Organisé par Eclo Editions en partenariat avec The Root Book Une Invitation à l'Aventure Littéraire 📚✨ Chers auteurs et autrices en herbe, nous avons une nouvelle excitante pou…
Instantanément, l’inquiétude qui avait saisi Amélia à son réveil sembla s’évaporer et la jeune femme fut secouée par un rire aussi violent que libérateur. Un dragon ! Sérieusement ? Sa grand-mère devait avoir perdu la tête…
— Amélia, tu es toujours avec moi ? reprit la vieille dame, quand le silence se fit dans l’appartement.
— Oui… Mais… Tu te rends compte de ce que tu me dis ? Et tu t’imagines que je vais te croire ?
La grand-mère toussota avant de rependre.
— Ma chérie, tends-lui ta main et laisse-le faire, conseilla-t-elle. Tu verras bien ce qu’il advient. Et quand ce sera fait, installe-le dans la cage de Morty et viens me retrouver à la maison. Nous avons à parler.
Sa voix ne laissait plus la place aux discussions. Sans donner plus de détails, elle raccrocha, abandonnant sa petite fille aux prises avec de nombreuses questions…
Encore allongée sur le parquet, le regard braqué sur la créature, Amélia inspira profondément. Elle avait toujours fait confiance à sa grand-mère. Mais ne prenait-elle pas un risque en respectant ses consignes ? Et si la bestiole était dangereuse ?
Tremblant, l’esprit légèrement embrumé par l’abus d’alcool et le manque de sommeil, elle tendit la main vers l’avant, craignant de toucher de nouveau la forme visqueuse dont les yeux jaune doré brillaient d’un éclat étrange. Le petit animal, quoi que soit cette chose, s’avança à petits pas et émit un sifflement strident. Sur le canapé, Morty feula avant de s’enfuir vers la chambre.
Reniflant l’air, de minuscules oreilles dressées à l’affut du moindre bruit, l’étrange bestiole approcha silencieusement. Le sifflement avait cessé sans presque qu’Amélia ne s’en rende compte. Le cri n’avait rien d’effrayant. Il semblait résonner dans le cœur de la jeune femme, créant en elle une sensation étrange.
Une tête sortit de sous la bibliothèque. Elle fixait Amélia sans discontinuer, insufflant une sorte de confiance qui emplissait l’air et la moindre cellule de la jeune femme. Une alchimie se créait entre les deux êtres vivants. La peau brunâtre de l’animal laissa exsuder une petite brume violacée, scintillante. Celle-ci se répandit autour d’Amélia, lui masquant le reste de la pièce. Un cocon de douceur et de quiétude semblait se former, enveloppant la femme et l’animal.
Bientôt, la peau froide de la minuscule créature entra en contact avec la pulpe des doigts de la jeune fille. La vibration qu’avait ressentie Amélia s’amplifia encore. Et soudain, comme arrivée d’outre-tombe, une voix monta dans sa tête. Une voix qui ne lui était pas inconnue. Les paroles étaient prononcées dans une langue étrange, chantante, aux sonorités joyeuses et mélancoliques à la fois. Des mots, aussi inconcevables que celui puisse l’être, qu’Amélia comprenait parfaitement.
— Amélia, il est temps. Mais pour savoir où aller, tu dois savoir d’où tu viens, disait la voix. Gwenalvire te montrera le chemin…
***
— Ah, bonjour ma chérie, lança la grand-mère en ouvrant la porte. Mais, tu es venue seule ?
Amélia ferma les yeux un instant, avança en titubant vers le canapé et s’écroula, épuisée.
— Elle est… en moi, furent ses dernières paroles avant de sombrer dans un profond sommeil.