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Chapitre 1: Ciel Inversé Prison De Reflets, par mackabr01

Il ouvrit les yeux sur un ciel écarlate, zébré de nuages verts comme des trainées de peinture fraîche. Le sol sous ses pieds n’était pas stable, une matière mi-liquide, mi-solide, vibrant sous sa semelle à chaque pas. Des formes aux contours indistincts, floues et mouvantes, l'entouraient, changeant de taille et de couleur selon un rythme invisible.Lui ? Il ne se souvenait plus de qui il était. Peut-être n’avait-il jamais été quelqu’un. Dans cet espace sans nom, sans fin, sans début, il errait, un sourire placide aux lèvres, comme un funambule sur le fil de l’absurdité. Ici, tout était incohérence, et cette incohérence était sa seule réalité. Les maisons, quand il en croisait, n’avaient ni portes ni fenêtres. Elles montaient vers un ciel qui semblait se plier, onduler comme des vagues. Parfois, une porte apparaissait, mais elle ne menait jamais nulle part. Un autre jour – ou était-ce la même seconde ? – il ouvrit une porte, et au lieu d’une pièce, il y trouva une mer de sable mouvant. Les grains, brillants et irisés, glissaient entre ses doigts, comme un rire moqueur. Il était piégé ici, il le savait. Mais ce savoir ne l’importait guère. Le temps n’existait plus pour lui, seulement cette succession infinie d’instants absurdes, éclatant en mille couleurs. À chaque nouveau pas, le paysage changeait sous ses yeux. Un palais d'or se transformait en une cascade de verre, une route pavée devenait une étendue de papier froissé. Rien ne durait, et cela lui convenait. Il flottait dans cet océan de couleurs mouvantes, avec un abandon qui frôlait la complaisance. Les arbres ne poussaient pas du sol mais descendaient du ciel, leurs racines formant des toiles compliquées où s'accrochaient des oiseaux sans ailes, des fleurs sans pétales, des étoiles mortes qui scintillaient encore, prisonnières des racines, comme de vieux souvenirs oubliés. Parfois, il s’allongeait sous ces arbres inversés, observant le ciel se déchirer en spirales de rouge, de bleu, de violet, s'enfonçant dans l'irréalité avec un sourire tranquille. Chaque rencontre ici était aussi déformée que le paysage. Il croisait des silhouettes sans visage, dont les voix résonnaient comme des échos, des rires ou des pleurs déformés. L’un d’eux, un jour, lui tendit un miroir sans reflet. Il en rit. Comment pourrait-il se voir ? Il n’avait plus de visage non plus. Les couleurs dominaient tout. À chaque respiration, elles changeaient, s’effondraient, se reconstruisaient. Parfois, elles lui parlaient, dans un langage qu’il ne comprenait pas mais qu’il trouvait fascinant. Un éclat de pourpre chantait comme une sirène, une note de turquoise éclatait en une myriade de petits rires. Chaque coin, chaque recoin de cet univers se déformait en un tableau mouvant, fait pour être vu mais jamais saisis. Et lui, dans tout cela, n’était qu’un spectateur passif, un morceau du décor, s’absorbant dans ce tourbillon d’impossibilités. Pourquoi chercherait-il à en sortir ? Ici, il n’y avait ni douleur ni souffrance, seulement la danse des illusions. La boucle se refermait sur elle-même, encore et encore, mais cela ne le dérangeait pas. Il s’abandonnait à cette absurdité totale, comme on s’abandonne à un rêve qu’on refuse de quitter. Un jour, ou peut-être une seconde, un lac apparut devant lui. Un lac fait d’encre, où les reflets étaient inversés. Il s'y regarda, et pour la première fois, un éclat de reconnaissance traversa ses yeux. Avait-il toujours été là ? Une voix douce, qui n’était ni la sienne ni celle d’un autre, chuchota : « Tu peux sortir, tu sais. Il te suffit de vouloir. » Mais il ne voulait pas. Pourquoi sortir ? Le monde réel, il l’avait peut-être connu autrefois, mais il n’en gardait que de vagues souvenirs – une existence linéaire, grise et fade, sans ces merveilles fluctuantes. Ici, il était libre. **Libre d’être rien et tout à la fois**, perdu dans une boucle, certes, mais une boucle pleine de couleurs, d’impossibilités et d’absurdité. Il rit à nouveau, fort, un rire qui résonna dans les montagnes qui n’existaient pas encore. Il plongea la main dans le lac, et au lieu de se noyer, il s’envola vers le ciel, porté par un courant de vent qui n’existait pas. Le monde se déforma encore, plié par sa propre absurdité, et il se complaisait dans cette danse éternelle.

La boucle recommença. Mais cette fois-ci, le ciel était jaune.