Descendant Seven, par chlo_M_Molina

Avant propos : Le rootbook permet une présentation atypique des différents chapitres. C’est pourquoi cette histoire sera contée de sept points de vue différents, et chaque point de vue aura sa ramifi…




Chapitre 2: Sacha, par chlo_M_Molina

Novembre 2019  


 

“Bonjour Sacha, je t’en prie, assieds-toi.

— Bonjour.”

Je replaçai mes cheveux pour qu’ils cachent bien la forme de mes oreilles, un nouveau tic hérité d’octobre dernier.

“Tu peux parler sans crainte ici, je suis tenu au secret professionnel.

Mais si je parlais sans crainte, il allait m’interner à coup sûr, alors je me contentai de dire :

“Ces séances ne sont pas utiles, vous savez, je vais bien. Ce qu’il s’est passé avec Lou… J’étais fatiguée et j’avais vu un film d’horreur qui m’a un peu perturbée mais…

— Écoutez, c’est humain de ressentir le besoin de se confier - oui, mais moi je ne suis plus tout à fait humaine, pensai-je - et cela ne veut pas dire que vous êtes folle, surtout après une expérience traumatisante comme la mort de votre camarade de classe.

— Je sais ça, ce n’est pas la première fois que je consulte et je pense que tout le monde devrait faire une séance par ci, par là, mais là, dans mon cas c’est…

— Différent ?

— Oui, voilà.

— Je lis ici que vous avez crié à votre camarade de classe qu’elle allait mourir et qu’elle ne devait pas rentrer à pied…

— Oui, euh, le film vous savez, celui dont je vous ai parlé…

— Je vois, mais comment expliquez-vous l’accident alors ?

— Vous n’allez pas me croire.

— Essayez toujours, on peut avoir des surprises, parfois, dit le docteur.

— Je l’ai entendu…

— Vous avez entendu un accident de voiture plusieurs heures avant qu’il n’arrive ?

— Oui.”

Je vis dans ses yeux qu’il ne me croyait pas.

C’est alors que je l’entendis de nouveau, la musique. Cette musique propre à chaque être vivant. Et dans mes oreilles, elle résonnait comme un requiem. Elle se fit plus intense. Je tournai la tête vers la porte du cabinet. Elle devint assourdissante alors que je me levais et me précipitai vers la salle d’attente, le docteur sur mes talons.

Le silence se substitua à l’écho des notes persistantes sous ma peau. Trop tard. Encore trop tard. J’observai, impuissante, le corps suspendu au milieu de la pièce.

“J’appelle une ambulance,” s’affola mon docteur.

– C’est trop tard, il est mort,” dis-je.

– Mais comment ?”

–Je vous l’ai dit, je l’ai entendu.”