Le lendemain de notre petite virée à l’église, on toqua à ma porte vers 8h06. Je ne partais jamais avant 8h15 en direction du département. Les 9 min qu’…
L'inspecteur gardien des archives sembla surpris de nous voir toquer à sa porte, mais en quelques instants, la surprise sembla laisser place à du mécontentement.
Marmomant dans sa barbe, il nous invita à entrer.
L'ambiance était tout d'un coup bien moins zen que dans la voiture.
Alice garda le silence, je me dis que j'allais faire de même.
Nous nous assîmes autour d'une vielle table en bois, et l'inspecteur nous servit thé et café, dans un silence pesant.
- Qu'est ce qui vous amène chez moi ?
- Tu dois savoir que Sylvain est mort.
À ces mots, Alice se crispa.
- Oui, c'est tragique.
La discussion entre le vieux et l'archiviste était étrangement froide, sans fioritures.
- On a pu apprendre qu'il est passé aux archives peu de temps avant sa mort.
- Un jour, vous comprendez qu'il faut laisser les morts morts.
- C'est pas le sujet.
- Oui, il est venu aux archives. Il était particulièrement tendu ce soir là. Il n'a pas voulu me révéler le sujet de ses recherches, cependant, en partant, les livres qu'il avait exploré étaient rangés de manière anarchique. De fait, j'ai pu savoir de quoi il retournait.
- Dis nous donc.
- Il voulait se renseigner sur l'échange de démon entre contractant. Je sais pas pourquoi. En tout cas, il était sacrément motivé. Il a cherché dans des livres de rituels, des encyclopédies de démons, des livres d'histoire, mais également dans des livres de pratiques interdites.
- Tu saurais nous donner la liste de ces livres ?
- Bien sûr, tu auras ça par mail dans la journée.
- Est-ce que tu aurais quelconque détail à nous donner ?
- Qu'est-ce que tu viens faire chez moi pour me poser toutes ces questions ? Tu pouvais pas juste attendre début de semaine prochaine et venir me voir aux archives ?
- On a pas vraiment de temps à perdre.
- Tu t'es entiché d'un p'tit chaton, et pas n'importe qui en plus.
L'archiviste venait de dire ça en regardant Alice, d'un regard malsain. Alice, elle, resta bouche bée. Je ne sus que dire non plus, tellement ce commentaire était inattendu. Le vieux, lui, se leva, le regard dans le vide.
- On s'en va.
Sans mots, nous partîmes. L'archiviste ne nous regarda même pas, et ne dit rien, tout en s'allumant une pipe.
Le retour au département se fit dans le silence.
Arrivés devant le centre, tout le monde descendit de la voiture. Le vieux s'approcha d'Alice.
- Je suis désolé pour ça. Je t'expliquerai plus tard. Rentre te reposer.
Il vint vers moi.
- Prends soin d'elle.
Après ça, il retourna dans sa voiture, et quitta les lieux.
Une minute passa dans le silence. J'en profitais pour m'assoire à côté de la porte d'entrée.
- Enfoiré ! Alice cria. Mais pour qui il se prend lui ? Je vais lui refaire le portrait !
- Alice...
- Quoi ?!
Je savais qu'elle était en colère, mais sa réaction me peina.
- C'était pas cool de sa part de dire ça, mais c'est pas si grave non plus.
- Tu t'imagines quoi, que je suis en colère car il m'a traité de chaton ? Car il dit que le vieux s'est entiché de moi ? Car il m'a regardé comme un prédateur ? Tu penses que je suis susceptible à ce point ? T'es à côté de la plaque mon pauvre ! C'est pourtant pas toi qui a un super flair ?
Je ne répondis rien.
- Est-ce que tu as remarqué seulement comment il a parlé de Sylvain ? Comment c'est possible d'être aussi détaché ? Comment c'est possible de dire qu'il faut laisser les morts morts quand il s'agit d'un membre du département ? Quand on sait qu'il ne s'agit pas d'un accident, mais bien d'un meurtre atroce ? Quand on sait que la mise en scène est faite de manière à ce qu'il soit facilement reconnaissable ? Quand on sait qu'un CONTRACTANT a participé au massacre avec son démon ?!
Prononçant ces mots, Alice mit sa main sur sa bouche. Sous le coup de la colère, elle venait de dire quelque chose que jusque là elle nous cachait.
- Comment ça un contractant ? Je me levai en disant ça.
Alice ne répondit pas.
- Comment ça un contractant ? Dis-je, en haussant un peu le ton, commençant à m'énerver également.
- Ca te concerne pas !
- On travail ensemble je te ferai dire !
- Comment tu pourrais comprendre quoi que ce soit de toute façon, tu n'es qu'un démon !
Ces mots me blessèrent. Alice était en colère, et ses yeux étaient ambués, mais je ne pouvais pas accepter ça.
Je lui tournai le dos et allai vers la porte d'entrée.
- Attends, je suis désolée !
Je m'arrêtai un instant.
- Moi aussi.
Je passai la porte, et me dirigeai dans mon appartement.
Partie 1 : L’homme vert Alice Je frappai à la porte de l’appartement de william, ou son cagibi, peu importe, il était 6h59. Je n’avais pas …