Âme errante

Vous ouvrez les yeux sur une obscurité quasi totale. Pris d’un élancement, vous vous massez les tempes et vous étonnez de la texture de vos cheveux qui vous semble étonnamment douce. Vu votre hauteur une fois debout, vous réalisez avec affolement que vous êtes dans le corps d’un enfant.

Vous savez que ce n’est pas normal, mais impossible de vous rappeler votre âge.

Comment vous appelez-vous d’ailleurs ?

D’où venez-vous ?

Comment êtes-vous arrivé ici ?

Vous constatez avec horreur que rien ne vous revient, si ce n’est la certitude d’avoir subi une métamorphose.

Vous vous inspectez pour garder contenance et découvrez une poignée de cailloux dans votre poche de droite et une poignée de morceaux de pain dans votre poche de gauche.

Vous frissonnez. Peut-être de froid, peut-être d’effroi.

Une lueur vacillante jure dans les ténèbres environnantes. Vous avancez à tâtons, non sans manquer de trébucher sur une racine noueuse, jusqu’à atteindre le perron d’une petite maison. Sous une lumière couleur miel vous constatez que la poignée de porte est en pâte d’amande, la porte elle-même est une tablette de chocolat de deux fois votre taille, l’encadrement est fait de sucre d’orge, et les murs de pain d’épice.

Vous avez la sensation que votre cœur bondit jusque dans votre gorge quand le hurlement d’un loup résonne dans les bois.