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"Cible : Matao Hisawa, 52 ans, PDG de Cyber Human Elaborate.
Clause du contrat : Assassinat ; pas de trace ; faire passer ça pour un accident.
Spécification : Doit être éliminé par un des robots militaires de l'usine.
Prime : 400.000 crédits"
- Tsss, celui là va me donner du fil à retordre.
La nuit était tombée depuis plus de deux heures sur Kyokuushin, et la pluie battait son plein. À cette heure ci, les néons de la ville brillaient comme un millier de Lunes, les drônes volaient dans tous les sens, et les braves gens se faisaient de plus en plus rares, ne laissant place qu'aux hologrammes, et à des personnes pas toujours fréquentables.
Depuis la lunette de son sniper, Mizumi regardait les moindres faits et gestes de Hisawa, sa cible. Cela faisait déjà deux semaines qu'il l'espionnait, notant la moindre récurrance dans son comportement, la moindre faille de sécurité, mais l'homme était prudent, et bien entouré. Pas étonnant, pour la troisième fortune mondiale, et leader dans les implants cybernétiques, aussi bien publics que militaires.
Son usine était d'une sécurité implacable. Codes d'accès, badges, compartiments blindés, identification biométrique, rétinienne, faciale et vocale, et bien entendu des robots militaires ainsi qu'une présence humaine militaire constante. Jamais l'usine n'avait connu de brèche de sécurité jusque là.
Le contrat était, de loin, le plus complexe que Mizumi n'avait jamais eu.
Après trois heures et demi à observer Hisawa avec son sniper, ce dernier quitta l'usine à bord d'une voiture à propulsion ionique, évidemment blindée. Mizumi se redressa, démonta son arme et la rangea dans sa valise.
- Hisawa, tu es décidément une cible à laquelle je ne me serais pas attendu. Mais ta prime en vaut la chandelle.
Mizumi quitta le toit du building, et se rendit dans son bar préféré.
- Mizumi ! Vielle canaille !
- Saito ! Comment tu te portes ?
- Toujours ma vielle jambe qui fait des siennes, mais la vie est belle !
- Tu te traîne toujours ce vieux modèle ? Quand est-ce que tu la changera enfin ?
- Si j'en avais les moyen je l'aurais déjà fais.
- Une jambe sans système BRE (Blood Robotic Equivalent), c'est impensable aujourd'hui, je ne comprends pas qu'on ne te la fasse pas changer à moindre coût.
- Tu sais ce que c'est, les corporations ne font pas dans l'humanitaire.
Saito était un ami de Mizumi de longue date. Les deux s'étaient rencontrés il y avait 15 ans de cela, sur le front ouest lors de la guerre contre le nouvel empire de Chine, qui avait des ambitions territoriales un peu trop grandes. C'était pendant cette guerre que Saito avait perdu sa jambe gauche, en marchant sur un tout nouveau modèle de mine chinoise, totalement indétectable. Après la victoire du Japon, Saito et Mizumi avaient réintégrés la vie civile, bien que cela ne soit pas aussi simple que cela. Saito vivait de sa rente d'ancien soldat blessé, et Mizumi avait tenter de créer sa propre activité dans le conseil militaire.
- Tu ne devrais pas te laisser aller comme ça Saito.
- Mizumi.
Le ton de Saito s'était subitement durci. Le silence s'ensuit.
- Je mène la vie que j'ai décidé de mener. C'est pas idéal, mais au moins j'ai pas de problèmes. Je refuse de me la jouer homme de l'ombre.
- Tsss, tu es toujours aussi intangible.
- Et ça restera comme ça.
- Bon, je vais devoir y aller, j'ai encore beaucoup à faire.
- Moins j'en sais, mieux j'me porte.
- Barman, remets un verre à mon ami, je l'offre.
Mizumi approcha sa montre du terminal de paiement et 5 crédits furent débités.
- Prends soin de toi Mizumi, je veux pas voir ton nom dans la rubrique nécrologique.
- T'en fais pas papy, je suis prudent.
Mizumi prit alors le départ pour rentrer chez lui. Il était alors deux heures du matin.
Si Mizumu avait appelé Saito "papy", c'était parce que ce dernier était agé de 58 ans, et était marqué par les années, contrairement aux 37 ans de Mizumi. Là encore, ce surnom affectif venait du front.
Une fois arrivé à son appartement, Mizumi s'installa à son bureau, et alluma ses équipements. Comme chaque soir, il télécharga sur un disque dur indépendant tout ce que sa lunette avait enregistrée alors, et ajouta de nouvelles notes à son plan.
Malgré des heures et des heures de vidéo, il n'avait encore perçu aucune faille dans la sécurité de l'usine, ni dans la protection constante de Hisawa. Malgré tout, il allait bien falloir réussir non seulement à pénétrer dans le bâtiment, sans être détecté, mais aussi à pirater l'un des robots militaires pour simuler un accident.
Mizumi se servit un verre de rhum, et décida d'aller dormir quelques heures. Il y avait forcément une faille quelque part, et il fallait vite la trouver.
Voilà maintenant presque 3 semaines que Mizumi espionnait Hisawa tous les soirs, cumulant plus de trentes heures d'enregistrement vidéo. Nuit après nuit, le même shé…