Ombre sur Verdolle, par Bat.Jacl

La route serpente entre les collines verdoyantes, débouchant finalement sur Verdolle. Le village, semblable à une image figée dans le temps, s'étire sous un ciel plomb&eac…




Chapitre 3: c'est clair, par amapola

Une chose est claire. J’avais prononcé son prénom et cela me mettait mal à l’aise, ses longues jambes fuselées aux bas maculés de boue, ce détail me revenait, couraient dans ma tête, résonnant dans mes tempes. Henri semblait déterminé à m’ouvrir l’histoire de cette femme. D’un pas ferme, que n’auraient pas laissé supposer son dos voûté ni le bâton qui le soutient, il s’engagea dans la rue principale aux jardinières défleuries en ce début d’automne et sitôt passé le cimetière bifurqua devant la croix de pierre mangée par un champignon. Henri dirigea son bâton vers le monument en maugréant des imprécations que sa barbe et les bourrasques m’empêchèrent de comprendre. J’en suis sûr pourtant, il a prononcé son prénom. « Claire ». Devant la croix des chemins, probablement érigée par une mission lointaine, il a voué cette femme… aux enfers ? au diable ? 
 

J’ai du mal à suivre le bonhomme qui se dandine sur les cailloux disjoints du chemin après avoir quitté la route. « Prenons ce raccourci, l’approche du manoir n’en sera que plus, disons, majestueuse » lâche-t-il avec un éclair de rage dans le regard. Son sourire a disparu. La sente devient escarpée par endroits, je ne distingue plus la tête d’Henri. Tout à coup une rafale balaie les arbrisseaux et soulève un pan de la veste devant moi. Avant que le velours lourd ne retombe sur les hanches, j’ai le temps d’apercevoir dans un éclat brillant la lame dénudée d’un poignard de taille. L’image se fige sur mes pupilles. Tétanisé par l’apparition, je reste planté au milieu du chemin, ahanant comme un vieux dragon cacochyme. Dans le seul bruit de nos souffles rauques, le rêve vient se clouer en moi : Claire portait sur la cuisse, celle qui s’était dévoilée, la même étoile à six branches que celle gravée sur l’acier du couteau.

J’ai forcément mal vu… Quel sot je fais ! Comme tous les habitants de la contrée, le vieux est chasseur, et comme tous les vieux, il se sert d’un bon coutelas pour couper son pain, tailler des scions, creuser des cœurs dans les troncs, tatouer les chevilles… Une sueur glacée coule entre mes omoplates, je me concentre sur les pierres, une, deux, 

« - J’ai horreur de la chasse, si vous voulez savoir » balance Henri tout en poursuivant sa montée. C’est à droite, juste derrière le bosquet.

Je ne suis plus du tout sûr de mon audace, qu’est-ce qui m’a pris de venir jouer les détectives. Ce type est louche, tout ça n’est pas clair du tout !

 




Henri, par Mello

— Oh mon Dieu, mon chéri, tu es tout pâle ! Qu’est-ce qui s’est passé ?! Dans le petit café, un silence de mort s’abat lorsque toutes les têtes se tournent vers Henri, à peine troublé par son bâton d…