🌠 Plongez dans le "Rêve" : 2ème Édition de Notre Concours de Nouvelles CollaborativesChers membres de The Root Book,Suite au succès retentissant de notre première &e…
La lumière du matin perçait doucement à travers les rideaux en lin blanc, baignant la chambre d’une chaleur douce et réconfortante. Claire s’éveilla lentement, comme chaque jour, avec cette sensation de paix intérieure qui l’accompagnait depuis des années. À côté d’elle, Max dormait encore, son souffle régulier créant une harmonie parfaite dans le calme environnant. Tout était toujours si paisible, si parfaitement orchestré.
Elle se leva sans bruit, glissant hors du lit, et se dirigea vers la cuisine. Le café était déjà prêt, comme toujours, grâce à la cafetière programmée. Elle observa le jardin impeccablement entretenu par la grande baie vitrée, un petit sourire aux lèvres. C’était une nouvelle journée. Une autre journée parfaite. Parfois, ce calme lui semblait presque surnaturel. Comme si chaque élément de sa vie savait exactement où et comment se placer.
Sa vie ressemblait à une toile soigneusement peinte, sans la moindre imperfection. Un mariage heureux, une carrière florissante dans le marketing, une maison de rêve dans un quartier chic. Rien ne semblait hors de portée pour elle. Tout ce qu’elle avait souhaité dans sa vie, elle l’avait obtenu, presque sans effort. Si quelqu’un avait demandé à Claire comment elle s’était construite une telle existence, elle n’aurait pas su quoi répondre. Tout avait toujours coulé de source. Mais parfois, en silence, elle se demandait comment cela pouvait être aussi... facile.
La journée s’annonçait douce. Elle retrouva Max dans la cuisine, un sourire charmeur au coin des lèvres. Il l’embrassa sur le front avant de partir travailler. Comme chaque jour.
Claire s’installa à son bureau, en prévision d’une réunion. Ses collègues étaient enthousiastes à l’idée d’un nouveau projet, et elle adorait ce qu’elle faisait. Les idées fusaient dans son esprit, et elle savait déjà qu’elle mènerait ce nouveau défi avec succès. Le succès, c’était tout ce qu’elle connaissait. Mais ce jour-là, une pensée étrange lui vint. Depuis quelques semaines, elle ressentait parfois un léger malaise, un sentiment diffus qu’elle ne parvenait pas à nommer. Rien de concret, juste une sensation de flottement.
En feuilletant une revue de mode, elle s’arrêta sur une page présentant un collier en or blanc, incrusté de petites pierres d’un bleu profond. Elle aimait ce design minimaliste et élégant, mais ne s’y attarda pas plus que ça. Le bijou coûterait sûrement une petite fortune, et elle avait déjà tant de choses. Elle ferma la revue et retourna à ses dossiers. Pourtant, l’image du collier restait gravée dans son esprit, presque comme une idée lancinante qu’elle n’arrivait pas à chasser.
Quelques heures plus tard, alors qu’elle terminait sa journée de travail, Max rentra plus tôt que prévu. Il avait l’air particulièrement excité, comme un enfant prêt à révéler une surprise.
« Tu ne devineras jamais ce que j’ai trouvé aujourd’hui », dit-il en souriant.
Curieuse, Claire haussa les sourcils. Max lui tendit une petite boîte soigneusement emballée d’un ruban doré. Elle le regarda, intriguée, avant de défaire lentement le nœud et d’ouvrir la boîte. Son cœur manqua un battement.
À l’intérieur, se trouvait le collier exact qu’elle avait vu plus tôt dans la revue. L’or blanc, les pierres bleues… tout était identique. Parfaitement identique.
« Je me suis dit que ça te plairait », dit Max, visiblement fier de sa trouvaille. « Ça m’a fait penser à toi immédiatement. »
Claire sourit, mais son cœur battait plus vite. Comment était-ce possible ? Elle venait à peine de penser à ce collier, et là, il apparaissait comme par magie, dans les mains de son mari. Elle n’avait même pas mentionné son envie à haute voix.
Elle essaya de chasser l’étrange sensation qui montait en elle. C’était juste une coïncidence. Après tout, Max avait toujours été bon pour deviner ses goûts. Mais quelque chose n’était pas tout à fait normal. Elle n’arrivait pas à se débarrasser de cette impression troublante.
Ce n’était pas la première fois que ses désirs semblaient se matérialiser si facilement. Depuis son enfance, elle avait toujours eu ce qu’elle voulait. À chaque étape de sa vie, les choses se réalisaient comme si l’univers conspirait pour la combler. Elle voulait une promotion ? Elle l’avait obtenue. Elle rêvait d’un voyage ? Une opportunité se présentait toujours. Même son mariage avec Max avait été une succession de moments parfaits, sans les difficultés habituelles que ses amis évoquaient.
Mais ce collier… C’était trop précis, trop immédiat. Une chose est d’avoir de la chance, une autre est de voir ses pensées devenir réalité presque instantanément. Et si cela n’était pas juste de la chance ? Et si quelque chose d’autre se cachait derrière cette vie de rêve ?
Elle se souvenait de la semaine précédente, lorsqu'elle avait pensé à un vieil ami qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps. Elle s’était promis de l'appeler... mais avant même qu’elle ne prenne son téléphone, cet ami l'avait contactée par hasard. À chaque fois qu’elle voulait quelque chose, tout semblait se réaliser sans qu’elle ait besoin de faire le moindre effort. Cela devenait trop flagrant. Trop parfait.
Le soir, après que Max se soit endormi, Claire se retrouva éveillée dans le silence de leur chambre. Le collier brillait doucement sur sa table de chevet, comme un rappel persistant. Elle le fixait, essayant de se convaincre qu’il n’y avait rien d’anormal.
Mais ce doute, si infime au départ, commençait à se propager en elle. Son esprit refusait de se calmer. Elle repensa à toutes les autres fois où elle avait obtenu ce qu’elle voulait sans même vraiment essayer. Tout s'était toujours aligné pour elle, sans qu'elle n'ait jamais besoin de forcer le destin. Comme si... comme si tout avait été trop facile.
Elle ferma les yeux et poussa un long soupir. Les pensées s’enchaînaient, tourbillonnant dans son esprit. Était-ce réellement elle qui façonnait sa vie ? Ou était-elle simplement portée par une force invisible qui anticipait ses moindres désirs ? Elle n’arrivait pas à trouver de réponse.
"Tout est trop beau pour être vrai, non ?”
La question flotta dans l’air, suspendue, tandis que Claire fixait le collier une dernière fois avant d’éteindre la lumière. Pour la première fois, la perfection de sa vie lui sembla… étrangère.
Max eut un de ses réveils que l'on a parfois. Soudains. Les yeux grands ouverts, sans avoir ressenti la moindre sortie progressive du sommeil, sans ressentir la moindre fatigue résiduelle. Il vérifia l'heure, alors que la chambre était encore plongée dans un bleu sombre, froid, silencieux. Les rideaux en lin blanc étaient teintés de nuit. Claire dormait encore, et cela lui glaça le sang, car il ne s'était encore jamais réveillé avant elle jusque là.
Et surtout, le collier qu'il lui avait offert hier soir… Il y en avait à présent plusieurs sur sa table de chevet. Une dizaine. Peut-être une vingtaine. Max étouffa un juron et sortit, le coeur battant, le plus silencieusement du lit. Il fit un effort pour ne pas s'empresser de ramasser tous ces colliers d'orfèvre en or blanc, parfaitement identiques, car s'il ne fallait absolument pas que Claire les voit, et il ne fallait pas non plus la réveiller, jonglant entre vitesse et discrétion, retenant même son souffle pour qu'il n'effleure pas le visage de son épouse. Il sursauta une première fois lorsque la machine à café programmée s'enclencha en contrebas dans la cuisine avec un boucan qu'il jugea d'enfer, signalant qu'il ne restait plus beaucoup de temps avant que Claire ne se… Il sursauta une seconde fois alors que son téléphone se mit à sonner. Cette fois, il se précipita, fourra ces fichus colliers dans la poubelle à couvercle basculant, cachette improvisée et provisoire, et se précipita hors de la chambre avec son téléphone hurlant. Juste à temps car le matin apparut subitement pour baigner la chambre dans une chaleur douce et réconfortante.
En arrivant dans la cuisine, un plateau de viennoiseries, de fruits, et de pain frais, de beurre, de confiture, l'attendait, et les tasses de café s'y étaient déjà téléportées. Max ne montra aucun signe de surprise, et se contenta de remonter vers leur chambre avec le petit-déjeuner.
Max s'étonnait encore qu'il soit si bon menteur, mais après tout, il avait fait cela toute sa vie.
Installant son butin sur le lit et reprenant place à ses côtés, il constata que son épouse était entrain d'examiner à nouveau le collier d'or blanc.
Si Max en rigola, il était horrifié intérieurement. Il avait toujours été parfait, jusque-là. Comment, d'où venait ce petit bedon étranger ? Décidément, quelque chose n'allait pas aujourd'hui, et si le petit-déjeuner se passa merveilleusement, et que tout était absolument délicieux, il voyait bien que Claire n'était pas comme d'habitude. Et alors que son joli regard se perdait dans une pensée mélancolique, elle laissa échapper.
Claire sourit, mais ne répondit pas.
Claire s'empourpra mais ne bougea pas, savourant le contact de l'homme qu'elle aimait, fermant les yeux alors qu'il enfouissait tendrement son visage contre lui, tandis qu'on pouvait apercevoir, par la fenêtre de leur chambre, un dragon rose avec une trompe et des oreilles d'éléphant traverser le ciel.
Plus tard, alors que leurs chemins se séparaient pour le travail, Max rappela sa belle-mère.
Claire se rendit à son bureau, aujourd'hui, c'était en télétravail. Elle embrassa Max et il partit au travail comme tous les jours. Seulement, elle était animée d'un sentiment étrange, elle voulait dire que ce n'était pas comme tous les jours justement. Elle relégua ses pensées dans un coin de sa tête, pour se concentrer sur son nouveau projet, qui serait un succès, elle en avait le sentiment. Mais ce sentiment autrefois familier était de plus en plus étrange et inconfortable. Semblable à du toc.
Soudain, au plein milieu de sa chambre, elle fut comme aspirée, elle disparut du bureau en chêne massif et se retrouva observatrice. En suspension, semble-t-il, d'abord de la chambre d'où elle travaillait puis brusquement de Max, dans la rue au téléphone, inconsciemment, elle savait avec certitude que l'interlocuteur en face était sa mère. C'était vraiment étrange, d'abord le collier, puis le petit-déjeuner sans parler de tout ce qui lui est arrivé avant. Max dit tout à coup :
- “Tu le penses ?”
- “Oui, mais j'espère me tromper, raccroche, on ne sait jamais" répondit ma mère.
La communication coupa et elle revint à leur chambre au même endroit d'où elle était partie. Alors avant, si ça pouvait passer pour “étrange”, maintenant, c'est clairement du fantastique, se dit-elle.
Toute la journée, Claire ne parvint pas à se concentrer sur le projet, ses collègues, le remarquèrent et plein de sollicitude, ils la questionnèrent. Ce brusque intérêt pour sa santé la surpris puis l'agaça quelque peu : à plusieurs reprises ils interrompaient la réunion. Cependant ils ne lâchèrent pas l'affaire et cela commençait à la contrarier. Quand elle pensa que cela, était un peu trop et qu'elle voulait la paix, ils prétendirent des rendez-vous urgent partout ailleurs et quittèrent la réunion. Elle se retrouva seule. En paix ? Comme ce qu'elle avait souhaité ? De plus en plus étrange.
Il lui restait plus de deux heures avant que Max rentre du travail. Elle en profita pour faire ce qu'elle ne fit pas souvent, appeler sa mère.
Claire avait oublié la dernière fois qu'elle lui avait parlé. Cela devait être pour son anniversaire, elle aimait que sa mère s'en souvienne. Et elle le faisait à chaque fois. Elle prit la décision de faire une liste de tout ce qui lui avait été accordée sans qu'elle n'eût besoin de formuler le vœu à voix haute. Cette liste non exhaustive, était faite en cinq minutes et comporte des oublis.
- Les contrôles de géographique qu'elle n'avait pas révisé et elle souhaitait se rappeler de sa leçon. Elle avait eu 18 ou 19 à chaque fois.
- Sa rencontre avec Max, elle avait eu un coup de foudre pour lui et avait souhaiter qu'il vienne lui parler. Le lendemain, il vint au lycée avec des fleurs pour lui proposer de sortir avec lui.
- Ses études, elle les avait réussies en étant major de promo et sans que sa santé due en pâtir comme les autres étudiants qui passaient leur nuit à réviser.
Elle fut résolue de mener l'enquête sur ces différents moments principaux de sa vie où elle obtint ceux qu'elle voulut presque sans effort. Claire appela sa mère en premier lieu. Puisque que c'est elle l'interlocutrice de Max sur leur conversation étrange.
Sa mère décrocha à la première sonnerie, comme si elle attendait son appel.
- “ Oui ma chérie, que se passe-t-il ? De quoi as-tu besoin ? ” Demanda ma mère.
- “ Dis-moi sincèrement, de quoi parlais tu avec Max ce matin ? ”
- “ Tu nous as entendus …? Mais… de rien d'important, voyons. Ne te tracasse pas pour cela ! ”
- “ Je…. J'ai tout entendu, ne me dit pas que c'était rien, je sais que c'est faux. Alors de quoi as-tu parlé avec Max ? ”
- “ Le temps est chouette aujourd'hui n'est-ce pas ? ”
Prise d'une idée en tête pour vérifier une bonne fois pour toutes ce prétendu souhait réalisé à chaque fois. Elle souhaita trois fois que sa mère lui raconte le secret qu'elle cachait. Avant qu'elle ne put ajouter un mot, elle dit :
- “ Claire, tu souhaites vraiment savoir de quoi j'ai parlé avec Max ce matin ? ”
Elle ne l'avait jamais appelé Claire, toujours ma chérie…
Et Claire dit oui
- “ Claire, ce que je vais te raconter, je le fais à contrecœur. C'est parce que tu l'as souhaité et je ne peux ignorer tes souhaits. La vérité, c'est que je ne suis pas réelle, c'est toi qui m'as imaginé, façonnée et fait exister. Sans toi, je ne serai pas là. "
Quoi ? Non, cela était impossible, elle ne peut pas façonner les gens, ils ne sont pas de la pâte à modeler non plus. Sa mère perdait le nord ? Et si c'était elle ?
- “ Maman, c'est impossible, je ne peux pas façonner qui que ce soit. Je ne suis pas un dieu pour soumettre tout le monde à ma volonté. Toi la première. "
Le silence au bout du fil indiquait que sa mère hésitait à répondre. Claire n'était plus sûr de vouloir connaître la vérité, elle avait peur de se qu'elle devrait en faire. De ce qu'elle allait bouleverser et d'elle-même. Qui elle était. Ou ce qu'elle était. La communication se coupa. C'était elle qui l'avait voulu ? Elle commençait à devenir parano, tout ce qui lui arrivait, elle pensait qu'elle l'avait souhaité, consciemment ou inconsciemment.
Elle resta assise sur la chaise, pensant elle ne sait combien de temps, et puis tout à coup elle entendit des clés dans la serrure. C'était Max qui rentrait du travail.
Ils mangèrent en silence, ce qui était très rare. Max tous les jours lui demandait sa journée, ses collègues, son travail… Mais pas ce soir. Claire passa la soirée et une bonne partie de la nuit à réfléchir sur cette vie de paradis qu'elle avait eu sans vraiment avoir fourni un grand effort.
Max ne savait pas vraiment quoi faire puisque à l'évidence, Claire ne savait pas non plus, alors il fit comme tous les jours. Il espéra que cette technique lui permettrait de ne pas attirer l'attention de Claire.
Passé l'épisode de la surprise et de la peur Claire commença à se dire que ces pouvoirs étaient un cadeau, qu'elle utiliserait à bon escient bien évidemment. Que ce cadeau elle s'en montrerai digne et ne voulait pas qu'il disparaisse. Le matin, elle voulut passer la journée à Disneyland. Ils prirent plein de photos avec Mickey, Belle et Raiponce. Le lendemain, elle voulut être le monde de ses livres préférés, elle put vivre aux côtés des dragons et des princesses dans des royaumes féeriques. Le surlendemain, elle recommença l'expérience de la veille, mais elle rencontra les méchants des livres. Elle commença à prendre un peu peur face à Voldemort.
Et le quatrième jour, un moustique l'embêta pendant la nuit, elle se réveilla et les infos déplorèrent des milliards de moustiques morts dans toutes les rues, à Chicago, Tokyo, Paris, partout. La maison silencieuse la fit frémir, alors survint un tintamarre infernal. Elle eut vraiment peur à ce moment-là.
Et tout n'alla qu'en s'empirant dans la journée, le présentateur météo se retrouva mort de froid, car il avait annoncé un peu de pluie dans la journée.
Le marchand de journaux fut retrouvé étouffer avec ses journaux, car il criait un peu trop fort les gros titres du matin.
La machine à café fut retrouvé transformé en punching ball à cause d'une monnaie non rendu…
Le soir Claire paniqua sévèrement quand Max arriva derrière elle pour lui dire bonjour, mais, surprise, elle prit peur et il disparut d'un coup.
Le silence pensant fut déchiré par un tic-tac répétitif qui la faisait frémir de peur, c'est comme le son du détonateur d'une bombe. Elle courra dans l'appartement et répétait : " Non non, ce n'est pas possible, c'est un cauchemar, je veux me réveiller… "
Claire tout à-coups sursauta dans son lit, elle regarda le réveil qui affichait 7 h 30, c'était lui qui sonnait d'un bruit incessant. Elle se leva et se rappela son rêve très étrange de cette nuit. Elle avait mené une vie de rêve, elle avait tout ce qu'elle a voulu, même si cela finit en cauchemar.
Elle ria intérieurement, la vie est loin de vous apporter tout sur un plateau. Max, le plus beau mec du campus ne la calculait pas, ses notes de Géo étaient un gouffre sans fond. Et elle se couchait tous les soirs ou tous les matins plutôt à deux heures pour tenter de suivre le rythme des cours. Et Dieu, merci le présentateur météo et le marchand de journaux étaient bien en vie. Et la machine à café fut revenue à l'état normal. Ainsi que les moustiques malheureusement.
Les rêves étaient fantastiques, mais sa vie était beaucoup plus réelle et d'une certaine manière plus authentique.