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Chapitre 1: La Porte Des Époques , par mackabr01

Chapitre 1 : La Cabane Et Le Temps Qui S’effrite

Nymera s’était toujours sentie attirée par ces lieux que le temps avait oubliés, des carcasses de béton, de verre et d’acier où la vie s’était tue. L’urbex n’était pas simplement un passe-temps pour elle, c’était une exploration de l’âme, un retour aux origines, un dialogue silencieux avec l’inconnu. Ce jour-là, ses pas la menèrent au cœur d’une forêt épaisse, où, à demi enfouie sous des branches, elle aperçut une vieille cabine délabrée. Une relique perdue, banale en apparence. Mais son instinct lui souffla que cet endroit renfermait plus qu’un simple écho du passé. Elle força la porte, le bois humide craquant sous la pression de ses mains. L’intérieur exhalait une odeur de mousse et de bois pourri. Sur un mur, une peinture, poussiéreuse mais intacte : un vieil homme au regard perçant, dont les yeux semblaient la suivre, presque vivants. Face à lui, une porte, insolite. Elle ne semblait pas appartenir à cet endroit. Une lueur blafarde s’en échappait, froide, presque irréelle. Curieuse, Nymera s’approcha et vit une poignée étrange, avec deux directions possibles : +23 ou -23. Le chiffre résonnait en elle, comme une énigme chuchotée à demi-mot, en même temps c’est bizarre et peu commun : il se trouve qu’elle a 23ans. Elle hésita un instant, le cœur battant au plus fort, avant de tourner la poignée vers -23. Une déchirure. Le monde se courba autour d’elle, la réalité se plia comme un voile, et l’espace devint flou. Les mouvements autour d’elle étaient rapides, puis lents, une danse de lumières et de sensations brouillées. Ses pieds quittèrent le sol, mais elle ne flottait pas ; elle était emportée, dérivant dans un vortex d’images qui défilaient trop vite pour qu’elle puisse les saisir. Puis, soudain, un arrêt brutal. Le silence. Elle tomba à genoux, nauséeuse, le souffle coupé. Quand elle se releva, ses jambes tremblaient. La porte était là. Le vieil homme aussi. Elle se dit « mais qu’est-ce que c’est que ce b*rdel ?? » Elle s’extirpa de la cabine, et la sensation de la terre humide sous ses pieds la fit frissonner. Le sol semblait vouloir l’engloutir, se refermer sur elle. Elle avança péniblement jusqu’à la rue.

Et là, le choc.

Des vieilles voitures des années 1990-2000 roulaient calmement, leurs moteurs émettant un grondement doux et familier. Les enseignes des magasins scintillaient de néons criards. Les jeunes, habillés de survêtements larges, se pavanaient dans les rues comme si le temps s’était arrêté à une autre époque. Nymera cligna des yeux. “Mais non, je rêve… ça peut pas être vrai…” pensa-t-elle. “Comment serais-je vraiment ici ?” Elle reconnaissait cette ville. Chaque rue, chaque recoin lui était familier, mais tout semblait enveloppé dans un voile d’étrangeté, comme si elle regardait un souvenir lointain, d’une clarté trompeuse. Était-elle réellement revenue dans le passé, ou était-ce une illusion, un jeu cruel de son esprit ? La nuit tomba, et avec elle, une sensation d’irréalité. Son téléphone pouvait s’allumer, mais il ne captait rien. Le monde numérique s’était tu. Elle décida d’économiser la batterie, consciente que c’était le seul lien qu’elle avait encore avec son époque. Mais une musique au loin attira son attention, un battement techno, profond et vibrant, un appel vers quelque chose de plus primaire. Elle suivit ce son, hypnotisée. Les rues se vidaient à mesure qu’elle approchait, et enfin, elle trouva la source : une boîte de nuit nichée dans un coin oublié de la ville. Une pancarte vacillante indiquait l’entrée, comme une invitation à l’abandon. Sans réfléchir, elle s’y engouffra. À l’intérieur, l’atmosphère était épaisse, saturée de sueur, d’alcool et d’excès. Les corps se mouvaient dans une transe collective, comme happés par une énergie que Nymera ne reconnaissait que trop bien : l’oubli. Elle se laissa emporter par le rythme, par l’ivresse, et dans ce tourbillon de sensations, elle s’abandonna à une nuit de débauche, de corps entremêlés, de frontières effacées. Drogue, alcool, sexe… Les heures s’évanouirent. Ce n’est qu’à l’aube, ses pensées flottantes entre rêve et réalité, qu’elle croisa Azelia, une femme dont le sourire la rassura d’emblée. Elles quittèrent la boîte ensemble, complices dans cette errance nocturne. Azelia l’invita chez elle, et dans l’intimité simple de cette rencontre, il n’y avait ni gêne ni retenue. La chaleur de l’instant effaçait les doutes, et Nymera, bercée par une confiance nouvelle, décida de tout révéler. Elle sortit son téléphone, la lumière de l’écran bleuté brisant l’obscurité. “Regarde…”, murmura-t-elle, avant de lui raconter son périple insensé. La poignée, la lumière, la cabine… cette ville figée dans un passé qu’elle n’avait pas choisi. Azelia l’écouta en silence, ses yeux grands ouverts, absorbant chaque mot, sans jugement, comme si tout cela était naturel, comme si le temps et l’espace pouvaient réellement se tordre ainsi. « Ce que tu dis est fou », dit-elle doucement, « mais n’est-ce pas là la nature même de l’existence ? Le temps n’est qu’une illusion. Ce que nous vivons ici, maintenant, n’est qu’une phase, une transition. Peut-être que tu as vu le temps pour ce qu’il est vraiment : une vaste rivière qui nous emporte, mais que l’on peut remonter si on en trouve le chemin. » Nymera resta silencieuse. Il y avait dans ces paroles une vérité qui la troublait. Et si le voyage qu’elle venait de faire n’était pas seulement physique ? “Le passé, le présent… ne sont-ils pas tous deux des reflets d’une même éternité ?” pensa-t-elle. Le temps se dissout dans la conscience, il se plie sous la volonté. Azelia continua : « Peut-être que la question n’est pas comment tu es ici, mais pourquoi tu y es. Qu’as-tu à découvrir, qu’as-tu à apprendre ? Ce monde, c’est peut-être toi qui l’as créé, avec tes désirs, tes peurs, tes fantasmes. » Les mots résonnèrent en Nymera comme un écho profond, une onde de choc qui se propageait en elle. “Suis-je la créatrice de ce monde ?” demanda-t-elle, la voix tremblante. « Peut-être que le seul pouvoir que nous avons, c’est celui de choisir comment nous vivons ces moments. Les règles, les frontières, elles ne sont là que pour ceux qui les acceptent. » Nymera réalisa alors que ce voyage était peut-être bien plus qu’une simple exploration temporelle. C’était une quête de sens, une confrontation avec elle-même, avec cette part d’elle qu’elle fuyait, ce désir inassouvi d’être libre de toutes les contraintes et conventions, de se perdre pour mieux se retrouver. “Dans cette cabane du temps, ai-je simplement tourné une poignée ou ai-je ouvert la porte de mon âme ?” Elle regarda Azelia, sans prévenir se jeta dans ses bras et dans cette étreinte surréaliste, lui accorda un baiser.