N'est-elle ?, par Νάουσα

Au matin, Clara était déjà partie. Elle devait faire des trajets insensés dernièrement et partait aux aurores. C’était moi qui accompagnais Amanda à l’école, qui lui préparais son petit-déjeuner, qui…




Chapitre 3: Au revoir mes plans, par R.Th

Ce n'était qu'une vieille photo, prise sur un coup de tête et pourtant elle m'arracha une larme comme à chaque fois. Du sable, une petite fille qui faisait la roue en maillot de bain une pièce sous les yeux ébahis de sa mère au visage à moitié caché par les cheveux battus par le vent. Mon Amanda avait grandie de jour en jour. Les cendres d'un passé que sa mère avait incendié ce jour fatidique où elle était arrivé avec un avocat et les papiers du divorce et son injonction d'éloignement. 

Je reposais l'image de ce passé idéalisé pour revenir à la dure réalité. Mon plan était pourtant parfait : attendre que Clara mon alibi s'en aille, aller chercher Amanda chez sa mère, la ramener en toutes discrétion et la garder silencieuse, publier les nouvelles de sa disparition en prenant l'exemple des articles que j'avais déjà publié pour les disparitions précédentes pour faire passer Ted, son beau-père pour la victime pour détourner le regard et disparaître dans un pays sans extradition. Les billets d'avions gisaient sous le journal, à côté de l'ordinateur. 

Alors, où m'étais-je trompé ? Pourquoi la jeune fille dans la chambre d'à côté n'était pas mon Amanda. Ô mon dieux, que venais-je de faire à cette innocente. L'inquiétude que reflétait ses yeux bleus, si semblables à ceux d'Amanda, me rappelait la peur dans ceux de sa mère. 

Je pris plusieurs inspirations en face de cette fenêtre derrière laquelle le jour avançait. Malgré l'heure avancée, la luminosité d'hiver et ses teintes de lumière qui n'éclaire pas vraiment diffusées par la buée donnaient aux voitures sur les trottoirs et aux arbres sans feuilles un aspect stérile comme si plus rien ne pourrait jamais pousser entre ces géants de verre. 

La course d'Apollon ne s'arrêterait pas pour moi ni mes projets. Comment faire maintenant, il fallait la garder endormie, alors quand ma montre tinta, je retournais injecter à cette imposture une dose de mon remède secret. J'en profitais pour lui jeter un nouveau regard. Même cheveux blonds, même grain de beauté à côté de l'oreille, mais ce n'était pas elle. La ressemblance était troublante, mais ce n'était pas elle. Quelqu'un voulait pourtant que j'y croie. 

Je refermais délicatement la porte, pour ne pas la réveiller, avant de me rappeler qu'elle ne pourrait pas. On frappa à la porte. J'hésitais un moment, mais la voix de Clara émergea de l'autre côté. Par mesure de précaution, je cachais le vieux glock de mon père, près à servir en cas d'échec, dans mon dos.

Lorsque j'enclenchais la poignée, elle rentra comme une fusée sans même me jeter un regard.

“Excuse-moi, j'ai oublié mes clefs. Tu sais où je les ai…”

Quelque chose ne collait pas. Même robe que ce matin, même visage, même cheveux, mais ce n'était pas la Clara qui avait quitté la chambre ce matin. Quelqu'un en avait après mes plans et manifestement, ils étaient plusieurs.

"Ô mon dieu ! Que fais-tu avec ce flingue.

Le coup était parti tout seul sans que j'y pense vraiment. Un irrémédiable moment qui ne pourrait jamais être rattrapé comme un verre qui rebondit sur le sol et se brise en mille morceaux. Ma seule balle visa juste et fit sauter la moitié du crâne de cette femme. Pourtant, lorsqu'elle avait parlé derrière la porte j'avais vraiment cru que c'était Clara.

Des cris naquirent sous mes fenêtres et dans l'immeuble. Même de la chambre des sanglots se faisaient entendre. Des cris malgré la drogue. Cette voix, c'était Amanda, j'en étais sûr et certain. Ma petite, ma fille, j'arrivais pour te protéger. Mais lorsque je passais la porte, je ne trouvais que l'imitatrice dans un demi-songe. Celle qui avait la voix de mon Amanda, lui ressemblait mais n'était pas elle. 

Un miroir brisé me renvoya une image multiple de ce champ de bataille qu'était mon visage. Rien ne correspondait était-ce encore moi ? Il fallait que je nous sauve. Mon plan avait échoué, bonne maison, bonne famille, mauvaise fille enlevée. Pourquoi ?

C’était moi qui accompagnais Amanda à l’école, qui lui préparais son petit-déjeuner, qui la réveillais, mais avant… Avant que sa mère ne parte et ne l'emmène loin de moi. Comme autrefois, je passais les bras dans le dos et sous les jambes de cette jeune fille. Je rêvais que ce soit mon Amanda, mais à défaut, c'est celle-ci qui partirait avec moi. Tendrement, doucement, comme autrefois, je fermais les yeux en sentant le parfum de ses cheveux et le chatouillis qu'ils faisaient naitre sur mon menton. Même parfum, même sensation, mais pas la même. Je te protègerai ma fille, dès que je t'aurai retrouvée.




Clomenski, par Νάουσα

Lorsque l’inspecteur Clomenski arriva dans l’immeuble, la fillette avait disparu ainsi que l’homme, ne restait qu’un corps, celui d’une femme, étalé sur le seuil avec le ventre explosé. La voisine, M…