Concours de Nouvelles : Rêve, par information.the.root.book

🌠 Plongez dans le "Rêve" : 2ème Édition de Notre Concours de Nouvelles CollaborativesChers membres de The Root Book,Suite au succès retentissant de notre première &e…




Chapitre 1: Au cœur d'un sotleil, par Vlidimi

Cinq manifestations éthérées lévitaient à quelques centimètres du sol en ondulant au grès du vent sec venant du relatif-est. Non, c’était pire que ça, de ces variations supposées anodines se superposait une structure plus ordonnée ; ils communiquaient. Ces gens là, c’est du sérieux. Des professionnels qui avaient besoin de converser en toute discrétion, sans témoin, sans possibilité d’enregistrement, dans un parfait contrôle. La plupart de ceux qui font appel à mes services oublient que si je peux déterminer l’identité du rêveur qui héberge un monde virtuel, je peux aussi bien en déduire celle de ceux qui l’utilisent de par leur apparence. Le hasard à l’échelle macroscopique n’existe pas. Il est le seul reflet de notre ignorance. Et eux, ils en ont parfaitement connaissance. Tout comme ils savent que la seule chose qu’ils ne peuvent maîtriser ce sont les potentiels reliquats fugaces du rêveur à son réveil . Et ils veulent s’assurer de ce dont il se souvient et le lui faire oublier au besoin. Mais pour cela, il leur faut un nom.

Une heure. Il ne m’en faudra pas tant pour débusquer ce rêveur, un vulgaire amateur, incapable de disséminer les reflets de sa psyché. Même un quatrur débutant en aurait fait une bouchée. Chaque élément du décor est un indice flagrant. 

Ces trois piliers en ruine qui nous encerclent à notre arrivée, c’est une réplique de la place Véhya où trônent au centre trois statues recouvertes de vert-de-gris. On peut même y trouver les mêmes inscriptions pour dissiper tout doute. 

Cette bouche cerclée de dents de toutes les couleurs d’où sont disparues les 5 créatures fantomatique me fait penser à cette attraction où les gamins plongeaient leur bras dans la tête d’un clown pour en ressortir une surprise. Elle n’a pas fait long feu quand on s’est rendu compte que les rats qui pouvaient servir de cadeau en profitaient pour transmettre tout un tas de saloperie aux jeunes fougueux cherchant à épater leurs camarades en bravant l’inconnu. 

Même la forêt qui nous entoure en apparence dense et erratique, dévoile son arrangement apériodique, le plus connu qui plus est, celui de Penrose. 

Sans parler de ce ciel dont les étoiles sont accompagnées de leur traînées figées formant des rondes de tailles diverses donnant l’illusion d’astres plus grands encore.


 

Tous ces indices à portée de main. A quoi tu joues ? T’avais tant besoin d’argent ?


 

Il faut que je m’en assure. Il faut que je trouve une faille. Il faut que je sache si c’est un imbécile ou si, au contraire, c’est un rêveur très expérimenté capable de se faire passer pour quelqu’un d’autre.

Vite. Créer une surcharge, créer un environnement trop grand pour être parfaitement simulé. Inutile de courir dans cette forêt pour en arriver à une limite. Sa structure est trop régulière, ça prendrait trop longtemps.

Vite. Tout a été fait pour que le déplacement soit sur terre. Technique Icare, voler haut pour embraser le ciel, forcer une génération d’étoiles sur une plus grande surface. Comment voler avec un corps humain ?

Vite. Concentration. C’est un monde virtuel. Les seules limites sont celles que je me fixe. Les règles du rêveur peuvent toujours être supplantées. Je n’ai jamais eu de jambes, je les ai perdues étant petit. On m’a depuis muni d’un propulseur ayant une énergie infinie dont j’ai le parfait contrôle par la seule force de ma pensée.

Vite. Ma vitesse de rotation est à la limite du supportable. Je suis à l’intérieur d’une tornade de flamme formée par un nombre incalculable de courts filaments rougeâtres. Il doit faire chaud. Je brûle. L’énergie délivrée par ces soleils qui se vident m’enveloppe et me consume. Mes os ne sont plus que poussière s’échappant pour commencer un nouveau cycle moléculaire. Je ne dois pas vérifier. Je dois continuer à regarder droit devant, sans sombrer. Continuer à tourner et à monter toujours plus haut. Un oiseau m’accompagne.

Stop. Il n’y a pas d’oiseau dans l’espace. Je m’approche. Plus rien n’a de sens. L’espace est un ballet où participe une myriade de lucioles effilées. Mon cavalier à plume m’attend. Son bec glisse librement sur la surface de ses plumes. Ses trois yeux entament leur danse chaotique. Le battement régulier de ses ailes défini un tempo que personne ne suit. Et moi j’entre en son sein. 


 

J’y suis. C’est un monde de fée décrépit, les couleurs pastel bavent, les rires sont gras et pesant. Et je marche sur des vers en plein labeur dont l’explosion provoque de fines brumes acides et malodorantes que j’inhale malgré moi. Je réfrène la pensée qu’à l’intérieur de mes poumons se trouvent désormais des milliers d’œufs grandissant et que je ferai un met de qualité dans ce monde désolé. 

Calme. Dans une faille, on est seul, seul avec l’apparence de son vrai corps, l’endroit rêvé pour collectionner un nouveau traumatisme qui nous bouffera pendant des années. Mais ce n’est pas la réalité. Et on n’est pas seul. Pas tout à fait. Il n’y a pas de règle sur ce que l’on peut trouver dans une faille. La seule chose que l’on sait c’est qu’elle est une représentation de l’identité du rêveur projetée par l’identité de l’observateur. Personne ne vivra la même chose dans une faille. Personne d’autre que l’observateur ne pourra interpréter ce qu’il a vu d’une faille. C’est un instant unique où deux entités multifactorielles décident de se rencontrer dans un espace restreint d’une dimensionnalité infiniment moindre. 

Je rouvre les yeux. En face se tient debout un gigantesque ourson en peluche à moitié brûlé et la bouche cousue par un fil bleu royal dont pend au bout une montre à gousset à cinq aiguilles.

 

Putain c’est bien toi.
 

Dans quelle merde tu t’es foutue. 
 

Imbécile.