Le soleil déclinant se faufilait entre les arbres, créant des jeux d’ombres sur les deux escaliers qui s’offraient à moi. J’hésitais un instant, pesant mes options. Le bruit derrière moi se faisait p…
Je m'approchais à pas de loups de la grotte, essayant d'être le plus furtif possible. Alors que j'aurais aisément pu m'y faufiler, j'entendis un bruit de pas distinct et décidai de me mettre à couvert dans les buissons environnants. La jeune femme, Morgane, surgit au milieu de la clairière et s'assit sur une pierre face au foyer éteint. Je ne pouvais pas bouger, de peur de révéler ma présence, et me voyait déjà prisonnier de ma cachette. Des nuages à l'horizon annonçaient une nuit pluvieuse, et le soleil commençait déjà à décliner vers l'ouest. Comme Morgane pénétrait dans la grotte, j'y vis ma chance de m'échapper discrètement, mais au premier froissement des feuilles, elle fit volte-face, suspicieuse. Je ne pensais pas qu'elle m'avait vu, et tâchais de calmer ma respiration du mieux que je pus. Elle reprit ses activités, ressortant de la grotte avec une petite grille et une casserole. Reprenant sa place auprès du feu naissant, elle tira de son sac le cadavre d'un lièvre et entreprit de le dépecer:
- T'as pas faim ?
Aussitôt, je cherchais du regard une autre personne qui aurait échappé à ma vigilance, mais à l'évidence, il n'y avait personne. Personne d'autre que moi…
- Pourquoi tu te caches ? Ca fait des jours que je t'attends, à vivre comme une nomade et à arpenter ce chemin dans l'espoir de t'y apercevoir.
Intrigué et un peu gêné par ces confessions, je me levais prudemment afin de me rendre visible par mon interlocutrice.
- C'est mon père qui vous a chargé de me surveiller, n'est-ce pas ?
- C'est bien lui, mais j'aurais jamais cru que vous auriez peur de moi…
- Je n'ai pas peur, mais si votre père avait disparu dans ces circonstances, vous seriez sur vos gardes vous aussi, je crois
- Vous êtes méfiants, et un tantinet voleur, vous n'auriez pas quelque chose qui m'appartient ?
- Je parie que vous l'avez laissé tombé exprès… Morgane Chevalier, c'est bien ça ?
- C'était la meilleure façon de vous faire comprendre que je n'étais pas une menace pour vous. Vous ne m'auriez pas laissé vous parler, n'est-ce pas ? Avez-vous lu la lettre ?
- Non. Vous avez l'air d'en savoir bien plus que moi sur mon père. Savez-vous s'il est encore en vie ? Et dans ce cas, où est-il ?
- Je n'en sais pas plus que vous. J'ai été engagée pour vous protéger, et vous empêcher de vous égarer. Votre père, du fait de sa carrière militaire, était au courant de nombreux secrets, et certains l'ont rattrapés. Il m'a donné une mission, celle de faire en sorte que VOTRE mission soit un succès.
- Et quelle est ma mission ?
- Vous avez franchi la première étape: “le sentier aux érables te donneras des débuts de réponse, papa”, tel est le contenu du fax que vous avez reçu à votre travail et qui vous a mené jusqu'ici, c'est bien ça ?
- En effet. Connaissez vous l'étape suivante ?
- Pour le savoir, je crois qu'il est temps d'ouvrir cette lettre…
Je pris une grande inspiration, le poids de la lettre dans ma poche devenant de plus en plus lourd. L’atmosphère, chargée de tension, fut soudainement brisée par un gargouillement sonore. Mon estomac…