Concours de Nouvelles : Rêve, par information.the.root.book

🌠 Plongez dans le "Rêve" : 2ème Édition de Notre Concours de Nouvelles CollaborativesChers membres de The Root Book,Suite au succès retentissant de notre première &e…




Chapitre 1: Le long manteau rouge, par Lyn

Une vieille dame kidnappe deux enfants dans un espace public (centre-ville, rurale, il y a du monde, peut-être que la mère a vu mais la foule l’a empêchée de se déplacer ?).

Sans transition, on est dans une grande pièce vide éclairée par une petite fenêtre (trop haute pour qu’on puisse voir le paysage de là où on est).

Dans la pièce il y a quatre personnes :

1- La vieille dame.

2- Moi, je suis une fille de quatorze ans avec des lunettes et un manteau rouge.

3- Une fille métisse avec des cheveux frisés, séparés en deux petites couettes basses, elle porte un pull à rayures (blanches, marron, ou peut-être orange ou rouges, ou peut-être tout à la fois, un pull à rayures avec des couleurs chaudes), elle a douze ans.

4- Une autre petite fille avec des cheveux au carré avec une frange, elle a dix ans, (peut-être moins, mais c’est la plus jeune).

Le vielle dame nous dit qu’elle nous sauve de la réalité et qu’elle va faire de nous des sorcières.

Je crois qu’il y a un homme dans la maison qui sert d’assistant à la dame (je pense qu’il est aussi là pour qu’on ne s’échappe pas), mais il n’est pas dans la salle avec nous.

On a une « première épreuve » à faire. On nous bande les yeux et on doit marcher en rond dans la pièce.

Le bandeau est noir, épais, opaque, il ne laisse pas passer la lumière. Comme j’ai des lunettes, je peux quand même un peu voir dans les coins de mon champ de vision.

Je vois le sol couleur terre et les murs blancs (un blanc sale).

Je vois les petites qui ont un peu hésité au début mais qui finissent par obéir à la vieille dame qui dit que c’est un moyen de s’éveiller, qu’on aura des pouvoirs, et que ce sera bien (je ne sais plus ce qu’elle dit exactement, mais elle a l’air excitée à cette idée).

Je vois qu’on a l’air parfaitement ridicules, que ça ne va pas, que je ne comprends pas comment j’ai pu croire à ces bêtises l’espace de quelques minutes.

J’enlève le bandeau et je dis que je veux m’en aller.

La vieille dame me dit de revenir dans le cercle.

Je ne veux pas.

Elle dit que je peux encore y retourner.

Je ne veux pas.

Elle dit que si j’abandonne, je n’aurai jamais de pouvoir.

Je ne veux pas. Elle ne comprend pas.

Elle dit que je n’aurai jamais accès à la magie.

Je boue, je ne peux pas raisonner avec elle, que ça ne sert à rien, et ça me met en colère (en rage).

« Je ne veux pas, je ne veux pas, je ne VEUX PAS » je répète, avec les doigts agrippés à son crâne, mes ongles enfoncés dans son front ridé. J’ai envie de lui faire du mal, j’ai envie de la frapper.

Mais elle me dit « très bien ».

Elle me laisse filer.

L’homme n’a rien fait (je crois qu’il a quand même esquissé un geste à un moment) et il ne m’empêche pas de partir.

Avant mon départ je dis aux petites « Ne restez pas ici, c’est n’importe quoi ». Je crois que la plus âgée comprend.

Je me réveille.

 

6 h 52.

J’ai fini avant de tout oublier et la sonnerie du réveil.

6 h 53.

C’est décousu, mais je ne crois pas que je pourrais faire mieux. En redécouvrant les péripéties de cette nuit couchées sur papier, la drôle de sensation qui m’a saisi quand je me suis levé me reprend.

6 h 54.

Je ne me mets jamais en colère. Les larmes montent plus vite que le ton quand je m’énerve, alors tout le monde se fout de moi. Je me fais traiter de fille, je m’en veux de le prendre comme une insulte, j’ai honte de moi, des autres, de la situation et sur tous les plans existentiels possibles.

6 h 55.

Jamais je n’ai crié comme ça sur quelqu’un. Même en le voulant, je n’en suis pas capable. Si on oublie que j’étais une fille, au sens littéral cette fois, je n’ai jamais crié comme ça. Là, c’était une voix grave et puissante, de celles qui vibrent depuis le nombril et grimpent en bouffée de chaleur jusqu’à la racine des cheveux.

6 h 56.

Cette fois, je pourrais prouver que ça c’est bien passé avant pour moi.

6 h 57.

C’était ma résolution pour la nouvelle année, mais qui a dit qu’une résolution de nouvelle année devait forcément commencer le premier janvier ? Ce qui compte c’est de s’y mettre dans l’année, point.

6 h 58.

« Tu t’es relevé comme si de rien n’était et t’as demandé… ».

Elle est où la trottinette.

« T’as dit que… ».

Mon père allait me tuer si je la casse.

« Et à la fin… »

Je me suis cassé.

Ce jour-là ma mère s’était inquiétée parce qu’elle m’a retrouvé à l’hôpital.

Ce jour-là mon père s’était inquiété parce qu’on l’a appelé à son travail pour le prévenir que les pompiers m’avaient embarqué.

Ce jour-là le voisin s’était inquiété parce que j’avais fait un vol plané avant de me vautrer tête la première et de tomber dans les pommes deux ou trois minutes après.

Moi, je ne m’étais inquiété de rien, parce que, « rien », c’est tout ce qui me reste de cette journée, rien de chez rien, le trou noir.

Sauf que ce « Elle est où la trottinette ! Allez, mon père va me tuer si je la casse… ! » et ce « Bon bah moi je me casse ! », ils sont encore très clairs dans ma tête et quand le voisin, venu prendre de mes nouvelles le lendemain, m’a ressorti tout ça, c’était comme s’il était allé dans le fond de mon estomac pour en ressortir de longs spaghettis mais aussi bien présentés que dans l’assiette.

Pourtant si ça sort de mon ventre, je les ai bien mangés en premier.

6 h 59.

Je connais le déjà-vu, mais ça ne m’arrive que sur une situation que je viens de vivre. Par exemple, la prof de math demande la racine carrée de vingt-cinq, quelqu’un dit cinq et j’ai l’impression d’avoir vécu ce moment.

Ça m’arrive souvent, à moi et à plein de monde.

Quand le voisin est venu me raconter mon accident, je n’ai pas eu l’impression que le voisin m’avait déjà parlé de mon accident. Au moment où il m’a rapporté mes propres mots, je les ai réentendus, et les réentends encore, avec mon insupportable voix de fillette qui prend son élan trop haut, au milieu de la gorge, pour s’étrangler à peine lancée hors de ma bouche.

Ce sont ces mots et ce timbre, très exactement, qui me semblent vieux.

Un vieux rêve… ?

Bi-bi-bip ! Bi-bi-bip ! Bi-bi-bip !

7 h 00.

Je les noterai tous. Le déménagement m’a perturbé dans mes nouvelles résolutions, mais je vais m’y tenir à partir d’aujourd’hui.

En plus c’est le début du printemps.

7 h 01.

Je réalise que je peux voir le jardin de la voisine plutôt bien, même si tôt, maintenant. Je crois que c’est une vieille dame, mais je n’y ai pas fait attention, parce que même si ma chambre donne sur son potager, je prends le chemin opposé pour marcher jusqu’à l’arrêt du bus. C’est le lot de la campagne, prison de vastes espaces verts qui nous éloignent de tout.

7 h 02.

Il est marrant son épouvantail, je n’en avais jamais vu en vrai.

Minute.

Ce long manteau rouge me dit quelque chose.




La fille avec une frange, par saule

7 h 03.Je relis ma feuille de cette nuit. « …une fille de quatorze ans avec des lunettes et un manteau rouge. » Zut.7 h 04.Peut-être que c’est juste mon inconscient qui m’a baladé. Si j’avais déjà vu…

II Petite initiée, par GinCor

Elle avait marché et marché, les yeux bandés. C'était ce que la mamie leur avait demandé de faire et le jeu en était devenu de plus en plus amusant.  M…