L'inspecteur gardien des archives sembla surpris de nous voir toquer à sa porte, mais en quelques instants, la surprise sembla laisser place à du mécontentement. Marmomant dans …
Partie 1 : L’homme vert
Alice
Je frappai à la porte de l’appartement de william, ou son cagibi, peu importe, il était 6h59. Je n’avais pas dormi de la nuit, oscillant entre insomnie et rêves où je perdais soit mes cheveux, soit mes dents. Vers 5h36, je m’étais levée, incapable de fermer l’oeil de nouveau, je m’étais donc décidée à faire quelque chose de productif et a regarder mes dossiers.
“ Il est beaucoup trop tôt pour que tu me dérange Alice”, grogna Will.
Il me referma la porte au nez. Donc il était toujours fâché, super…
Je tambourinai sur la porte jusqu'à ce qu’il ouvre de nouveau.
“Arrête !” rugit-il mais je ne reculai pas, lui tenant tête, littéralement.
Il portait un short de sport et un vieux T-shirt troué.
“ Jolie pyjama”, ironisai-je en forçant le passage et will grogna de nouveau.
- Qu’est-ce que…”
- Il y a un truc qui me titille depuis un moment et je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus, dis-je en marchant en rond dans la petite pièce.”
Il me dévisageait visiblement je n’étais pas la bienvenue.
“ Écoute Will, je t’ai dis que j’étais désolée pour t’avoir traité de “démon”. Il me regardait mais ne participait toujours pas à la conversation. “En même temps, t’es un démon c’est un fait et … je suis désolée! dis-je en le rattrapant en voyant qu’il se dirigeait vers la porte, il posa une main sur la poignée sans pour autant l’abaisser, j’avais donc encore toutes les chances.
- Alice, il est beaucoup trop tôt pour que je gère tes petits drames vois-tu”, dit-il froidement.
Et un point pour le démon, Alice 0.
“ Ce ne sont pas des dramas ! D'ailleurs on dit “drama” et pas “drame” tu veux avoir l'air aussi vieux que le vieux? “
- Je suis plus vieux que j’en ai l’air, Alice
- Peu importe, j’ai besoin de toi sur ce coup là alors est-ce que tu veux bien accepter mes excuses s’il te plait? Je m’en veux, je te le jure ! je suis parfois trop… Juste trop tu vois? Je ne recommencerai plus, promis !
- Ne fais pas des promesses que tu ne pourras pas tenir.
- Je… d’accord tu m’as percée à jour, je levai les yeux au ciel. Je ferai ta paperasse sur ce dossier pour me faire pardonner. Il ne répondit rien. D’accord… sur l’autre dossier qu’on a en commun aussi alors !”
Il me fixait mais ses lèvres étaient pincées.
“ Tu es dure en affaires, je te propose de te filer les démons que Ches’ dégomme mais ne bouffe pas : un petit pas de plus vers le Salut ? Alors tu me pardonnes? “ demandai-je en battant des cils comme les cruches dans les films d’amours ridicules.
- Non, t’as fini? j’aimerai m’habiller tranquillement avant de rejoindre le vieux.
- Dis moi alors ! Qu’est ce que je dois faire pour que tu ne sois plus fâché contre moi?
- Ce n’est pas une question de “faire” quelque chose, mais “d'être” plus sympathique. Et encore c’est un euphémisme te concernant si je peux me permettre.”
Outch, un point de plus pour le démon, 2-0 ça pique.
“ Je vois que tu ne me laisses pas trop le choix, tu dois savoir que d’avoir passé un contrat avec Ches’ altère mon humeur et…”
- Oh Alice, épargne-moi le côté sentimental veux-tu? Tu ne peux pas te cacher derrière ton démon dès que tu dépasses les bornes. Tu dois apprendre à assumer tes erreurs. Tu veux être une adulte et ne plus être considérée comme une enfant? Apprends d’abord à te comporter comme tel et reviens me voir ! “
Les mots entaillèrent mon âme d’ores et déjà bien éméchée. Une larme perla dans mon œil bleu, j'essayai de la retenir, de même que la boule qui se formait dans ma gorge.
Will porta sa main libre à son visage en un sifflement.
“ Je suis désolée, Will”.
Pourquoi? Pourquoi je ne ressentai rien? Juste mes failles à nues. Il avait raison, ce n’était pas de la faute de Ches’ si j’avais tendance à m’emporter, je le faisais déjà avant son arrivée.
J’étais sur le fil, en équilibre et la bourrasque de vent que venait de souffler Will menacer de me faire basculer.
“ Ne laisse pas ce petit animal de compagnie te dire qui tu es, ce que tu as le droit ou non de faire Alice, grésilla la voix de mon démon en moi. Il ne te connais pas Alice. Tu ne lui dois rien. S’il ne veut pas t’aider, je le tue et on en parle plus, je te rappelle qu’il nous est inutile.”
- Mais il a raison…” commençai-je.
- La colère est une nécessité, tu comprends mieux que quiconque l'importance de l’exprimer Alice, s’il n’est pas assez intelligent pour le comprendre c’est son problème.
- Mais…
- Demande lui la liste de ses victimes et tu comprendras”.
Mon regard était perdu dans le vide et je sentis la bascule en moi. Mais pour qui se prenait-il pour me faire la leçon ce démon de mes-deux?
“ Ches’ ne s’énerve jamais quand je dis que c’est un démon,” finis-je par marmonner.
- Je te demande pardon?” s’indigna Will.
- Ches’ lui sait qu’il est un démon. Toi, tu es un démon qui joue à être un humain et tu viens me faire la leçon sur les faux semblants? Laisse-moi rire Will ! Tu me connais depuis quoi? 3 jours, et tu penses avoir le droit de te permettre de me juger comme ça ? “
Je bouillonnais de rage. Qu’il aille en enfer ! Je tournais les talons et m'avança vers la porte.
“ Bien Alice…” grésilla la voix en moi.
- Je suis peut-être impertinante, impatiente ou encore imcapable de retenir ma colère mais je suis honnête moi !”
Il souffla et lâcha la poignée de la porte, signe évident que je remportai cette manche. Et un point pour Alice, 3-1 c’est un score admirable!
“ Je ne veux pas me battre avec toi Alice, il est trop tô…”
- Oui, oui j’ai compris il est trop tôt pour qu’on se crêpe le chignon, alors range ton aversion envers moi et écoute ce que j’ai à dire, s’il te plait. Quand on aura attrapé ce connard tu pourras me détester autant que tu veux !
- Bien. Je t’écoute.” trancha-t-il après une courte pause.
Je pris alors une grand inspiration :
“O.K., comme je disais je n’ai pas dormi de la nuit, ce qui explique également mon humeur massacrante, je considère que toi aussi vue ta tronche. [et un point de plus pour moi ! ] Et cette histoire avec Sylvain, sans parler de son réveil assez traumatisant pour tout le monde, surtout pour l’autre perche d’Eva, qui a genre mis deux semaines à s’en remettre, et avec les autres victimes tu sais les 10 victimes ! Dix ! c’est énorme pour une seule mise en scène ! Et puis ça m’a fait penser à ce que vous m’aviez dit avec le vieux et l’histoire avec l'église. J’aime pas non plus les églises je te rassure, ces lieux où on te dit quoi penser et comment agir, beurk. Bref, du coup j’ai essayé de les relier, tous ces trucs, et vois-tu? il y a un truc ne colle pas et puis ensuite j’ai regardé cette série sur deux fantômes détectives ce qui m’a fait réalisé que si ça se trouve le vieux était gai comme l’un des deux protagonistes et puis, ah et puis il y a le bar et le masque aussi et puis l’autre débris et ses vieux livres qui a une odeur plus que douteuse…
- Qui ont”, me coupait Will.
- Quoi? “
- Ses vieux livres qui ont une odeur douteuse…, [ahhhhh qu’est-ce qu’il peut m'énerver]
- Non moi je parlais de l’archiviste, bref on s’en fiche, où est le masque? “
Je m'arrêtai enfin de faire les cents pas, laissant retomber mes bras qui s’agitaient jusqu’alors. J’interrogeai le démon du regard avec insistance.
“ Complètement décousu ton histoire, répond-t-il tranchant.
- Où est l’Homme vert? Insistai-je, on ne l’a pas retrouvé sur les lieux du crime !” dis-je en ouvrant les bras.
- De quel homme vert tu me parles au juste?
- Bah le masque de sylvain, son démon tu sais, sylvain était un inspecteur avec un démon jardinier !
- Attends, tu veux dire que son démon était un masque ? mais c’est quoi le rapport avec un homme de couleur verte, c’est lui qui porte le masque?
- Bah non, un Homme vert c’est un masque orné de feuillage, c’est genre une antiquité, tu pensais à quel un homme vert, toi? je ris. Tu t’imaginais des petits marsiens?” je ris de nouveau.
- Ton chat parle, mon bras peut se transformer en arme tranchante et on chasse les démons que je dois bouffer ou aider suivant le contexte, alors oui ! un homme vert ça ne me parait pas si déconnant !”
- Hum, tu marques un point, 4 -1 pour toi,” grimaçai-je.
- Merci ! depuis quand tu comptes pour qu’on soit rendu à 4 - 1? Sans importance, et donc ce masque? Tu dis qu'on ne sait pas où il se trouve? “
- Je dis qu'on ne l'a pas retrouvé sur les lieux du crime” dis-je dans un sourire.
- Et tu penses savoir où il se trouve,” dit-il en répondant à mon sourire.
Je hochai la tête et lui intima de me suivre, ce qu’il fit après s'être changé.
***
Partie 2 : Le Saule Pleureur
William
Vous en avez mis du temps, dit le vieux.
Ni Alice, ni moi de dîmes mot.
Je n’avais rien vu de tel.
L’appartement de Sylvain était enfoui sous des tonnes de végétation en tous genres. Des lianes pendaient dans l’entrée et le reste de l’appartement regorgeait de lierre, de feuilles de palmiers, de lilas, de garances, de roses, de plantes grimpantes aux murs et au mobilier. Je me trouvais au milieu de la jungle. Mais ce qui attira mon attention résidait au centre de ce qu’il semblait être le salon : un gros saule pleureur à taille humaine.
Je m'approchai de l’arbre qui semblait à la fois immense et trop petit. Il remplissait la pièce du sol au plafond. Ces branches tombaient en cascade vers le sol nous barrant l’accès au tronc.
Alice restait en arrière les mains plaquées sur les oreilles.
“ Je ne sais pas si je pourrais rester longtemps ici, les cris de douleurs du saule pleureur sont trop stridents ! “ crit-elle dans la pièce silencieuse.
Nous échangeâmes un regard avec le vieux.
« Tu peux nous attendre dehors, on gère la fougère . » dit le vieux, on gère la fougère? sérieusement ?
Alice sortit, elle ne semblait pas avoir entendu un traître mot prononcé par mon coéquipier, je jetai un regard d’exaspération en direction du vieux.
“ Quoi ? renchérit-il , c’est dans le thème.”
Il est irrécupérable.
Nous nous approchâmes difficilement de l’arbre en repoussant la végétation foisonnante sur notre passage. Les odeurs se mélangeaient, se substituent, tantôt celle d’une forêt humide en automne, puis celle des fleurs du printemps ou encore l’odeur des vignes en septembre, juste avant les vendanges.
Comment trouver des indices dans un endroit pareil?
“ Récupérons l’Homme vert dans un premier temps” répondit le vieux à mon interrogation silencieuse, parfois j’avais l’impression qu’il pouvait lire l’esprit des gens, cette vieille branche (sans mauvais jeux de mots).
Je souris à ma propre blague.
“ Qu’est-ce qu’il te fait sourire comme ça? “
- Rien, rien, tu penses qu’il est dans le Saule? “ demandai-je connaissant pertinemment la réponse.
Il ocha la tête et tendis la main pour écarter les branches de l’arbre pleureur quand tout partit en vrille.
L’arbre sembla prendre vie.
Il nous attaqua soudain avec ses branches, puis comme en réponse à la prise de conscience du Saule pleureur, toutes les plantes avec lesquelles nous rentrâmes en contacte se mirent à nous attaquer également.
Je tranchai les branches qui m'assèneraient des coups, j'esquivai la plupart de justesse. Des lianes s'enroulèrent autour de mes jambes et je finis la tête en bas. Je me courbai et tranchai mes entraves de mon bras. Je m'explosai au sol mais un tapis de mousse amortit un minimum ma chute. Merci petites herbes douces et moelleuses.
J’osai un regard vers le vieux pour voir comment il s’en sortait de son côté quand mon nouvel ami : le tapis de mousse commença à me grimper dessus, je m’extirpai en un saut et frottai frénétiquement mon corps pour enlever les miasmes. La situation était hors de contrôle.
Je tranchai et coupai, le vieux avait sortit son briquet et était tombé sur un vieux déodorant de Sylvain, il s'amusait à créer un lance flamme maison pour incinérer ces saletés. Les plantes étaient trop nombreuses, elles allaient nous engloutir. Je recula et mon dos heurta une surface dure et rugueuse. je tournai la tête, j’étais dos au Saule.
“ Regarde William ! Je suis dos au mur et toi t’es dos au Saule ! Saule / sol t’as compris? cria le vieux en pulvérisant des lianes avec son lance-flamme.
- C’est vraiment pas le moment pour tes blagues pourris le vieux !
- Fais quelque chose où on risque de se faire bouffer par des putains de végétaux !
- Ce serait le comble pour toi hein? criai-je en me débattant avec les branches du saule.
- Allez petites plantes, si vous arrêtez de m’embêter j’arrête d’être végétarien et je me remets à la viande !
Il subit une nouvelle salve d’attaque qu’il repoussa difficilement, je crus voir des gouttes de sang perler.
OK carnivore uniquement alors ! cria le vieux en se débattant.
Je fit volte-face et dans un mouvement calme et maîtrisé (ou pas), mon bras droit transperça le tronc avec une facilité désarmante. J’entendis un cri strident, puis vint le silence.
Le temps se figea.
L’avais-je tué ?
Je retirai mon bras de l’arbre et il se recroquevilla sur lui-même.
A l’endroit où se tenait il y a encore quelque seconde le Saule pleureur il ne restait qu’un petit masque d’homme qui avait des moustaches en forme de feuilles : l’Homme vert.
Je me baissai pour le ramasser mais il s’insinua dans l’une des racines jonchant le sol de l’appartement. Tel une petite souris dans un tube en mousse, il s’échappa à travers les racines.
Je coupai les racines au fur et à mesure pour le coincer mais sans succès, il était plus rapide que moi, c’était rare ça. Il dévala le mur extérieur de l’immeuble et je ne pue que le suivre du regard dans il s’enfonça dans le sol de la rue au pied de l’appartement, juste à côté d’alice et Ches’. Ce dernier fit un bon quand l’ancien démon de Sylvain le frola.
Alice leva la tête.
“ Qu’est-ce que vous avez foutu ? t’as pas dit que tu gérais le vieux? “ cria-t-elle d’en bas.
- Correction il a dit “ je gère la fougère” , criai-je en retour
- C’était un saule pleureur Alice ! pas une fougère ! renchérit le vieux.
Tout le monde fut pris d’un fou-rire, pour ma part c'était surtout dû à mes nerfs et la pression qui tombait.
Nous fouillâmes tous trois l’appartement à la recherche d'indices à récolter. Je trouvais pour ma part quelques tickets de caisses déchirés, des livres moisis par les champignons et un trousseau de clé que j’ai du arraché à une plante carnivore plutôt coriace.
J’étais sur le point de quitter la pièce quand un petit boîtier attira mon attention. Je m’approchai et tendis la main au travers des ronces pour dénicher l’objet. Un DVD. La dame en noire, un film d’horreur je crois. J’ouvrai le boîtier et à l'intérieur je trouvai une petite note, collante dont émanait une odeur sucrée :
« Elle aime autant les enfants que nous je crois la dame ;-P
J'espère que ça te plaira autant qu'à nous,
C&C. »
C&C, qui ça pouvait être?
Je ne sais pas comment on pourra exploiter des éléments aussi détériorés mais en rentrant au département, nous déposons l’ensemble de nos trouvailles à la scientifique pour analyse. Dont le DVD et la note, peut-être reste-il des traces comme de l’ADN à analyser.
Harry passa la porte de la scientifique et nous dévisagea.
“Il vous est arrivé quoi tic et tac? Vous vous êtes battus dans un potager? “
- On s’est battu AVEC le potager, soufflai-je exténué.
Harry et le vieux entamèrent une conversation qui promettait de durer des heures, je m'extirpai alors du bureau discrètement et partit en direction de mon appart. Je trouvai Alice sur mon chemin, super…
Elle essaya d’entamer la conversion mais je l’ignorai et continuai mon chemin, imperturbable, ou presque.
Elle n’insista pas.
J’ouvris la porte et me dirigea vers la petite salle de douche.
Au milieu de ma douche j’y trouvai un lycoris rouge sang.
J'arrivais à la salle de repos de la section nécromancie, m'allongeais sur le canapé, un chapeau sur la tête, et je fermais les yeux afin de me reposer. Le combat au sein …