Blanc, par R.Th

C’est par une impression de déjà vu que tout commença. Un chat passa la porte, mais il me semblait qu’il l’avait déjà fait. Je rangeais cela dans un coin de ma tête et n’y pensais plus pendant quelqu…




Chapitre 3: Noir, par R.Th

« Ash ! Il faut que tu m’aides.

- Qu’est-ce qui t’arrive ?

- Il était là et il n’est plus là.

- Comme le kiwi qui est parti ?

- Comment peux-tu plaisanter dans un moment comme ça ?

- Comme quoi ? C’est la première fois depuis six ans que tu m’appelles au boulot et tu as l’air paniqué à bout de souffle il faut bien que je détende l’atmosphère.

- Il a disparu je te dis.

- Mais qui ?

- Yves !

- C’est qui Yves ?

- Notre fils !

- Bon, ça suffit maintenant, je vais raccrocher, va dormir, je n’ai pas le temps pour tes conneries.”

Et elle raccrocha me laissant le souffle coupé la tête chancelante. Des passants me rattrapèrent avant que ma tête touche le sol.

“Ça va monsieur ?

- Non. Oui. Je ne sais pas.

- Tenez prenez ça et allez-vous acheter à boire en face, il fait chaud aujourd'hui.

- Mais je..

- J’insiste.”

Avant que je n’aie pu répondre quoi que ce soit, ils avaient tourné au coin de la rue. Des répétitions, d’accord. Des miroirs, OK. Des dates qui changent, je pouvais supporter, d'autant que l’Histoire et moi ça faisait deux. Mais qu’elle ne se souvienne pas d’Yves comme s’il n’avait jamais existé. C’était tout bonnement impossible. Elle l’avait elle-même mis au monde.

Ce cauchemar ne pouvait plus durer, il fallait que je me réveille, alors je me suis mis une bonne claque, mais à part une douleur vive et des regards apeurés des passants, je n’ai réussi à rien.

“Kssss ! Kssss ! Réveille-toi. Il t’attend dans la nuit. ”

Cette fois, c’est en plein jour que je l’entendais. Alors je le suivis à travers la ville. Chaque ricanement venait d’une personne différente ne semblant même pas avoir conscience d'avoir participé à ma chasse à travers la ville jusque… Chez moi !

Quatre à quatre, j’avalais les marches pour arriver exténué devant ma porte. J’ai craint en tournant la clef qu’elle ne fonctionne pas, mais elle déverrouilla bien la serrure. J’enclenchais la poignée pour me retrouver dans mon entrée. Tout était là.

Afin de m’assurer que je ne perdais pas la tête, je me rendis devant sa chambre pour découvrir un nouveau miroir, plus sombre. Comme s’il faisait nuit à l’intérieur. De l’autre côté, une version de moi arborait un large sourire narquois. En voulant l’attraper, je basculais dans la pièce.

Cette fois, tout était aussi noir que la nuit la plus profonde. Seul un souffle, comme un ronflement se faisait entendre. Et la respiration associée m’entrainait et m’écartait à intervalles réguliers.

“Tu n’as rien à faire ici, gronda une voix sourde.

- Pas de soucis, j’aimerais bien repartir, mais je ne sais pas comment.

- Hmmm. Laisse-moi voir. Ah, tu t’es perdu pour être arrivé aussi loin.

- Loin où ?

- Tu n’as pas à le savoir.

- Vous êtes aussi énigmatique que l’autre.

- Alors comme ça il est venu à toi, c'est que tu es dans de beaux draps. Que t’a-t-il dit ?

- Qu’il fallait que je retrouve ma clef !

- Ah bravo, parce qu'en plus tu l’as perdue. Tant pis pour toi. Retrouve là, ou tu ne rentreras pas.

- Mais c’est quoi cette clef ?

- Comment peux-tu en arriver là sans le savoir ? On dirait que ça t’est arrivé par hasard.

- Exactement.”

À ces mots, la respiration s’arrêta un instant. Deux énormes yeux jaune sombre s’ouvrirent dans la nuit, rappelant ceux d’un loup gargantuesque.

« Et il ne t’a rien dit, évidemment !

- J’ai l’impression que mon univers s’effondre.

- Non, juste ta réalité.

- Ah, si ce n’est que ça ! Tant mieux, j’avais peur que ce soit grave.

- Tu changes de ton ou tu dégages.

- OK, pardon. C’est quoi cette histoire de réalité, un multivers ou un truc dans le genre ?

- Pas tout à fait. Il n’existe qu’un univers, mais à partir de chaque moment, une infinité de possibilités coexistent pour l’avenir. Certaines sont plus probables que d’autres. Et certaines personnes arrivent parfois à déjouer un évènement et plonger le monde dans une version improbable. Ça a l’inconvénient de rendre acceptable des univers de moins en moins probables et ça dilue les univers les plus plausibles.

- Je n’y comprends rien.

- As tu déjà vu de la magie ?

- Non.

- Parce que c’est improbable que ça existe, pourtant certaines personnes ont réussi à projeter l’univers dans un futur ou ça devenait possible.

- Mais pourtant, ça n’existe pas.

- Car elles sont revenues dans leur probabilité de base après la manœuvre, coupant court à tous les futurs improbables.

- Comment ont-ils fait ça ?

- Grâce à leur clef. Un élément qu’ils n’ont pas changé et qu’ils peuvent utiliser pour revenir à leur point de départ.

- Yves.

- C'est qui ?

- Ma clef.

- Alors il faut que tu le retrouves et vite ou tu vas te diluer et chaque probabilité de futur tendra vers zéro.

- Ce qui veut dire ?

- Ton monde cessera d’exister par ta faute.

- Rien que ça ? Tout va bien ! Mais, il a disparu lui aussi.

- Il ne peut pas. Il doit être là quelque part. Va le chercher.

- Mais où ?

- Je n’en sais rien, va pleurnicher ailleurs.”

Sur ce les yeux se refermèrent et le souffle m'envoya voler vers la sortie. Au moment de la franchir, un rictus se fit entendre.

“Kssss ! Kssss ! Pauvre petit être maltraité ! Èrèbe n’est pas commode, mais a bon fond. Dépêche-toi, il est temps de te réveiller.”


 




La clef, par saule

— Bon… Je résume. Donc… tu es en train de me dire qu’on a un fils dans une autre réalité et que tu dois le retrouver dans cette réalité où il n’existe pas pour… sauver ta réalité où il existe ? C’est…