Rouge comme..., par Mello

Surpris, il tendit les doigts afin de s'emparer  du cachet gluant de bave. La sensation sur sa peau lui évoqua un paysage blanc, froid, vide. Fronçant les sourcils, il approcha sa trouvaille de ses y…




Chapitre 4: Le cycle sans fin, par LéaLune

Il se redressa lentement, l’esprit engourdi par la fatigue et l’angoisse, son regard fixé sur le sol carrelé où le comprimé bleu avait roulé. Tout semblait avoir perdu de sa substance, comme si la réalité elle-même se dérobait sous ses pieds. Le bruit de l’alarme avait cessé, et le silence s’installa, plus lourd encore que le vacarme précédent.

Avec un dernier effort, il tenta de bouger, mais ses jambes... ces jambes qui ne lui appartenaient plus, étaient comme des colonnes de céramique figées. Le carrelage sale, les murs en ruine, la lumière rougeâtre qui baignait la pièce : tout cela lui paraissait à la fois terriblement familier et étranger, comme un cauchemar dont il ne pouvait s’échapper.

Les souvenirs revenaient par vagues, comme des éclats douloureux d'une autre vie. Il avait déjà vécu cela. Le comprimé bleu, la sueur froide, les bas résille… La panique qui l’avait saisi dès son réveil. Tout cela n’était qu’une répétition, une boucle infinie. Chaque fois, il se réveillait en sueur, toujours dans ce lit, toujours avec la même peur qui l’assaillait.

Il tenta de se lever, mais à peine se mit-il debout qu’il s’effondra de nouveau. Sa respiration se fit haletante, comme s’il suffoquait. Le même décor, la même pièce, la même angoisse. Il était piégé, prisonnier de ce cercle vicieux. Une nouvelle fois, il porta ses mains à ses tempes, désespéré de trouver une sortie à cette souffrance insoutenable.

« Wer bin ich ? » chuchota-t-il dans un souffle.

Les mots, familiers mais étrangers, résonnèrent dans le vide. Il n’avait plus de réponse. Il n’y en avait jamais eu.

Il se redressa une fois de plus, les membres tremblants, et regarda autour de lui. L’espoir d’une solution, d’une issue à cet enfer onirique s’était éteint. Tout recommencerait encore. Bientôt, il se réveillerait dans ce lit, couvert de sueur, avec cette même terreur paralysante qui l’engloutirait. Et tout se répéterait. Encore et encore. Une boucle infinie.

Une partie de lui voulait lutter, crier, briser cette mécanique infernale. Mais une autre partie, plus résignée, savait qu’il n’y avait pas d’échappatoire. Pas de porte de sortie. Pas de réveil salvateur. Simplement une répétition sans fin d’un rêve devenu cauchemar, où le temps se dérobait, s’étirait et recommençait inlassablement.

Le cycle était inévitable.

Alors que la dernière lueur de conscience s’éteignait dans son esprit, il ferma les yeux et s’effondra à nouveau sur le sol, le cœur lourd de savoir que, bientôt, il ouvrirait les yeux.

Encore.