Chapitre 3: 2 : Rester + prévenir l'école, par Lyn

Hiiiiiiiiiiiiiii !

6 h 40

Réveil en sursaut.

Oh la ferme, toi.

Anormalement excédée, Sidonie enfonça son poing sur son réveil et plaqua ses mains sur son visage. C’était horrible, ce rêve Je décidais de garder El’ à la maison pour je sais plus quelle raison et puis elle disparaissait… j’enchaîne les mauvais rêves en ce moment. Attends « j’enchaîne » ?

Hébétée, elle déambula dans le couloir jusqu’à la chambre de sa fille dont la présence était décelable par une petite touffe de cheveux crépus qui émergeait au milieu d’une literie Reine des neiges.

— Coucou El’... faut se lever.

Elle va pas se lever. Elle ignorait comment elle pouvait en être si sûre, mais c’est au-delà du pressentiment.

— Ça va choupette ?

El’ émit un petit couinement avant de s’enfoncer un peu plus dans les draps. Toujours certaine qu’elle ne sortirait pas de sitôt, Sidonie s’en alla à recherche du thermomètre qui, évidemment, ne marchait plus.

Tu te fais des films, il y a aucune raison qu’elle soit malade, hier elle sautillait encore de partout.

Trop excitée à l’idée de fêter Noël à la montagne avec son père. Il lui avait promis qu’elle apprendrait à skier pendant ces vacances.

Sidonie soupira.

7 h 05

Quand l’appétit va tout va. Et El’ mangeait ses céréales avec entrain.

Sidonie ne pouvait rien avaler, la certitude d’une catastrophe imminente lui tordait le ventre.

— Tu sais quoi, El’ ? Aujourd’hui, tu vas rester avec maman, déclare-t-elle d’une voix qui se voulait rassurante.

— Mais la maitresse va me gronder, proteste El’, une pointe d’inquiétude dans la voix.

— Mais non, fais-moi confiance.

— Mais on fait les jeux…

— On peut très bien jouer ici, allez viens-là.

7 h 45

— Oui, c’est la maman d’Elsa-Marie, j’appelle parce qu’aujourd’hui elle est malade…

— Mais j’suis pas malade ! s’écrit la voix d’El depuis le canapée où elle est emmitouflée devant un dessin animé.

Sidonie fit signe à sa fille de se taire tout en s’éloignant dans la cuisine.

— Elle avait une petite mine ce matin, je préfère la garder, au cas où ; oui, merci, bonne journée et bonnes fêtes à vous aussi.

Pour être tout à fait franche, Sidonie n’avait pas apprécié le ton sceptique de l’institutrice. Peut-être pour ça qu’elle a appelé son ex-mari l’autre fois…

L’autre fois ?

10 h 00

Sidonie peine à retenir un long soupir, blasée par les programmes télé qu’elle trouve un peu abrutissant :

— C’est pour les bébés, ça, tu crois pas que tu commences à devenir un peu grande ?

El’ ne répond même pas, absorbée par l’écran.

Sidonie s’apprête à retourner sur son téléphone, quand son regard accroche l’antiquité au mur, qu’elle sait déréglée. 6 h 40, encore.

10 h 05

Sidonie soupira.

Il avait été convenu la veille, 21 décembre au soir, que son ex-mari devait passer à 15 heures prendre les affaires d’El’ et la chercher à l’école pour partir dès ce soir à la montagne ; son pari consistait à croire qu’il y aurait moins de monde ce soir que le lendemain, samedi.

Sidonie n’avait fait que gagner du temps en prenant l’initiative de prévenir l’école. Il verrait bien que la petite serait à la maison en pleine forme.

Il faudrait trouver un justificatif et la certitude que leur fille allait se volatiliser sur le compte d’un ou deux cauchemars bizarres n’en était pas un.

Bonjour les commentaires.

D’autres parts, Sidonie pourrait s’abstenir de toutes reflexion désobligeante en lui répétant à lui aussi que la petite est malade, il voudra pas gâcher ses précieuse vacances.

Sauf que ces vacances étaient précieuses aussi pour El’ qui s’en faisait toute une joie.