Bordel, c’est quoi ce délire ! Une araignée qui parle ? Mon cœur tambourine dans ma poitrine oppressée. La fuite parmi les méandres du labyrinth…
L’instant d’après, le temps semble suspendu. Tel un serpent qui bondit hors de ma main, une explosion fulgurante s’étend devant moi. Autour de moi ? Une boule de feu difforme à l’allure d’un soleil en miniature s’apprête à m’engloutir. C’est une déferlante de flammes, la nature dans toute sa splendeur chaotique. Ses nuances orangées et rougeoyantes me captivent, tandis que le méthane s’embrase, crépitant et scintillant telles des milliers d’étoiles filantes. La lumière engendre des ombres tranchées, et les étincelles s’apparentent à des lucioles en folie, voltigeant dans tous les sens, chacune suivant sa propre trajectoire.
Le vent chaud, alourdi de cendres et de particules brulantes, me repousse. La chaleur est presque palpable, elle écrase ma peau, cherchant à pénétrer chaque pore. Pourtant, en plein cœur de cette apocalypse, un sentiment inattendu de triomphe m’envahit. Les coins de mes lèvres s’esquissent en un sourire, trahissant une émotion d’achèvement. À peine le temps de penser : « J’ai réussi, ». Les gens pourront continuer de vivre, d’aimer, de rire.
Alors que je m’apprête à fermer les yeux pour l’éternité, une vision terrifiante m’alerte. La tête de Ronan, fusionnée à ce monstre, m’observe. Il porte un sourire moqueur qui ne lui est pas habituel, comme pour se jouer de ma victoire. Quelle est cette expression sur son visage ?
Où a disparu la chaleur de l'explosion ?
Je cligne des yeux, essayant de démêler ce que je perçois. Des trainées bleutées ont jailli de millier de points invisibles, explosant en un feu d’artifice de motifs floraux et serpentins, occupant l’espace plus rapidement que l’explosion elle-même.
Cette aura bleue s'est métamorphosée en une sphère iridescente qui contient l’incendie et l’étouffe. Les flammes, autrefois si violentes, sont à présent apaisées, dansant gracieusement. C’est d’une beauté saisissante, et pourtant, je comprends que cette magnificence cache la défaite de l’humanité. Comme un vent de mort, la chaleur oppressive laisse place à une douce fraicheur.
Bordel ! Quelle technologie impressionnante…
Soudain, je perçois la menace de l’araignée tout près de moi. Elle a profité de ma distraction pour fondre sur sa proie. Ses yeux abyssaux m’examinant avec intensité. Les lèvres de Ronan se contorsionnent, prononçant des paroles qui me pétrifient :
— En réalité, murmure-t-il d’une voix sifflante, je suis ravi que tu sois toujours en vie, petite créature audacieuse. Tu m’as prouvé ta valeur, et je sais désormais comment tu pourras m’être bénéfique.
Sans prévenir, l’être répugnant bondit sur moi avec une vélocité déroutante. Ses mandibules acérées se plantent violemment dans mon torse. La douleur est si intense, semblable à une décharge électrique parcourant tout mon corps. Elle monte en flèche, irradiant le long de ma colonne vertébrale. Mon esprit s’agite, cherchant à comprendre, à s’accrocher à une pensée, une image, un souvenir. Mais la douleur brouille tout, rend tout si distordu. Une sensation d’apesanteur m’envahit, ma vision se trouble comme plongée dans un abime. Malgré ma lutte pour garder conscience, les ténèbres me submergent.