Partie 1 : Enfance, par R.Th

J’emprunte une ultime fois ce couloir avec émotion et passe la petite porte mentale. Comme d’habitude, la nuit la plus profonde m’y accueille. Je m’y attends et savoure ce silence avec joie. À l’exté…




Chapitre 2: Adieulescence, par R.Th

Alors que je tombe, les baffles propulsent un vent qui arrêtent ma chute. Un riff de guitare, puissant, violent, de ceux qui font trembler le moindre de vos os et enflamment votre âme. 

« Tired of being what you want me to be ! »

Ca y est, le papillon est prêt à prendre son envol pour conquérir le monde qui l’attend. Des rêves de gloire. Des rêves de pouvoir, car il faut que ma vie ait un sens. Que le monde que me laissent mes aïeuls disparaisse afin que j’y établisse mes propres valeurs. Alors qu’eux rêvent de plastique et d’une maison, je songe à la nature, à la musique et à la liberté. Je songe au jour où l’argent et les frontières laisseront enfin la place à la coopération et la paix. Le monde et ses contrées inconnues m’attendent. Mais pour ça, je refuse un futur tracé qui me mènera à passer ma vie assis à un bureau.  

« Feeling so faithless, lost under the surface. »

Je cherche ceux qui me ressemblent, mais alors que je parcours la foule jour après jour, peu d’élus répondent à l’appel. On m’oblige pourtant à les cottoyer sur les bancs du lycée, de même que ces profs aigris qui ne font que répéter un système qui se meurt. 

« Don’t know what you’re expecting of me. » 

Il est le temps du changement. Mon heure est venue et elle entraînera celle du changement. D’ailleurs, toutes les histoires qui me font vibrer démarrent de la même manière : un outsider auquel je m’identifie développe des pouvoirs insoupçonnés pour défaire un ennemi surpuissant. Je suis l’avenir, un véritable dieu qui définira leurs lendemains.  

« Put under the pressure of walking in your shoes. » 

Et pourtant cet avenir, je le crains. Il me terrifie autant qu’il m’excite. Tout y paraît très coloré et puissant, tout comme mes émotions. La colère : ils ne comprennent pas ce que je veux leur dire, ils ne comprennent pas ce qui arrive. Le marchandage : aidez-moi, j’ai ma place parmis vous. La dépression : pourquoi ne puis je pas y arriver aussi vite ? pourquoi tout ne se passe pas comme prévu ? Pourquoi ne suis-je pas meilleur ? Tout est fini. L’acceptation : ma solution n’était pas la bonne. C’est l’époque des deuils de tous les avenirs qui s’offraient à moi, c’est l’heure des choix.

« Every step that I take is anoter mistake to you ! » 

Heureusement, il y a les bons moments, les émotions solaires qui vous réchauffent profondément, comme un arc-en-ciel coloré. Mon premier baiser et la douceur de sa peau quand je la caresse. Chaque fois que je sens son souffle dans mon cou, mes poils se hérissent de bonheur et un regard de sa part fait vibrer chaque atome de mon corps. Le reste n’a plus vraiment d’importance quand la lumière orangée du soir éclaire ses yeux d’une lueur qui n’existe nulle part ailleurs. L’odeur de ses cheveux quand elle se loge sous mon menton. Mes rêves changent d’une seconde à l’autre. Finalement cet avenir, une famille, ce ne serait pas si mal, mais je songe encore à m’arrêter un instant pour rigoler.

« Every second I waste is more than I can take ! 

Chaque soirée, chaque seconde qui passe à rigoler, à chamailler, à se battre, finalement, ne nous pressons pas, mes rêves de conquête attendront demain. L’odeur du feu de bois me ramène quelques instants en enfance dans cette nouvelle famille que je me suis choisis. Tous avec le même humour, les mêmes aspirations. A jamais, nous serons inséparables, j’en suis certain. 

« I’ve become so numb, I can’t feel you there ! 

Et pourtant, cette vie de rêve, il me faut la laisser. Elle s’est finie autrefois, non pas brutalement, mais petit à petit. Une perte de vue après l’autre, un espoir évanoui avant la naissance d’un objectif. Toute cette énergie, tout ce monde si clair et polarisé se fanne progressivement.

« Become so tired ! »

La musique se fond pour disparaître dans le vide blanc qui m’entoure. Je plonge sans retour possible dans une surface liquide n’y faisant naître qu’une onde aussi éphémère que l’énergie qui me parcours. Voilà que je retourne dans le futur de ce passé oubliant les songes qui me faisaient vibrer autrefois.




Adultescence programmée, par R.Th

Tic… Tac… Sur ma droite l’aiguille de l’horloge accrochée au mur se traîne rallongeant chaque minute plus que la précédente. Un miroir me projette mon propre reflet qui ne change pas.Mon œil gauche p…