Camping très sauvage, par Marieno

Partie 1 — Rappelle-moi, pourquoi on n’a pas pu prendre le mini-van de ton père ? grogna Alex, tandis qu’il enfilait avec difficulté les arceaux de la tente dans la…




Chapitre 2: Maison perdue cherche visiteur, par MaxP

— C’était si loin que ça ? demanda Sara. Je ne me souviens pas avoir mis tant de temps tout à l’heure…


— Tu rigoles ? rétorqua Willem. Vous avez mis une plombe ! Pourquoi tu crois qu’on a attaqué les chips, hum ? On avait la dalle à force de vous attendre.


— Ouais, d’ailleurs, merci… on s’en rappellera… pesta la jeune femme. C’est quoi cette organisation bancale, sérieux ? Vous prenez rien à bouffer pour un camping, vous ? 


— Et on dit merci à qui ? tacla Alex. Merci Willow ! 


— Rooooh ça va… lâchez-moi la grappe ! Et toi, arrête de m’appeler Willow, tu sais que j’ai horreur de ça, face de pet ! 


— Calmez-vous les enfants… soupira Benjamin. Ça fait tout juste cinq minutes qu’on est dans les bois et vous voulez déjà vous étriper… 


Puis il compléta sur un ton plus léger : 


— C’est déjà pas si mal d’être au grand air, non ? Respirez-moi cette bonne odeur de verdure et profitez un peu de l’ambiance nocturne ! Me dites pas que ça ne change pas nos habitudes. Allez, pétez un bon coup, respirez… Mais pas les deux en même temps… Vous verrez, ça va aller tout seul.


— Ouais, renchérit Emma, d’autant plus qu’on est arrivés. 


Le groupe venait de traverser des fourrés et de remonter un petit chemin de terre, en s’éclairant de leurs torches. Désormais, les amis débouchèrent sur une clairière dégagée. On aurait dit que de nombreux arbres avaient été volontairement abattus. Un seul tenait encore debout. Il était identique à la description que les filles en avaient faite. Sur des branches bien plus hautes, on pouvait même imaginer la construction d’une cabane ou la suspension de linge, de cordes de balançoire, etc… Ses racines, visibles et noueuses, sortaient de terre et formaient une sorte d’escalier boisé. L’ensemble dégageait une drôle d’aura, à la fois fascinante et inquiétante. Aucun d’entre eux n’avait vu de chose pareille auparavant. 


— Vous trouvez pas qu’il est chelou ? questionna Alex.


— Chelou, comment ? demanda Emma.


— Je ne sais pas… Je le sens pas. 


Alex ne quittait pas l’arbre des yeux, comme s’il s’attendait à voir quelque chose en sortir. Une sorte de terreur pouvait se lire dans son regard.


— Ah bah d’accord… Nous qui pensions vous faire découvrir un truc sympa, toi, tu trouves ça flippant, se moqua Sara.


— C’est pas qu’il est flippant. C’est juste qu’il me met mal à l’aise… Pas vous ?


— T’es vraiment qu’un trouillard, ma parole… s’amusa Benjamin, attrapant son pote par les épaules et lui frottant la tête. Tu vas pas te pisser dessus quand même ?


— Qu’est-ce que tu peux être con ! rétorqua Alex, en se dégageant de l’étreinte.


— Bon, on va la voir cette baraque, ou quoi ?! s’exclama Willem, en pointant du doigt la maison qui leur faisait face à quelques mètres. 


Les cinq s’approchèrent et balayèrent les alentours de leurs lampes. Ils purent alors apprécier le décor avec plus de précision. La demeure, toute en longueur et en bois vermoulu, avait un aspect assez rustique. Elle donnait même l’impression d’avoir été abandonnée depuis plusieurs années. Elle comportait un étage avec de nombreuses fenêtres alors qu’une trappe extérieure cadenassée semblait mener à une cave. Trois marches permettaient d’accéder à un porche qui faisait tout le tour de la maison et sur lequel plusieurs rocking-chairs délabrés attendaient qu’on vienne les utiliser à nouveau. Les vitres du rez-de-chaussée étaient recouvertes de papier journal.


— Venez, on entre ! suggéra Benjamin, dont les yeux trahissaient l’excitation. 


— T’es complètement fou ? hoqueta Sara. Jamais de la vie je fous les pieds là-dedans… Je ne sais même pas pourquoi je vous ai suivi.


— Fais comme tu veux. En attendant, moi, j’y vais. Les mecs, vous venez ? 


Willem et Alex échangèrent un regard avant de décider, d’un hochement de tête réciproque, d’emboîter le pas à leur chef autodésigné. 


— Ah bah bravo ! Super la galanterie… souffla Sara. 


— Allez, viens. Tiens-moi la main, proposa Emma. 


Tout le petit groupe venait de pénétrer dans l’enceinte de la maison. L’intérieur n’était pas en meilleur état que la devanture. De la tapisserie délavée se décollait un peu partout dans le couloir d’entrée. Sur la droite, des portes battantes menaient à une cuisine crasseuse avec un sol en damier collant. 


— Vous sentez ? Ça pue, non ? s’inquiéta Sara, en se pinçant le nez. 


Une forte odeur métallique planait dans l’air. 


— Ça me rappelle quelque chose… ajouta-t-elle. Du s… 


Les filles portèrent une main à la bouche.


— En même temps, répliqua Benjamin, si c’est bien un hospice, on peut imaginer n’importe quoi. Je suis sûr qu’il a dû se passer des choses bien dégueulasses, là-dedans. Un vieux qui s’étouffe en mangeant, un autre qui tombe et s’éclate le crâne… Ou pire !  


Le barbu ricana.


— Un psychopathe qui les égorge tous, un par un ! 


— Berk ! C’est répugnant ! objectèrent les quatre autres, à l’unisson. 


— Bah quoi ? s’étonna le leader. Vous n’aimez pas mes histoires ? 


— C’est facile pour toi, Ben… T’as toujours dit que tu voulais être chirurgien. Le sang, c’est une broutille.


— C’est vrai… Mais ça n’a strictement aucun rapport… releva Ben. Soit on a des tripes, soit on n’en a pas ! 


Les jeunes gens, un peu choqués de l’attitude de Benjamin, poursuivirent leur progression. À gauche, ils trouvèrent un immense salon avec des meubles protégés par des bâches poussiéreuses. La peinture des murs aux teintes vert canard avait perdu sa fraîcheur et s’écaillait. Par endroits, il y avait même des trous révélant la structure interne de la maison. Comme si on y avait donné de grands coups. Les planches à moitié pourries étaient recouvertes de moisissure et de traces de dents et de griffes. Lorsque Sara promena sa lampe sur l’un des trous, elle crut apercevoir un rat s’y engouffrer.


— Putain !! hurla-t-elle. C’est dégueulasse ! 


Enfin, tout au bout du couloir, un renfoncement accueillant un vieux bureau poussiéreux leur faisait face. En s’approchant, ils remarquèrent qu’un escalier montait et qu’une seconde trappe descendait vers le sous-sol. 


— Alors, prêts pour une petite exploration ? proposa Ben. On se sépare en trois groupes ? Un au rez-de-chaussée, l’autre à l’étage et le dernier à la cave, ça vous va ?


— Au cas où tu ne saurais pas compter, Einstein, on est cinq… riposta Sara. Comment veux-tu qu’on constitue trois groupes égaux ? L’un d’entre nous va forcément être seul… Perso, je m’y risque pas, on dirait trop le début d’un mauvais film d’horreur… 


— C’est bon, je m’y colle… pouffa Willem. Mais je vous laisse la cave. Ben, fais attention à ma cousine, je te la confie. 


— Tu peux me faire confiance… répondit Benjamin, rictus sur les lèvres.


— Et si je voulais être avec elle ? s’offusqua Sara.


— Ma belle… tu l’as dit toi-même, on dirait le début d’un mauvais film d’horreur. Alors vaut mieux que vous soyez accompagnées de mâles courageux… 


Benjamin venait de lancer son spitch sans lâcher Alex du regard. Il le conclut d’une œillade à laquelle l’intéressé répondit par un doigt d’honneur.


— Bref… si on se magnait un peu, hein ? pressa Emma. 


Ils se séparèrent pour couvrir plus de terrain. D’un côté, Willem se dirigea vers le salon. De l’autre, Alex et Sara montèrent à l’étage. Enfin, Ben et Emma empruntèrent la trappe.


Ces derniers trouvèrent une volée d’escaliers qui les amena au sous-sol. S’éclairant toujours de leurs torches, ils découvrirent que les murs étaient faits de briques lourdes et solides, contrairement au reste. Les toiles d’araignée qui couraient sur les canalisations poisseuses et tordues rendaient la descente encore plus glauque. Arrivant devant une porte lourde, Benjamin actionna la poignée d’un geste vif.


— On a de la chance, c’était pas verrouillé, annonça-t-il.


— Youpi… Tu m’en vois ravie, ironisa-t-elle. 


Un frisson saisit aussitôt les explorateurs qui ne s’attendaient probablement pas à tomber sur une chambre froide fonctionnelle. Voilà qui expliquait le bruit des moteurs et le souffle froid qu’il leur chatouillait la peau. 


— Si tu veux mon avis, lança Ben, projetant le faisceau de sa lampe sur son visage, ce devait être le garde-manger. C’est là qu’on gardait les carcasses sanglantes et tout. 


— Décidément, tu sais comment parler aux femmes, toi… 


En tâtonnant sur le mur collant, Emma trouva un interrupteur, qu’elle tenta d’actionner, sans succès. La pièce resta plongée dans la pénombre. 


— Si ça te dérange pas… j’aimerai autant qu’on ne s’attarde pas trop ici… suggéra-t-elle. 


— Quoi ? On est pas bien, là ? Moi j’aime assez… affirma Ben.


La jeune femme n’avait pas tout de suite remarqué la fragrance qui envahissait l’espace. Le mélange d’une odeur ferreuse, comme à l’étage et d’une autre, plus forte, qu’elle n’arrivait pas à identifier. Elle s’en rendit compte quand la lumière de sa lampe éclaira ce qui ressemblait à des entrailles, dans un coin. Retenant un haut-le-cœur, elle porta une nouvelle fois sa main à la bouche. 


— Je crois que je vais être mala… 


Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’elle remarqua qu’un peu plus loin, sur sa droite, quelque chose remuait sous une montagne de déjections. Voilà ce qu’elle avait senti. Guidant la torche, elle finit par s’apercevoir qu’il s’agissait d’un homme… ou peut-être une femme. C’était difficile à dire. Dans tous les cas, la personne était très mal en point. Cadavérique et nue, elle tremblait. Mais le plus inquiétant était les traces de morsures à même les cuisses et les bras, comme si des morceaux entiers de chair avaient été arrachés. Pire encore, ses mains et ses pieds avaient été sciés… 


Cette fois, la jeune femme n’y tint plus et alla vider le contenu de son estomac dans un coin de la pièce. Benjamin, resté en retrait, n’avait rien vu de ce spectacle horrifique. 


— Quoi ? T’as vu un cafard ? 


— N… Non… Il faut qu’on aille chercher les autres et qu’on se barre, immédiatement. C’est horrible ! 


Le jeune homme s’approcha à son tour et découvrit l’abomination, mais ne broncha pas. Il ne dit rien non plus quand, dans son dos, Emma se dirigea vers la sortie. Soudain, la lampe de Benjamin s’éteignit, offrant plus de terrain à l’obscurité. Un bruit sourd retentit et attira l’attention d’une Emma inquiète.


— Ben ! Qu’est-ce que tu fous ?! Allez, on bouge ! supplia la jeune femme. C’est bon… ça ne m’amuse plus du tout. On n’aurait jamais dû venir. 


Sa respiration se faisant de plus en plus saccadée, elle pleurait de panique. Quand Willem lui avait proposé de se joindre à lui, jamais elle n’aurait imaginé un truc pareil. Un week-end en forêt avec de la bière et quelques garçons… Okay. Mais tomber sur un corps mutilé, à peine vivant et baignant dans des excréments… C’en était trop. Elle se sentait oppressée, de plus en plus acculée. Comme si une ombre pesante l’engloutissait petit à petit. Une peur sourde s’immisçait dans son esprit.


— Putain ! Mais c’est quoi ce plan foireux, encore ?! 


Voulant fuir à tout prix, elle se força à retrouver le barbu et finit par le voir couché sur le ventre, les yeux clos, la bouche ouverte. Elle comprit que quelqu’un venait de l’assommer. Ils n’étaient pas seuls. Fallait-il qu’elle parte ou qu’elle porte secours à Benjamin ? Elle ne savait pas… Finalement, elle n’eut pas le temps de trouver la réponse. Un premier coup, venu des ténèbres, la sonna et lui fit lâcher la lampe dont le verre se brisa. Elle titubait, manquant de tomber. Après le deuxième coup, plus violent, elle chuta, se retrouvant désormais sur les fesses et luttant pour rester consciente. Du sang coulait de l’arrière de son crâne. Le faisceau vacillant lui révéla l’horreur qui allait se jouer… 


Plusieurs silhouettes terrifiantes se détachèrent des recoins sombres de la pièce. Déformées et à quatre pattes, elles se dirigèrent vers elle, à toute allure. Impuissante, Emma sentit des mains la maintenir en place pendant que des dents se plantaient dans son corps pour la déchiqueter. Elle se faisait dévorer par des créatures qu’elle ne discernait pas. La porte de la chambre froide se referma alors, y confinant ses hurlements de terreur. 


Elle servait de plat de résistance… et elle n’y pouvait rien. Personne n’y pouvait plus rien. Personne n’avait la moindre idée du sort funeste qui était maintenant le sien… Pourquoi avait-il fallu qu’elle accepte de rejoindre son cousin ? se demanda-t-elle quand elle sombra pour de bon alors qu’une mâchoire lui arrachait la trachée. Il ne resta bientôt plus d’elle qu’un tas de viande sanguinolent et informe…




Cauchemar épicurien, par Caius_OGara

Alex et Sara avaient emprunté un escalier lugubre pour rejoindre l’étage. Les vieilles marches en bois étaient pour la plupart rongées par le temps et les mites. Leu…