L’atterrissage du vol Paris-Charles-de-Gaulle à Saint-Denis de La Réunion Roland Garros s’amorçait. Placée près du hublot, Rozenn contemplait, fascinée, l’immensité de l’océan Indien au sein duquel e…
Au milieu de la nuit, Rozenn se réveilla, mal à l’aise. Elle ressentait un poids sur l’estomac, qu’elle attribua au repas un peu trop riche. Elle se maudit ne pas avoir résisté aux bananes flambées. Elle avala un comprimé de bicarbonate de sodium, se recoucha, mais ne parvint pas à trouver le sommeil : un concert d’aboiements se jouait autour de l’habitation, il ne cessa qu’à l’aube. Rozenn renonça à la fin de sa nuit, et se leva en prévoyant d’offrir à sa famille un bon petit-déjeuner, pour lequel elle comptait se mettre en quête d’une boulangerie et d’une épicerie. Elle eut l’agréable surprise de trouver sur le pas de la porte un panier garni avec tout le nécessaire pour se régaler au saut du lit. Elle y trouva un mot : « Pour bien démarrer votre première journée parmi nous. Bon appétit ! Micheline. »
Les époux étalèrent le contenu du panier sur la table : café bourbon pointu, miel aux baies roses, tangors, confiture de pitaya, une brioche au géranium et un pain complet. Ils mirent le café en route et commencèrent à savourer ces bonnes choses. Les enfants les rejoignirent, et s’enthousiasmèrent de la délicate intention de Micheline. Hormis Rozenn, tous avaient passé une excellente nuit, elle décida donc de ne pas évoquer la sienne pour ne pas gâcher leur plaisir.
La matinée fut consacrée à leur approvisionnement alimentaire et à diverses emplettes de première nécessité. Ils n’échappèrent pas au passage par le supermarché, n’ayant pas encore repéré les commerces bios ou producteurs locaux. Ils rentrèrent chargés de denrées exotiques : brèdes, christophines, tamarins.., mais aussi de diverses viandes et poissons, dans le but de confectionner ces fameux rougails pimentés, plats emblématiques de la Réunion. Ils n’oublièrent pas les délicieux fruits de saison : ananas Victoria, bibasses, jujubes… Il fut décidé que Gwendal et Malo prépareraient le déjeuner, pendant que Rozenn et Katell se chargeraient de la restitution de la voiture de location. A la surprise des garçons, les filles revinrent à bicyclette.
Chacun s’installa, Malo servit de généreuses assiettes, auxquelles on fit honneur : leur contenu fut jugé succulent.
Ils s’accordèrent pour consacrer leur après-midi à la visite du village. Après un crochet par la case de Micheline pour lui rendre son panier et la remercier, ils arpentèrent les rues et admirèrent de jolies demeures créoles anciennes. Ils bénéficièrent d’une visite guidée qui les éclaira sur le passé du bourg, lié essentiellement à la culture du café et à la douloureuse période de l’esclavage. Par contre, ils furent surpris par la présence d’un grand nombre de chiens errants présents dans les quartiers.
Les montres affichaient 18H, la nuit tombait. Le diner fut composé des restes du déjeuner, agrémenté d’une salade de palmiste. Après cette seconde journée bien remplie, ils décidèrent de se coucher tôt. En milieu de nuit, Rozenn ressenti le même malaise digestif que la nuit précédente, sans parvenir à y remédier cette fois. Elle patienta dans l’attente de l’aube et du réveil de Gwendal, auquel elle révéla son problème. Au cours de la matinée, il l’encouragea au repos pendant que qu’il s’adonnerait, avec les enfants, aux activités et tâches qu’ils avaient convenu de se répartir la veille.
Katell cuisina un rougail saucisses pour le déjeuner. Rozenn hésitait : le plat était alléchant, mais elle craignait de nouveaux maux de ventre. Elle forgea l’hypothèse qu’elle avait simplement besoin de s’accoutumer à cette nouvelle nourriture très pimentée, et se servit une bonne portion. Une fois de plus, elle paya sa gourmandise la nuit suivante, particulièrement mauvaise de par la présence de nombreux et bruyants chiens autours de la case.
Le lendemain, affaiblie, Rozenn décida d’adapter son alimentation. Elle sentait confusément que la viande était à l’origine de son problème, elle commençait à lui inspirer du dégoût. Elle prévint don…