Il faisait nuit.L'endroit n'était éclairé que par la lumière froide des lampadaires, dévoilant la route, le grand parking, et la gare non loin.Dans le ciel, la Lune était levée, son air naturel donna…
Au matin, Clara était déjà partie. Elle devait faire des trajets insensés dernièrement et partait aux aurores. C’était moi qui accompagnais Amanda à l’école, qui lui préparais son petit-déjeuner, qui la réveillais, mais avant… Avant un café-clope s’imposait. Comme toujours.
J’enfilai mon jeans puis un sweat et allai directement à la machine à café. Cela faisait des mois que je pensais acquérir un moulin pour broyer les grains, histoire de boire un truc convenable, ne pas me bousiller les intestins qu’avec du fusible en capsule. Mais bon, c’est comme pour tout, ça passe après le reste et finalement, dès le matin, c’était du noir que je broyais. C’étaient ces saloperies de nouvelles que je lisais avant de me coucher qui me retournaient le cerveau et au matin, je voyais tout à mal. Machine à café compris.
Après ça passait. L’air frais du balcon, la clope qui, d’une certaine façon, emplissait l’espace intérieur et me permettait de rejeter à l’extérieur des débris de nuit. Ils partaient en fumée et je me sentais mieux. Voilà. Je pouvais enfin commencer ma journée.
Je regardais au dehors les gens qui se déplaçaient comme sur un vaste échiquier. Celui-ci sautillait comme un fou, cet autre avait la cadence déboîtée d’un chevalier et enfin, le roi de la place qui ne quittait pas son banc. C'était ainsi, toujours le même jeu mais jamais la même partie.
L’heure passait et il était bientôt temps de réveiller la petite, mais avant… Avant mes mails. J’avais encore laissé l’ordinateur allumé - béance d’une énergie morte à l’adresse d’un absent, moi, parti me coucher. Je secouai la souris pour réveiller l’inerte et tombai sur l’article sur les disparitions.
Mon regard accrocha : « Amanda, 9 ans » et mon esprit se figea l’espace d’un instant. J’ai regardé ailleurs, pour rien, pour accrocher quelque chose de fixe comme un mur ou pour récupérer un brin de jugeote quelque part - l’espace d’une seconde, une demi-seconde peut-être. Puis je continuai ma lecture : « 29 septembre 2024 ». Je regardai le bas de l’écran où s’affichait alors : « 30 septembre 2024 ». Et je souris. C’était par réflexe, c’était un peu bête sans doute. Purement instinctif. J’ai agité la main et le petit pointeur sur l’écran s’emballa, se heurtant contre les bords du cadre numérique. « ses parents regardaient un film au rez-de-chaussée ».
« Putain. »
Je me forçais à rire, bien fort, juste pour évacuer au loin la frayeur que je m’étais faîte. Quel con ! Mais quel con… Le rez-de-chaussée du 4ème de l’immeuble ? N’importe quoi ! Ce soir on en rira avec Clara. Je fermai la page et éteignis l’ordinateur. Un coup d'œil à la pendule et je me dirigeai vers la chambre d’Amanda.
La porte de sa chambre était verrouillée, comme je le faisais tous les soirs. Je souris encore. Mais quel idiot je pouvais être, franchement ! Fallait que je me calme sur la parano, c’était sans doute pas bon pour la gosse. J’ouvris lentement la porte et l’appelai doucement.
« Amanda ? Amanda ? C’est papa, c’est l’heure de te lever ma chérie. »
Je remontais les stores vénitiens qui préservaient l’enfant de la clarté du matin quand j’entendis hurler. C’était elle, c’était l’enfant. Je me retournai et je vis la petite prostrée dans un coin du lit, ramassée contre le mur et qui me regardait comme… comme un inconnu.
« Amanda, Amanda, mais enfin calme-toi ma puce, qu’est-ce-qu’il t’arrive ? Tu as fait un mauvais rêve ? Aman... »
Je m’interrompis.
Cette enfant…
Cette enfant n’était pas Amanda.
Ce n'était qu'une vieille photo, prise sur un coup de tête et pourtant elle m'arracha une larme comme à chaque fois. Du sable, une petite fille qui faisait la roue en maillot de bain une pièce sous l…