Chapitre 1: Le jardin secret, par TRB-x

Le lundi 17 juillet, je franchis les portes de l'entreprise avec une boule au ventre. La déception de voir mes vacances refusées par mon supérieur direct me pesait encore. En entrant dans l'open space, une étrange sensation m'envahit : le silence. Pas de clavier qui cliquette, pas de téléphone qui sonne, pas de rires ni de discussions à la machine à café. Rien. Seule dans cet espace immense, je me sens soudainement très petite.

Je m'installe à mon bureau, allume mon ordinateur, et attends. Une heure passe, puis deux. Aucun mail. La frustration monte, tout comme la chaleur de ce mois de juillet. Je me lève, fais quelques pas, et une idée me vient. Si je suis la seule ici, pourquoi ne pas en profiter pour transformer cet espace ?

Je commence par déplacer les plantes vertes, les rassemblant au centre de l'open space pour créer un petit jardin. Je trouve une vieille nappe dans la cuisine, la pose au sol et y installe quelques coussins. Je récupère des lampes de bureau pour créer une ambiance tamisée. Le chant des oiseaux, diffusé depuis mon ordinateur, remplit l'espace, apportant une touche de sérénité. Je m'allonge au sol, au milieu de mon jardin improvisé, un livre à la main. Les rayons du soleil filtrent à travers les stores, créant des ombres dansantes sur le sol.

Soudain, une voix retentit dans l'open space : "Il y a quelqu'un ? Personne n'est à l'accueil, s'il vous plaît !" Je me fige, mon cœur bat la chamade. Je me cache derrière une plante, espérant qu'il ne m'ait pas vue. Mais il s'approche de mon jardin secret, intrigué. Je n'ai pas d'autre choix que de sortir de ma cachette. Je me lève, un peu gênée, et m'approche de lui. "Bonjour, je suis désolée, je ne m'attendais pas à avoir de la visite aujourd'hui."

Il me regarde, un sourcil levé. "C'est vous qui avez fait ça ? C'est... original." Je sens le malaise monter. "Oui, c'est moi. Je voulais juste... enfin, je ne pensais pas que quelqu'un viendrait."

Il sourit, "Je m'appelle M. Rochefort. Je devais avoir un rendez-vous avec M. Lefèvre aujourd'hui. Je ne savais pas que l'entreprise serait fermée."

Nous nous asseyons au milieu de mon jardin et une conversation s'engage.

"Vous savez, j'adore les plantes. C'est une excellente idée pour égayer cet open space," dit-il.

"Merci. C'était juste une idée spontanée. Je ne pensais pas que quelqu'un le verrait," je réponds.

"Et bien, je suis content de l'avoir vu. C'est rafraîchissant."

Nous discutons pendant des heures, de plantes, de travail, de vacances, de tout et de rien. La discussion s'éternise, aucun des deux ne voit le temps passer. Finalement, M. Rochefort se lève, regarde sa montre et dit : "Il est déjà si tard ! Je devrais y aller."

Je le regarde, un peu surprise. "Merci pour cette discussion. C'était... inattendu."

Il sourit, "Puis-je revenir demain ? Pour... euh... discuter business, bien sûr."

Je ris, "Bien sûr. À demain, M. Rochefort."

Il me fait un signe de la main et s'en va. Je reste là, au milieu de mon jardin secret, le cœur léger, avec le sentiment d'avoir vécu une journée vraiment spéciale.