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La nuit était tombée. Nous savions tous alors ce que cela voulait dire.
Jour après jour, nuit après nuit, le cauchemar était toujours le même.
Nos ami.e.s, nos familles, nos proches, nos voisins. Tous revenaient alors en ces funestes moments.
Leurs grognements étaient monotones, vides. Tout comme leurs yeux.
Il n’y avait plus rien des personnes qu’ils étaient avant.
Le pire n’était pas de les perdre dans un premier temps, ni même de devoir les affronter.
Le pire, c’était de les voir marcher, habillés comme avant leurs trépas, adultes comme enfants, portant même parfois leurs doudous. Le pire, c’était de les voir dans le village, de se demander si une part deux vivait encore, d’espérer un jour les voir revenir parmi nous.
Le pire, c’était de devoir tuer nos proches une deuxième fois, alors que nos entrailles hurlaient de les sauver.
Un hurlement se fit entendre dans la nuit, non loin de chez moi. Je reconnu aussitôt la voix.
À travers la fenêtre de ma porte, je pouvais voir l’une de ces choses cogner contre la porte de sa maison. Elle ne tiendrait pas longtemps.
Mon regard se porta sur mon épée accrochée au mur. Je pouvais aller dehors, j’avais un plastron.
Je pouvais aller sauver mon voisin. Mais je n’étais pas sûr de survivre.
Un bruit de bois grinçant et craquant vint à mes oreilles. Je n’avais que quelques secondes pour réagir.
Alors qu’un nouveau hurlement se fit entendre, en même temps que le bruit de la porte qui cédait, je pris mon plastron, l’enfila à toute vitesse, saisis mon épée, et sortis.
Il faisait froid dehors, et mon souffle faisait de la buée devant moi.
La créature était sur le point de pénétrer la maison.
J’hurlais à son encontre, tout en lui fonçant dessus.
Elle se retourna, et avança vers moi.
Dans ma course, je reconnu notre ancien forgeron, mon ami.
En quelques pas rapides, j’arrivai à sa hauteur, et lui enfonçait mon épée dans la poitrine.
Cette même épée que nous avions forgée ensemble, il y avait quelques années de cela.
La créature s’arrêta un instant, comme si elle se rendait compte de quelque chose, avant de tenter de se saisir de moi.
Je fis deux pas en arrière, sortant mon épée de son corps.
Elle ne voulais pas mourir.
D’un mouvement diagonal, je lui tranchai le bras droit, puis lui entaillai le torse dans un mouvement de retour.
Alors que mon ami fit un dernier pas vers moi, le bras gauche en avant, je fonçai vers lui, corps baissé, et lui tranchai la gorge, faisant tombée sa tête au sol.
J’étais en sueur.
Reprenant mes esprits, je me rappelai de la raison de cet affrontement.
Me rendant à la maison attaquée, j’y trouvais la libraire, et son enfant.
Ils étaient terrorisés.
D’un signe de tête, je leur fis signe que tout était fini.
Sa porte était arrachée à ses gongs, l’endroit n’était plus sûr.
Je fis signe de me suivre.
En sortant tous les trois, Un lumière vive nous aveugla, et une intense chaleur me brûla la gorge.
À ma droite, un immense incendie venait de s’emparer de la plus grande des maisons, et des cris de panique se firent entendre.
La peur me tordit les boyaux.
D’un coup, j’entendis un grognement à ma droite, alors que j’avais baissé ma garde.
Une créature était tout proche, à quelques pas de me mordre. Paniqué, je voulu reculer, et tombai sur le sol, impuissant.
C’en était fini de moi.
Mais alors que je voyais la mort venir, la créature eu un mouvement de secousse, se stoppa, et s’effondra au sol.
Derrière, plus loin, notre maître archer tenait son arc à la main. Il était blessé, saignait, et était à bout de forces.
Derrière lui, d’autres créatures arrivaient, et la grande maison continuait d’être ravagée par les flammes.
Dans son regard, je pouvais lire la peur de mourir, mais aussi la résignation. Il le savait, il ne survivrait pas à la nuit.
Il tourna les talons, hurla pour se faire entendre des créatures, et alors que plusieurs d’entre elles se dirigeaient vers lui, il les rapprocha de la grande maison. Au moment propice, il termina d’achever la structure déjà fragile, et la maison s’effondra sur elle-même, projetant des gerbes de flammes tout autour et au dessus d’elle. Le maître archer, et les quatre créatures qui l’avaient suivit, furent engloutit dans le brasier.
Me relevant, je ne pouvais que constater l’horreur de la situation.
Cependant, je n’avais pas le temps de pleurer les victimes, il fallait trouver un endroit sûr, et vite.
La première idée qui me vint fut la forge. Avec la grande maison en flammes, et détruite, c’était sûrement le meilleur endroit.
Je fis signe a la libraire derrière moi de me suivre. Elle prit son enfant dans les bras, et nous nous mirent à courir.
Le village était envahit, plusieurs portes avaient cédées, mais la plupart des habitants s’étaient barricadés avec d’autres meubles.
Nous tournâmes à l’angle d’un champ, pour voir le corps effondré d’un de nos deux golems, le bras en avant. C’était le tout premier que nous avions réussi à créer.
Après plusieurs enjambées, nous arrivâmes enfin à la forge. Derrière le bâtiment, quelques nuages commençaient à prendre une couleur rosée. Le jour arrivait.
Je fis d’abord rentrée la femme et son enfant, avant d’entrer moi-même, fermer la porte, et la bloquer avec ce que trouvais.
Nous restâmes là, sans bouger, une bonne heure durant, avant d’entrendre les premières créatures commencer à brûler, et s’éteindre.
Encore une demi-heure plus tard, les premières voix s’élevèrent, demandant à qui le pouvait de se montrer.
Nous sortîmes alors.
Une nuit de plus venait de passer. Une nuit terrible, et funeste. Il fallait reconstruire, pleurer nos morts, et se préparer à la nuit prochaine.