Araignée, par Shadowlight

Bordel, c’est quoi ce délire ! Une araignée qui parle ? Mon cœur tambourine dans ma poitrine oppressée. La fuite parmi les méandres du labyrinth…




Chapitre 4: (L')Explosion, par Shadowlight

Un instant, le temps semble suspendu. Puis, l’explosion fulgurante s’étend en même temps que progresse le front de flamme. La puissance de la déflagration engendre une pression phénoménale qui repousse l’Araignée vers l’arrière, la démembre, l’écrase.


En une nanoseconde, une boule de feu difforme gagne en force et prend l’allure d’un soleil miniature tandis que le méthane s’embrase, crépitant et scintillant en milliers d’étoiles filantes. La chaleur et l’onde de choc fracassent les parois de verre, cheminent le long des corridors tortueux en une déferlante de flammes. La nature dans toute sa splendeur chaotique. La lumière engendre des ombres tranchées, et les étincelles s’apparentent à des lucioles en folie, voltigeant dans tous les sens, avec une trajectoire propre.


Trajectoire qui se retrouve soudain interrompue.


Des trainées bleutées jaillissent d’un millier de points invisibles, explosant en un feu d’artifice de motifs floraux et serpentins, occupant l’espace plus rapidement que la déflagration elle-même. Cette aura se métamorphose en une sphère iridescente qui contient l’incendie et l’étouffe.


Les mécanismes de préservation du vaisseau étendent l’action du champ de force à la section endommagée. Les flammes, autrefois si violentes, s’apaisent, dansent gracieusement, avant de perdre en vigueur et mourir.


La supposée victoire de l’humanité sur la menace extraterrestre se décline en saveurs de fiel.


***


Je m’appelle Azim. Je suis un nomade du désert et vis dans le Rub Al-Khali, cette terre hostile à l’homme. Mais je l’aime. Elle est mienne, quoi qu’en disent les nations.


La chaleur accablante écrase tout ici. Je la ressens au travers du chèche qui protège mon crâne et mon visage, elle transperce le takakat qui me drape en intégralité. Mes yeux clairs se plissent de surprise à la vue de traces sur le sable ocre. Des marques de pneus, profondes et récentes qui se dirigent vers l’Est.


Je les suis du regard au travers des brumes de chaleur. Elles prennent fin à côté du croc de Sheitan, l’anomalie géologique qui crève l’erg de sa forme dentelée. Une jeep rouge stationne à proximité.


Qui donc est assez stupide pour venir se perdre dans cette partie du Quart Vide, la région la plus inhospitalière et la plus chaude du globe ?


Soudain, mon dromadaire s’agite. Il a senti un danger. Un grondement sourd retentit. Le sol se dérobe sous ses pattes. Il blatère de terreur et manque me désarçonner. Une vibration souterraine secoue les grains de sable qui ondulent telle une vipère prise de folie. Ma monture entame une valse effrénée. Je tire sur les rênes pour en garder le contrôle. Je me maintiens avec peine en selle et ne conserve mon assiette que par la force des bras. Le séisme semble durer une éternité et la peur de mourir enseveli m’étreint.


Pourtant, la tempête s’apaise aussi vite qu’elle est arrivée. Les derniers soubresauts d’une terre profanée disparaissent au profit d’un silence lugubre. Seul subsiste l’âcre souffle du désert. Je tourne la tête vers l’Est. Mes yeux s’écarquillent et mes lèvres asséchées laissent échapper une exclamation sidérée.


— WAllah !


La roche millénaire n’existe plus !


Je réajuste le voile glissé de mon nez et fais claquer ma langue. Mon dromadaire s’ébroue et répond avec réticence à ma sollicitation. J’oriente ses pas vers le chaos minéral qui résulte de l’effondrement. Tétanisé, la prudence m’incite à mettre pied à terre. Je flatte l’encolure de ma monture encore terrorisée pour la rassurer. Fasciné, j’observe les rocs épars qui jonchent l’espace et m’aventure parmi eux.


Le capot cabossé de la jeep qui pointe vers le ciel dénote dans ce paysage remodelé. Le reste du véhicule a disparu, dévoré par les mouvements du sol. Nulle trace de ses occupants. S’ils exploraient les grottes du Croc de Sheitan, aucune chance qu’ils aient survécu.


Un grattement sur la pierre attire mon attention. Je tourne la tête pour voir sortir de l’ombre une bien étrange créature. Au premier coup d’œil, je pense à une araignée-chameau. Son corps recouvert de chitine luit au soleil. Elle est bien plus imposante que ses congénères et semble me regarder. Cela m’intrigue. Elle relève ses pattes avant, signe précurseur d’une attaque.


Je souris, car loin des légendes colportées sur une soi-disant capacité à courir aussi vite qu’un homme ou d’infliger de larges blessures, je sais que je demeure une proie bien trop grosse pour elle. Je vis dans le désert et connais les animaux bien mieux que tous ces touristes en mal de sensations fortes.


Pourtant, je fronce les sourcils. Elle aurait dû déguerpir, se cacher dans un recoin de roche.


Ce n’est pas une araignée-chameau. Je le vois maintenant. Elle semble… différente.


Soudain, elle bondit vers moi. Un saut calculé, presque parfait. Mais j’ai déjà échappé à l’attaque de vipères des sables. Je fais un pas de côté et elle tombe devant ma botte. Je l’écrase d’un coup de talon. Le craquement de sa carapace encore molle me fait penser à celle d’un jeune scorpion après une mue récente, inachevée.


Avec un certain dégoût, je relève ma semelle pour découvrir que son ichor est… bleu !


Alors j’entends d’autres grattements derrière mois. Plus nombreux. Je pivote et me retrouve face à une rangée d’yeux multiples. Ils me fixent avec une intelligence malveillante qui me fige le sang.