Je scrute attentivement. On dirait Herta. Cela ressemble à Herta. Une Herta floue, tordue... mais surtout en voie de putréfaction. Comme si son corps, son visage, ses cheveux avaient subis une décomposition avancée et partaient en lambeaux. Dormeur semble crier sur Simplet, qui regarde piteusement ses pieds. Avec la torche, le nain narcoleptique fait de grands mouvements vers le tas qu'était Herta, et dans ma direction. Simplet relève la tête, et se lance dans une gesticulation délirante. Dormeur fait mine de lui donner un coup de torche, ce qui le calme immédiatement. Puis il remontre Herta. Simplet hoche de la tête. Puis remontre la direction de l'endroit où je me trouve. Simplet hoche la tête. Je me concentre. Si je surplombe une salle encombrée, enfermée dans une cage qui pulse des flashs de lumière verdâtre, et qu'Herta n'y est plus, c'est que les deux nains, ou au moins un, ont dû intervertir nos places avec Herta. Donc... Je suis enfermée dans le sarcophage tatamonique ! Oui, c'est bien, Madame la futée, c'est pas trop tôt ! Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? Oh, tu arrêtes un peu avec tes réflexions sarcas... ? Un mouvement brusque. Je sursaute et me cogne la tête sur la paroi. Mon entrejambe défoncé me brûle. Que j'arrête avec mes réflexions sarcastiques ? Non mais pour qui elle se prend, celle-là ! Quelque chose semble se trouver devant la paroi. J’essuie la buée pour voir. Le chaperon rouge apparait petit à petit dans mon champ de vision, en premier plan, accolé à la paroi. Ce n'est pas avec des réflexions du genre qu'on avancera ! Une masse sombre, silhouette d'une capuche, qui s'éclaire subrepticement lorsqu'une ondulation verdâtre court sur la paroi. Elle pose ses mains sur la paroi. Parce que tu crois que tu arriveras à avancer ? Toute seule ? -Est-ce que tu m’entends ? Dis-moi que tu m’entends ? Je montre ma bouche, et pointe dans sa direction. Signe de dénégation de sa part. Il le faut bien ! Qu'est-ce que je peux faire d'autre ? Je vois sa bouche s’ouvrir, comme si elle essayait de me parler. Aucun son ne parvient à mes oreilles. Je glisse le bras gauche entre mon corps nu et la paroi, le pointe sur mon oreille droite, et fais un signe négatif de la tête. Tu le sais très bien, ce qu'il faut faire. T'abandonner à moi. Me laisser le contrôle. Complètement. Pleinement. Entièrement... Mais tu t'entêtes dans ta vision prude et bienveillante ! Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ! Lorsque les flashs verdâtres me laissent un peu de visibilité, je vois qu’elle s’est légèrement penchée en avant et j'ai l'impression que son visage grimace, comme si elle tentait de produire un effort physique. De pousser sur la paroi. Tu sais très bien que je ne peux pas. Qu'il ne faut pas. Et au bout d'un moment qui me semble durer une éternité, je vois ses bras revenir pendre mollement le long de son corps. Je te rappelle que tu l'as déjà fait. Et que ça t'a sauvé. Son visage semble maintenant présenter comme des traces d’incompréhension, de doute. Voire une pointe de tristesse ? Tais-toi. Le chaperon rouge se pointe du doigt, puis pointe le sarcophage, et fait non de la tête. J'en déduis qu'elle n'arrive pas à passer au travers. Et je sais que tu as aimé. Couper l'ardeur de Prof, regarder son visage se couvrir de terreur et sentir son sang chaud t'asperger la face. Elle s’affale alors sur la paroi, la tête prise dans ses bras, le corps parcouru de tremblements. Comme si elle sanglotait. Tu mens ! Tout autour de moi, il fait noir. Je sais que tu as jouis à chaque coup de couteau. Sentir la lame s'enfoncer dans la chair. Et sa langue ? La lui couper et lui enfouir en pleine gorge pour ne plus entendre ses hurlements de pourceau qu'on égorge. Je tremble, mes douleurs revenant pulser dans ma tête, danser sur mon corps, pénétrer au plus profond de moi-même. Tu... tu... je … je n'ai pas les mots... Des gouttes de condensation tombent sur mon corps et ma face. Bien sûr que tu ne les as pas ! Et tu ne les auras jamais ! Tu n'es qu'un pauvre agneau qui attend son tour à l'abattoir ! Tu n'es faite que pour être l'esclave du destin ! J’essuie la paroi. Non ! Les nains sont toujours en train de palabrer autour du cadavre décomposé d’Herta, Dormeur semblant encore menacer Simplet. Tu n'es pas faite pour ce monde. Tu ne l’as jamais été. Et je n'aurais jamais dû te laisser survivre jusque-là ! J'aurais dû laisser la sorcière te transformer en charbon ardent. J'aurais dû laisser Prof et ses sbires se servir de toi comme esclave pour assouvir tous leurs désirs lubriques. Tout à coup, un autre mouvement apparaît dans mon champ de vision. Une petite masse sombre qui vient de sauter sur la paroi, juste au-dessus de ma tête. Arrête ! Un flash lumineux m'indique qu'il s'agit du crapaud. « Arrête ». Tellement pitoyable. Tu es pitoyable. Heureusement que, vu la situation, ta misérable vie va s'arrêter. Et que tu arrêteras enfin de déployer la mort, le chaos et la désolation autour de toi. -Et toi, gentil petit crapaud, est-ce que tu m’entends ? Je montre ma bouche, et pointe dans sa direction. Quoi ? Le crapaud semble se trémousser, faisant relever la tête du chaperon rouge. Signe de dénégation de sa part. Ne fait pas ta sainte nitouche ébahie, et fait marcher ta cervelle, vu qu'il semblerait qu'il n'y ait que cela qui fonctionne chez toi : tes parents ? Morts. Ta grand-mère et tes frères et sœurs ? Surement déchiquetés à l'heure qu'il est. Michon ? Bouffé de l'intérieur. Herta ? Un tas de chair putréfié. Un chaperon rouge, « qui semblait dégager une intelligence, une confiance et une malice infinies » réduite à un spectre larmoyant sur TON cercueil. Des nains massacrés. Il ne manquerait plus que ce crapaud puant soit écrabouillé par une de leur foutue invention pour clore le chapitre. Les flashs lumineux me montrent le crapaud gueule ouverte, comme s'il était en train de croasser. Je n'entends rien. Tais-toi ! Un nouveau mouvement, sur l'extrême droite de mon champ de vision. Je tourne la tête pour voir les deux nains regarder dans ma direction. Dans la direction du crapaud. Une Eden TELLEMENT intelligente ! Qu'elle prend TOUS les mauvais choix qui s'offrent à elle. Quand j'imagine que nous ne serions pas enfermés là si, comme TOUT le monde te poussais à le faire, tu avais égorgé ce drôle de nain, là, le Simplet, quand il était à TA merci. Parce que tu n'avais pas voulu me laisser le contrôle. Frottant la paroi de la main, je vois Dormeur qui s'approche dans ma direction, la torche révélant un visage surpris et mécontent, la bouche grande ouverte comme s'il émettait des sons. Je n'entends encore et toujours rien de l'extérieur du sarcophage. Derrière lui, disparaissant doucement hors du champ de lumière de la torche, Simplet sort une petite boite de son manteau, et appuie sur quelque chose. S’ensuit ce qui semble être un rire démoniaque sur sa face difforme. Il court se cacher derrière une masse sombre informe. Dégage ! Dormeur semble maintenant inquiet, arrêtant sa course. Il se retourne vers l’endroit où vient de disparaitre Simplet, et repart à toutes jambes dans cette direction. Tu te sens suffisamment débrouillarde toute seule ? C'est d'accord, à partir de maintenant, démerde toi seule, j'en ai ma claque d'assister une moins que rien aussi inutile que niaise. Un petit bruit se fait entendre, comme un sifflement. Un léger souffle se répand sur mon visage, glisse sur mon corps, s'engouffre au plus profond de mon être. Une odeur âcre s'infiltre dans mes narines. Mes yeux se mettent à piquer tandis qu’une forme gazeuse obscurci l’intérieur du sarcophage. TAIS-TOI ! Mes paupières deviennent lourdes. Ma tête cogne. Mon ventre tire. Mon entrejambe déchiré me brûle. Le chaperon rouge et le crapaud ont disparus de ma vue. Je tambourine sur la paroi devant moi en hurlant. Et si tu crois... qu'un prince charmant... va venir te délivrer,... tu te fourres... le doigt... dans l'oeil... jus...qu'au... cou…de... Mes paupières et mes bras retombent. Ma voix s’arrête. Je ne sens plus rien. La douleur s’évanouit. La sensation des trainées visqueuses et gluantes au plus profond de mon corps disparait. VA T'EN... ET NE... REVIENT... JA...MAIS... Et c’est alors que m’embrassent les ténèbres triomphantes.
Ma conscience est légère, libre. Elle flotte, vole, se déplace sans contraintes. Tout autour de moi est sombre. Vide, plutôt ? Il me semble en effet ne rien y avoir. Un rien infini et insondable. Mais je suis bien. Tranquille. Sereine. Il me semble ne plus rien ressentir, en dehors de ma propre conscience. Tout semble s'être …
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