Concours de Nouvelles : Rêve, par information.the.root.book

🌠 Plongez dans le "Rêve" : 2ème Édition de Notre Concours de Nouvelles CollaborativesChers membres de The Root Book,Suite au succès retentissant de notre première &e…




Chapitre 1: Partie 1 : Enfance, par R.Th

J’emprunte une ultime fois ce couloir avec émotion et passe la petite porte mentale. Comme d’habitude, la nuit la plus profonde m’y accueille. Je m’y attends et savoure ce silence avec joie. À l’extérieur, tout s’est bousculé ces dernières semaines. La bénédiction du calme ne dure jamais assez.
 

C’est d’abord un son qui me parvient.
 

« Quand je serai grand, je deviendrai vétérinaire pour robots. Et quand j’aurai réparé celui du président, je volerai sur son dos pour sauver le monde. »

 

Si naïf, mais si puissant. 
 

Rapidement, un flash bleu apparaît suivi d’une explosion et je me retrouve sur des épaules. L’océan sombre s’étend devant moi, mais le rythme des vagues ne me parvient pas. Une musique tonitruante, épique, probablement celle d’un film résonne dans mes oreilles et mon âme. Une autre fusée monte, éclate, et file se reposer sur la mer. Le rose sature mes sens en extase.
 

Je me vois déjà pilote de vaisseau à parcourir les étoiles en quête d’aventure et de vies extra-terrestres. La seconde suivante, me voilà capitaine primé lors d’une bataille spatiale soumettant les renégats qui ont volé les anneaux de saturne. Les yeux clos, je sens à peine quand maman me descend de ses épaules pour me ramener à la voiture. Je poursuis mon voyage vers des contrées lointaines.
 

Les flashs s’interrompent et me laissent seul en face d’une toile blanche. Un compte à rebours en images qui grésillent m’annonce l’arrivée d’un nouveau souvenir. C’est une télévision qui apparaît. Quelle mise en abîme, un écran dans un autre ! J’aurais beaucoup de choses à redire en tant qu’éducateur spécialisé, mais à huit ans, je n’en pensais encore rien.
 

« J’ignorais que tu savais piloter un avion.

— Piloter, oui. Atterrir, non. »

 

Les yeux grand ouverts, je ne perds pas une miette de leur aventure. Je m’imagine avec eux dans le film à leur proposer des parachutes alors qu’ils rigolent en se demandant ce qu’ils auraient pu faire sans moi. Une fois l’écran éteint, je suis devenu le successeur du héros. Dans un dernier souffle, il m’a remis son lasso et la carte du trésor et c’est à moi d’aller le chercher dans une jungle reculée.
 

Mes yeux brillaient quand tonton m’a offert la figurine officielle. Mais Indiana en plastique faisait une drôle de tête. Il avait dû cauchemarder. Nous en avons vécu des aventures, jusqu’à l’ultime affrontement avec le micro-ondes. Maman m’en avait voulu un moment.
 

D’ailleurs, dans certaines occasions, les héros ne sont pas les inconscients qui réalisent les actions les plus stupides et spectaculaires, mais les héroïnes de tous les jours.
 

Quand l’écran s’éteint, le noir m’envahit à nouveau, mais cette fois, ce sont des sanglots qui naissent de l'obscurité. C’est elle que j’entends pleurer à côté. Des larmes la nuit, quand elle pense que je dors, pour ce père que je n’ai pas vraiment connu. Celui qui l’a laissée seule à s’occuper de moi et cumuler deux boulots pour joindre les deux bouts. 
 

Parfois, je m’imaginais scientifique pour remonter le temps et l’empêcher de prendre la voiture ce soir-là. Ou alors, je devenais policier pour éviter qu’un autre grandisse sans papa en contrôlant les conducteurs qui vont trop vite. Mais la plupart du temps, je trouvais le plus important mage de la planète et le surpassait pour vaincre la mort elle-même et le faire rentrer à la maison pour la voir sourire à nouveau.
 

« Je rêve d’être aussi fort que maman quand je serai adulte. Qu’elle n’ait plus besoin de s’inquiéter pour moi. »

C’est ce que j’avais confié comme vœu à l’étoile filante un soir où papy m’a laissé dormir dans la cabane. Bon, en fait, il m’avait ramené dans mon lit dès que je m’étais assoupi.
 

C’est ce soir-là que ma première conviction est née. Je serai quelqu’un de bien et d’indépendant. Je lui montrerai qu’elle n’avait pas à s’inquiéter pour moi. Depuis lors à l’école, je me suis fait traiter de tous les noms. Tête d’ampoule. Intello. Chouchou. J’ai pris quelques coups aussi, mais je m’arrangeais pour occuper le haut de la liste de classe. Peu importe le prix à payer dans la journée. Peu importe les émotions que je ressentais à la vue de ceux que leur père venait chercher, je recevais ma récompense à la maison par son sourire. J’espère que je la rendais fière.
 

Toutes les carrières m’attendaient. Tous les moments passés devenaient à mes yeux d’enfant aussi précieux qu’un trésor doré. 

 

Quelle voie allais-je emprunter ? C’était loin de me préoccuper et pourtant c’est bien à ce moment qu’elle s’est précisée. 
 

Un bruit de légère ventilation parvient à mes oreilles. Je me sens me déplacer, le vent me caresse les joues et la lumière réapparaît alors que je sors d’un nuage. Je me trouve dans un immense avion de bois, qui fonctionne grâce à une hélice mise en mouvement par un élastique. Ce même avion que papy a retapé devant moi dans son atelier. Le jour où j’ai compris que je réparerais moi aussi, mais pas les jouets : plutôt les gens.
 

À l’époque, je rêvais en grand. Aucune barrière ne m’arrêterait et la moindre étincelle me paraissait à l’origine d’une gigantesque flamme de bonheur. Un océan de probabilités s’étendait devant moi si bien que j’avais parfois peur de m’y noyer. Tout m’était possible ! La beauté du monde m’attendait.
 

Mais, il est temps pour moi de refermer définitivement ce chapitre, alors je descends de l’avion. La chute ne dure guère et j’atterris doucement dans un couloir sombre. J’hésite un instant à le parcourir. Je sais que si je passe la porte qui se trouve à l’extrémité, je la refermerai pour toujours. Je profite encore un peu de ce parfum insouciant de l’enfance. Une dernière fusée explose me dévoilant son sourire. Puis j’enclenche la poignée et passe la porte qui se rabat derrière moi sur un vide silencieux que personne ne viendra plus jamais perturber. Les souvenirs s’effacent déjà.


 

 




Adieulescence, par R.Th

Alors que je tombe, les baffles propulsent un vent qui arrêtent ma chute. Un riff de guitare, puissant, violent, de ceux qui font trembler le moindre de vos os et enflamment votre âme. « Tired of bei…