Au revoir mes plans, par R.Th

Ce n'était qu'une vieille photo, prise sur un coup de tête et pourtant elle m'arracha une larme comme à chaque fois. Du sable, une petite fille qui faisait la roue en maillot de bain une pièce sous l…




Chapitre 4: Clomenski, par Νάουσα

Lorsque l’inspecteur Clomenski arriva dans l’immeuble, la fillette avait disparu ainsi que l’homme, ne restait qu’un corps, celui d’une femme, étalé sur le seuil avec le ventre explosé. La voisine, Mme Irmaz, répondait aux questions de deux policiers déjà sur place. Clomenski les salua d’un geste et entra dans l’appartement. Une équipe collectait déjà des indices.

— Chef, dit seulement Domerti.

Clomenski évaluait silencieusement les lieux, la disposition des objets, la nature du mobilier, les portes ouvertes et celles fermées, la vue depuis la fenêtre, les traces de poussière qui renseignaient sur l’absence de certains équipements, et puis la morte, le corps surpris tandis qu’il souhaitait rentrer à l’intérieur.

— Elle n’avait aucun papier sur elle. Le médecin légiste est en chemin, mais je dirais un seul coup, à courte portée. Un impulsif…

— Un ?

— Ouais, l’appartement était occupé par un dénommé Matthieu Redin, la vieille du palier le connaît plutôt bien, il habite ici depuis quelques mois seulement, suite au divorce d’avec sa compagne. Ils ont une gosse qui n’est jamais venue, en tout cas pas d’après sa voisine. Le type est parti précipitamment dans la matinée, peu après le coup de feu. Sa voisine l’a vu, elle est tout de suite sortie de chez elle après avoir appelé la police. Elle a de bons réflexes la mamie, mais à sa place je serai pas sorti de chez moi. D’ailleurs je pense qu’elle le regrette sérieusement.

Clomenski l’interrogea du regard.

— Un peu plus et le type la flinguait aussi. Honnêtement, je sais pas comment elle s’en est tirée.

— Faîtes-là venir au poste.

— Bien sûr, chef. Mais bon, les collègues sont en train de ménager son petit cœur. Elle est en état de choc.

— C’est quoi cette pièce ?

— Ha ça ! Ben justement chef, c’est la chambre d’enfant. Je pense qu’il accueillait de temps à autre sa gosse. Il y a un système de verrou assez… euh… particulier. C’est pas n’importe quel parent qui enfermerait ainsi son enfant.

Ils entrèrent.

— Puis, poursuivit Domerti, de toute évidence, la petite a passé la nuit ici.

Clomenski observa le lit défait, les draps gonflés en boule et l’oreiller au sol. La pièce était chaude. Quelques affaires de l’enfant étaient posées dans un coin : un cartable d’écolier et une écharpe blanche.

— Faut que je vous montre autre chose, ajouta Domerti.

Ils sortirent et se rendirent à la salle de bain. Domerti tendit à Clomenski une seringue consignée dans un sachet transparent.

— Ça non plus, c’est pas courant. Il est peut-être diabétique le daron, mais bon, on a rien trouvé dans l’armoire qui concordait. On a pas trouvé ce qui a pu être injecté. On verra ce que le labo nous dira.

— Bien, se contenta de dire Clomenski.

Il sortit de la pièce et entra dans la chambre de l’homme. Il ouvrit la fenêtre et s’installa sur la terrasse. L’appartement donnait sur la place des Sabres, peu fréquentée à cette heure. Le regard de Clomenski se posa sur un homme mal fagoté, écroulé sur un banc public. Clomenski se sentit soudain très fatigué et d’humeur sombre. Domerti patientait dans la chambre.

— Préviens la PJJ, dit brusquement Clomenski, je veux connaître toutes les disparitions de mineurs du secteur signalées sur les dernières 48h.

— Chef, répondit Domerti, puis il sortit de la pièce.

Clomenski regarda à nouveau l’homme sur le banc et pensa, si cet homme est fou, je ne retrouverais jamais l’enfant.