Je m'approchais à pas de loups de la grotte, essayant d'être le plus furtif possible. Alors que j'aurais aisément pu m'y faufiler, j'entendis un bruit de pas distinct et décidai de me mettre à couver…
Je pris une grande inspiration, le poids de la lettre dans ma poche devenant de plus en plus lourd. L’atmosphère, chargée de tension, fut soudainement brisée par un gargouillement sonore. Mon estomac me rappela que je n’avais pas mangé depuis des heures. Morgane me regarda, un sourire en coin.
— Avant d’ouvrir cette lettre, vous feriez bien de reprendre des forces, dit-elle en désignant une petite marmite posée sur le feu. Je suis peut-être une étrangère, mais je sais que la faim peut troubler un jugement.
Elle avait raison. Le parfum qui s’échappait de la marmite était irrésistible. Je m’approchai doucement du feu, encore méfiant, mais incapable d’ignorer les effluves. Morgane remuait un mélange coloré de légumes et d'herbes dans un bouillon épicé. Le plat, simple mais appétissant, me donnait l'impression de renouer avec une certaine normalité, une chaleur oubliée.
— Ce n’est pas grand-chose, mais c’est nourrissant, dit-elle en servant une portion généreuse dans une petite écuelle en terre cuite.
Je pris le bol sans un mot, laissant la chaleur de la soupe envahir mes mains. La première cuillerée m’emplit d’un réconfort immédiat. Des pommes de terre fondantes, des carottes et des champignons imprégnés des arômes d'herbes sauvages. Ce plat sans viande, pourtant modeste, me réchauffait l’âme et me redonnait de l’énergie.
— C’est bon, dis-je en souriant faiblement.
Morgane hocha la tête, mangeant en silence à mes côtés. L’atmosphère se détendit peu à peu, et mes pensées, moins encombrées par la faim, revinrent à l’essentiel.
Une fois mon estomac apaisé, je sortis la lettre de ma poche. Le cachet de cire rouge, orné d’un crâne et de deux roses croisées, me renvoyait directement aux énigmes laissées par mon père. Il était temps de l’ouvrir.
— Prêt ? demanda Morgane en relevant les yeux, ses taches de rousseur éclairées par la lueur du feu.
Je pris une dernière cuillerée de soupe avant de briser le sceau.
"Mon fils,Si tu lis cette lettre, c'est que tu arpentes aujourd'hui les chemins que nous avons partagé lorsque tu étais enfant. Il te faut désormais redoubler de vigilance, car la mission que je te p…