Pipi impromptu, par Lyn

Je crois que c’est le douzième jour depuis qu’on s’est installés dans la cave des voisins. Je sais, je devrais être plus attentif au décompte des jours, mais, franchement, moi, ça me démoralise.Lola …




Chapitre 2: Souvenirs culinaires, par Bat.Jacl

Je tends l'oreille, guettant le moindre bruit susceptible de trahir la présence d'un zombie. Le silence règne, seulement perturbé par le souffle régulier de Baudruche à mes pieds. Dans ce nouvel environnement, il semble étrangement calme, comme s'il comprenait la nécessité de rester discret.

Je passe ma main dans sa fourrure épaisse, ressentant le réconfort de sa chaleur. "On est bien, tous les deux, hein ?" murmuré-je. Il lève les yeux vers moi, sa queue battant doucement le sol en signe d'approbation. Ce simple échange renforce notre lien, me donnant la force de ne pas céder à la panique.

L'air est chargé d'une odeur de renfermé, mêlée à celle du métal et de la poussière. Mes yeux s'habituent à la pénombre, distinguant les contours des toilettes délabrées. Le carrelage froid sous mes pieds me rappelle que je ne peux pas rester ici indéfiniment.

Mon estomac gronde, me rappelant que je n'ai rien avalé depuis des heures. Je décide de fouiller le restaurant à la recherche de nourriture. "Viens, Baudruche", chuchoté-je en me levant doucement. Il me suit sans hésitation, ses griffes cliquetant légèrement sur le sol carrelé.

Nous avançons prudemment dans la salle principale. Les tables sont renversées, les chaises éparpillées. Une vitre brisée laisse entrer un courant d'air frais, apportant avec lui l'odeur lointaine de la pluie. Je hume l'air, ressentant une étrange sensation de nostalgie.

Soudain, une faible lueur attire mon attention derrière le comptoir. Je m'approche et découvre une porte entrebâillée menant à la cuisine. L'odeur familière de nourriture me parvient, éveillant mes sens. Mon cœur s'accélère à l'idée de trouver quelque chose à manger.

J'ouvre doucement un placard et sur un torchon odorant. En retirant ce voile imbibé de gras, je découvre avec stupéfaction des tranches de jambon Serrano parfaitement conservées. Elles sont sèches et intactes, aucune trace d'insectes, signe d'une chance inouïe dans ce chaos.

Je saisis une tranche et la porte à mon nez. Le parfum salé et fumé me transporte instantanément des années en arrière. Mon père découpait finement ce jambon, tranche après tranche, chaque pièce étant le prélude aux repas de famille dominicaux. C'était sûrement en dix fois moins bon que ce que j'ai sous les yeux, mais comme cela fait longtemps que nous n'en avons pas mangé, il a l'air dix fois meilleur.

Je prends une bouchée délicate de la tranche de Serrano, et une vague de souvenirs m'envahit. Les dimanches midi chez mon père, le crépitement du barbecue dans le jardin, les éclats de rire autour de la table... L'époque où le monde était encore normal. Mes yeux s'embrument, mais je savoure chaque bouchée comme si c'était la dernière.

Baudruche me regarde avec intérêt. Je lui tends une petite tranche qu'il avale avec gourmandise. "Ça te plaît, hein ?" dis-je en souriant. Sa truffe humide touche ma main, et je ressens une profonde gratitude pour sa présence à mes côtés.

Dès que j’aurais fini mon festin, je prendrai le temps de noter tout ça dans mon journal de bord : la chance inespérée d’avoir trouvé ce jambon, à quel point je me suis régalé, et comment Baudruche n’a rien laissé de sa part. Il est important de garder une trace de ces moments, aussi rares soient-ils, comme un rappel que, même au milieu du chaos, il y a encore des instants à savourer.