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573 lectures, 6 votes1 suite, 1 ramification2 commentaires
Attention, ce chapitre appartient à une ancienne branche !
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Asphalte , le 5 juillet 2023 16:47
Bravo pour cette suite, tu as bien rebondi avec la fausse piste de Julien. (Et l'arbre est planté, maintenant 🌳)
Je suis pris dans l'histoire et j'ai hâte de lire la suite 😆
helhiv , le 26 novembre 2023 16:11
J'espère qu'Asphalte et AlexGNSTR ne désespéraient pas de voir leur histoire se terminer. Ça me faisait mal au cœur que l'histoire en reste à la partie 3. Donc je propose une suite et une fin, j'espère dans la continuité des trois précédentes parties. Je n'ai pas pu résister et j'ai fait un clin d'œil à la partie 3 que j'avais écrite pour l'autre branche de l'histoire (terminée également).
Un petit quart d’heure plus tard, un Bertrand survolté tambourina à la porte de Jeanne. Dès qu’il avait aperçu Julien, il avait couru ventre à terre pour prévenir l’enquêtrice retraitée. Elle lui ouvrit et l’installa dans son salon. Après l’y avoir abandonné quelques minutes, elle revint avec deux mugs d’un café léger mais chaud qu’elle posa sur la table basse, entre elle et son visiteur matinal. Jeanne prit tout son temps pour resserrer les pans de sa robe de chambre avant de s’asseoir. C’était comme si l’empressement de Bertrand provoquait en elle une réaction automatique de lenteur.
— Alors Bertrand, que t’arrive-t-il ?
— C’est Julien. Je l’ai vu comme je te vois. Il a mordu à l’hameçon.
— Sois plus précis. Qu’a-t-il fait ? Dis-moi tout ce qui s’est passé.
— Je venais de m’installer à mon poste d’observation, derrière les terrains de tennis. Je n’avais pas encore eu le temps d’ouvrir mon thermos de café, ni même de déplier mon fauteuil de plage…
— Viens-en aux faits s’il te plaît.
— Oui, pardon. J’ai été tellement surpris de voir quelqu’un se promener dehors à cette heure… je veux dire, hormis un membre du comité de surveillance… il sortait de l’impasse des fougères et semblait pressé. La capuche de sa veste de sport était relevée sur sa tête et je n’ai pas pu le reconnaître tout de suite. Quand il est arrivé à ma hauteur, tout s’est passé en même temps ; j’ai reconnu Julien, j’ai vu qu’il tenait à la main une enveloppe et je me suis souvenu qu’il faisait partie de ceux à qui nous avions déposé une fausse lettre. Il a longé l’avenue principale sur quelques dizaines de mètres, jusqu’ à l’allée des romarins. Je l’ai suivi de loin, très discrètement. Je me suis planqué derrière la voiture de Clotilde – mal garée une fois de plus – pour voir chez qui il se rendait. Eh bien, il a déposé son enveloppe dans la boîte aux lettres d’Agnès et est reparti aussi sec. C’est notre gars, j’en suis certain !
L’excitation de Bertrand était palpable. Jeanne, quant à elle, restait sceptique. Le comportement inhabituel de Julien ne prouvait rien. Il allait falloir creuser. Elle renvoya son voisin chez lui après lui avoir donné rendez-vous, une heure plus tard, devant chez Agnès. La priorité était de savoir ce que contenait l’enveloppe.
À l’heure dite, Jeanne et Bertrand se retrouvèrent au fond de l’allée des romarins, devant une petite maison ocre, aux volets vert amande et flanquée de deux immenses cyprès. La femme appuya sur le bouton de l’interphone puis patienta. Après un long moment d’attente, elle frappa à la porte, concluant que la sonnette ne fonctionnait peut-être plus. Elle n’eut pas plus de succès.
— Personne vous ouvrira !
C’était Marie-Jo, la voisine d’en face, qui leur avait lancé ces mots en même temps qu’elle sortait ses poubelles, blouse à fleurs sur le dos et clope au bec.
— On est l’premier vendredi du mois. La vieille Agnès est partie chez sa sœur. Elle rentrera pas avant l’milieu d’après-midi.
— Et merde ! lâcha Bertrand en donnant un coup de pied rageur dans les lavandes plantées sous les fenêtres d’Agnès.
Ils avaient fait chou blanc. Il faudrait cuisiner directement Julien en espérant qu’il crache le morceau. Jeanne avait conseillé à Bertrand de rentrer chez lui. Il manquait de sang-froid et ça n’aiderait pas l’enquête. Elle préféra s’adjoindre les services de Franck et Jean-Charles. Ces deux-là avaient beaucoup de respect pour Jeanne et étaient trop heureux de l’aider à mettre la main sur le corbeau qui avait tant nui à leurs familles respectives dernièrement.
D’un bref coup de fil, Jeanne avait sommé Julien de venir la retrouver près de la Gargote, sous le vieux chêne liège de l’esplanade. Lorsque le suspect la rejoignit, les deux gros bras qui s’étaient tenus embusqués derrière des buissons proches, sortirent de l’ombre et coupèrent toute retraite à Julien. Ce-dernier se mit à suer à grosses gouttes. Profitant de l’effet de surprise, Jeanne décida d’entrer directement dans le vif du sujet.
— On t’a vu déposer une enveloppe dans la boîte aux lettres d’Agnès, tôt ce matin.
Elle n’eut pas besoin d’en dire plus. Julien n’était ni brave, ni fort. Le ton autoritaire de la femme et l’air mauvais des deux costauds qui l’encadraient finirent de le liquéfier totalement.
— Si vous pensez que j’ai quelque chose à voir avec cette histoire de lettres anonymes, vous vous trompez totalement. Si je suis allé chez Agnès, c’est parce que je reçois le journal tous les jours et pas elle. Les mots fléchés de l’avant-dernière page, moi je m’en moque. Je les garde donc dans une enveloppe et la lui dépose une fois par semaine. Vous savez, avec sa petite retraite, Agnès est obligée de compter le moindre centime. Elle a même dû résilier son abonnement au journal, alors je lui découpe les grilles de mots fléchés du mien.
— Mais pourquoi agir en catimini, comme un voleur ?
— Pour que personne ne sache. Pour ne pas lui faire honte. Je sais que mon sens du commérage ne fait pas de moi le type le plus apprécié du domaine, mais je ne suis pas un salaud pour autant. Si tout le monde apprenait qu’Agnès est fauchée, la pauvre n’oserait même plus mettre un pied hors de chez elle.
Jeanne soupira puis s’éloigna, sans un mot.
Durant l’après-midi qui suivit, l’ex-enquêtrice passa en revue tous les éléments dont elle disposait. Pas une seule des hypothèses émises ne se vérifiait. Les pistes qu’elle avait menaient toutes à des impasses. Contrariée et fatiguée, Jeanne se mit au lit de bonne heure. En se couchant elle n’imagina pas qu’un drame se préparait et que sa nuit serait courte.
Vers cinq heures, elle fut tirée du sommeil pas des coups frénétiques à sa porte. D’abord agacée d’être ainsi réveillée, Jeanne comprit vite qu’il se passait quelque chose d’anormal. Entre deux coups sur le bois, elle entendait la voix de Franck qui l’appelait, mi-criant, mi-pleurant. Elle se leva à la hâte et sauta dans les premiers vêtements qu’elle trouva avant d’aller ouvrir.
Franck était là. Le visage aussi blanc que son t-shirt et les yeux rouges. Rouges aussi étaient les tâches qui maculaient ses habits, ses mains et ses bras. Du sang. Beaucoup. Énormément. Jeanne avait compris. Ce sang n’était pas celui de Franck. Mais alors, à qui appartenait-il ? D’anciens réflexes refirent surface. À gestes lents, la femme se décala vers la commode de l’entrée sur laquelle était posée une lourde statuette de bronze.
— Franck, s’il te plaît, reste où tu es. Dis-moi ce qu’il se passe.
— C’est Robert. Je l’ai trouvé comme ça. Jeanne… il est… je crois que…
— Allons-y !
Robert était étendu sous le vieux chêne. Il baignait dans une flaque de son propre sang, la bouche et les yeux ouverts. Jeanne réprima un haut-le-cœur et se concentra sur le reste de la scène. Le gardien avait les bras lacérés. Dans sa main gauche un gros tesson de verre lui avait manifestement servi à pratiquer les mutilations mortelles. L’éclat provenait certainement d’une bouteille de whisky ; les autres bris de verre et l’étiquette Jack Daniel’s se trouvaient à trente centimètres du cadavre. Non loin de là, les baies vitrées de la gargote avaient été vandalisées. « VOUS ÊTES TOUS DES MOUTONS » pouvait-on lire en lettres orange, tracées sans doute avec l’aérosol de peinture de chantier qui trainait au pied de l’arbre.
Franck était tombé sur cette horrible scène lorsque, pris d’insomnie, il était sorti pour faire son footing matinal avant que la chaleur de cette fin de mois d’Août soit trop forte. À présent il pleurait comme un gros bébé, assis par terre, à quelques mètres de Jeanne, toujours couvert du sang du pauvre Robert. Ses tentatives pour le sauver n’avaient servi à rien. Il était déjà trop tard quand il était arrivé sur les lieux.
Au loin, des sirènes braillaient. La cavalerie arrivait. Alors qu’elle allait se retourner pour accueillir ses anciens collègues, Jeanne s’interrompit. Un détail venait d’attirer son attention. Coincé entre le dos du cadavre et le tronc de l’arbre, plusieurs feuilles de papiers se trouvaient là. La femme s’en saisit et commença à les lires.
Jeanne blanchit sans même avoir à prendre connaissance en détails des différents feuillets. Elle avait sous les yeux de quoi éclaircir une grande partie de l’affaire mais aussi la preuve que le corbeau contrôlait tout de A à Z et jouait avec elle et son comité de surveillance. Peut-être-même en faisai…
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