- Hey toi. A ces mots, le type devant moi se retourna. C'était un type banal, costard, cravate bien serrée, chaussures de ville, sa chemise blanche étant sa seule touche…
Le Soleil commençait à se lever au loin, drapant le ciel de couleurs chaleureuses.
La bâtisse qui se tenait devant nous était vielle, en bois, perdue au milieu de la campagne.
Clairement, l'ambiance qui s'en dégageait n'était pas invitante.
Ce qui semblait laisser le vieux totalement indifférent.
- Alors c'est là.
- Hum.
Si il n'était pas rare que le vieux soit laconique, ce coup-ci c'était différent. Cependant, il sembla se reprendre.
- Le crime remonte à 3 jours. C'est la mère de la victime qui est venu voir, n'ayant pas de nouvelle de sa fille. La porte était défoncée. En entrant, elle a vu le corps de son gendre, et a tout de suite appelé la police. La femme a été retrouvée un peu plus loin, dans la cuisine, les trois enfants dans une des chambres, dont la porte a elle aussi été défoncée, car vérrouillée de l'intérieur.
- Ca sent la javel.
- Les flics ont nettoyé la scène de crime après avoir récupéré tous les corps.
- Tsss. Je vais avoir du mal à trouver quoi que ce soit maintenant.
- Je sais bien, mais tu restes le démon avec le meilleur flair que je connaisse. Tu trouveras bien un truc.
- Je suppose que je peux bien essayer.
En entrant, je pouvais voir une zone du parquet plus sombre que le reste. C'était là que l'homme avait été retrouvé. La cuisine avait elle du carrelage, donc le sol n'avait aucune trace des évènements passés.
Le vieux m'invita à monter à l'étage. L'escalier grinçait. La chambre était juste en face, et avait été enfoncée si fort que le cadre avait cédé.
Après un certain temps, les démons apprennaient à se désincarner, avec un peu de pratique il était possible de passer à travers certains murs. Le fait que celui-ci ait plutôt enfoncé la porte montrait bien qu'il ne savait pas faire autrement. Par contre, il démontrait une force impressionnante pour un nouveau.
Là encore, le parquet s'était assombri.
En dehors de ça, rien ne semblait avoir bougé. La maison avait l'air nickel.
- Les flics ont rangé l'endroit ?
- Non, ils ont juste enlevé les corps et nettoyé. Mais tout a été remis exactement là où c'était.
- Le démon n'a rien détruit.
- Hum. À quoi tu penses ?
- Le crime ressemble à un crime de haine, mais l'endroit est intact.
- Ca semble ne pas correspondre.
- Nan.
- On va continuer avant de tirer des conclusions. Je vais faire le tour du terrain, voir si je peux trouver quoi que ce soit. Tu m'appelles si tu as un truc.
Il sortit, sans même attendre de réponse.
Je me remémorais les détails de l'enquête, afin de savoir au mieux quoi faire.
5 cadavres avaient été retrouvés, une famille avec 3 enfants de 16, 13 et 10 ans.
Tous avaient été tués par balle, mais ce qui, sans aucun doute, laissait deviner qu'il s'agissait d'un démon, c'était que les yeux des 5 victimes avaient été dévorés, non sans violence.
Je tentais de sentir quelque chose, mais la javel compromettait tout.
Il ne me restait plus qu'à investiguer comme un humain.
La chambre dans laquelle les enfants s'étaient réfugiés était celle du plus jeune. C'est là que les 3 avaient été abattus. Mais quelque chose n'allait pas. Les enfants avaient sûrement dû paniquer, et tenter de se cacher, pourtant, rien ne semblait avoir bougé.
Je décidai de prendre des photos.
Par mesure de précaution, j'allai voir les chambres des deux autres enfants, mais rien ne semblait en ressortir.
L'étage ne contenait rien d'autre.
Revenant au rez-de-chaussée, je passai par la cuisine, mais là encore, tout était en place, y compris les couverts, et surtout les couteaux. Pourtant, voyant son mari se faire tuer, la femme aurait pu avoir le réflexe de se saisir d'un couteau dans la cuisine pour se défendre.
Le salon était lui aussi impeccable.
Je ne pouvais rien trouver de particulier, mais cela ne collait pas avec un crime de haine.
Je ne pouvais rien prouver, mais quelque chose n'allait pas.
Je décidai d'appeler le vieux.
- Hey. J'ai rien trouvé dans la barraque. Tout est en place, comme si rien ne s'était jamais passé. Ca colle pas avec la violence des meurtres. Et j'arrive à rien sentir, la javel est partout, ceux qui ont nettoyé la scène l'ont fait comme des sauvages.
- Pourtant c'est pas des amateurs qui s'en sont occupé.
- Ca empeste même dans les autres pièces.
- Hum. Je vais contacter l'équipe de nettoyage pour en savoir plus, mais il n'y a aucune raison que les autres pièces aient été nettoyées. Je trouve rien dehors de toute façon.
- Je peux rien faire de plus ici, pas tout seul.
Le vieux resta silencieux de longues secondes.
- Tu aimes les chats ?
- c'est quoi cette question ?
- Rien, laisse. Je sais qui pourrait nous filer un coup de main. Rentrons.
Je n'avais pas la moindre idée à qui le vieux faisait référence, mais il ne m'en dirait pas plus.
Je remontai dans sa vieille bagnole, et il me ramena au bureau, me demandant de rester joignable.
Elle était avachie dans un fauteuil, ses jambes pendaient sur l'accoudoir, ses doigts pianotaient sa tablette si vite que même moi j'avais du mal à les suivre. Sa jeunesse m'inter…