Tous les passagers étaient maintenant dans le train mais il y régnait une sensation oppressante de solitude. J'avançais lentement le long du couloir sombre à la recherche de mon compartiment. Je me s…
Je me décidais à m'installer confortablement. Après tout il allait se passer plusieurs heures avant d'arriver à destination…
Je me demandais si le train ferait quelques arrêts pour prendre d'autres passagers ou si nous ne nous arrêterons seulement qu'au terminus.
J'entrepris d'inspecter plus en détail le wagon où je me trouvais. Une lumière blafarde passait à peine à travers les deux petites vitres qui ruisselaient de pluie. Le brouillard ajouté à la fumée de la locomotive me donnait l'impression que le train avait quitté les rails et fendait les nuages, si ce n'est que la campagne au loin me confirmait que nous étions toujours sur terre.
Deux autres garçons étaient également assis dans notre compartiment. Nous nous regardions tous un peu à la dérobée, personne n'osait briser le silence. D'après les longs regards qu'ils échangeaient avec prudence, j'en déduisis qu'ils se connaissaient déjà.
Mes yeux se fixèrent alors sur la jeune femme en face de moi. J'avais l'impression de l'avoir déjà vu quelque part, mais où ? J'essayais en vain de fouiller dans ma mémoire, mais impossible de me rappeler de notre rencontre. Au bout de quelques minutes elle se décida à briser le silence d'une voix grave mais étrangement mélodieuse.
- Vous aussi vous avez été choisi ou vous êtes volontaire ?
- J'ai reçu une lettre bien mystérieuse. Je n'ai eu d'autre choix que de prendre ce train. Le délai était un peu court mais il me fallait saisir cette occasion.
- Comme beaucoup d'entre nous je pense ! Eliséa … me dit-elle en me tendant la main.
- Moi, c'est Thomas.
Je me rendais soudain compte que tous les passagers que j'avais pu apercevoir sur le quai ou bien même dans le wagon avaient tous plus ou moins mon âge.
Petit à petit les langues se délièrent… Finalement comment pouvoir faire confiance ou non aux autres si je ne les connaissais pas. J'essayais donc d'en apprendre un peu plus sur mes compagnons de voyage. Ma première impression se confirmait : Octave et Edouard étaient des amis de longue date. A mesure de notre discussion, nous réalisâmes que personne ne connaissait vraiment notre destination finale. Nous avions tous reçu la même lettre : c'était à la fois excitant et déroutant.
J’eus soudain une vision où je vis Eliséa qui me tendait la main, les yeux pleins de larmes. Je ressentis un pincement au coeur. Elle ouvrit la bouche pour me dire de….`
… Toi aussi, non , Thomas ? Thomas, tu nous écoutes ?
… Heu, oui ! Pardon, je me demandais seulement à quel point notre rencontre est le fruit du hasard ou si quelque part tout n'est pas déja décidé à l'avance.