Arbor Demonium, par Shadowlight

« Tue ! Tue ! » Les directives tempêtaient encore sous son crâne. Tuer avant de l’être… Règle d’une aveuglante l…




Chapitre 2: Double connaissance, par Asphalte

Sous l'ombre d'une lune ensanglantée, les jumeaux, entités d'une monstruosité impensable, s'adonnaient à un rituel atroce : le festin du corps maternel. Dégustant sa chair encore tiède, leurs griffes aiguisées effleuraient avec délicatesse le crâne de Rhonda, telle une caresse cruelle et déshumanisée. Leurs doigts grotesques grattaient la peau froide de sa tempe, dessinant des cercles pervers sur sa peau blême.


 


L'esprit de Rhonda, enfermé au sein de l'écrin complexe qu'était son cerveau, se faisait aspirer, drainé, par cette connexion effroyablement charnelle. Ces parasites mentaux infiltrèrent le sanctuaire intouchable de leur génitrice, se gorgeant des souvenirs et expériences qui façonnaient l'identité de la femme.


 


Ce processus de parasitisme mental était intime et impudique à un degré déroutant, un sacrilège de la dernière forteresse de l'être humain, l'esprit. Les souvenirs de Rhonda s'évaporaient progressivement, aspirés par la curiosité vorace des jumeaux, remplacés par la réalité glaciale de l'existence des créatures. L'humanité de Rhonda s'évanouissait, dévorée par les pensées primales et bestiales des monstruosités.


 


Emplis des souvenirs de leur génitrice, les jumeaux monstrueux s'engagèrent dans une marche morbide vers le village voisin, leur appétit abyssal grandissant de minute en minute. La singularité de leur conscience jumelle leur octroyait une coordination épouvantable, chaque entité absorbant et partageant les savoirs de leurs proies respectives.


 


Leurs pas, guidés par les échos de Rhonda, les amenèrent vers les maisons les plus proches, situées aux confins du village. Ils se glissèrent furtivement dans l'obscurité, leurs corps grêles et difformes se mêlant aux ténèbres. Grâce à Rhonda, ils avaient appris le silence de la discrétion.


 


Ils entraperçurent alors une immense stature d’ours qui se dirigeait vers le village. Et une tension inédite commença à s'insinuer entre les jumeaux. Leur faim démesurée, exacerbée par la dévoration des souvenirs de leur mère, se muait en une compétition silencieuse et féroce. Ils savaient, avec une certitude glaciale, que la fin de l'autre signifierait un festin plus abondant pour celui qui resterait. Cette prise de conscience instilla une méfiance vicieuse dans leur esprit partagé, une discorde naissante qui menaçait de rompre leur unité monstrueuse.


 


***


 


Au crépuscule, alors que l'ombre du soir étendait son voile diaphane sur le paysage bucolique, Farell, l'immense férailleur sortait de l'obscurité de la forêt, en direction des faibles lumières du village. Son voyage n'avait que trop duré, et bien qu'exténué, il était bien content de retrouver son "chez-lui". Ses pas, sûrs et silencieux, étaient empreints de la précision du renard évoluant parmi les hautes herbes. Sa besace, telle une fidèle compagne, se balançait doucement au rythme de sa démarche, frappant sa hanche avec une régularité presque hypnotisante. C'est l'image chérie de sa femme Sheera, avec son sourire radieux qui rivalisait avec les premières lueurs de l'aube, et de sa fille Naela, incarnation de son bonheur, qui éclairait son chemin à travers l'obscurité oppressante de la nuit, tel un phare guidant un marin perdu.


 


Subitement, un hurlement perçant déchira la quiétude nocturne, provoquant une onde glacée qui parcourut l'échine de Farell. Ses yeux, largement écarquillés, se figèrent sur la silhouette terrifiante d'une paire de créatures que même ses plus horribles cauchemars n'auraient pas osé engendrer. Les jumeaux monstrueux, sortis tout droit d'une dimension cauchemardesque, se tenaient là, devant lui.


 


Ils étaient d'une maigreur pathologique, leurs corps déformés dans une parodie macabre de l'humanité. Leurs visages, étrangement anguleux, étaient éclairés par deux orbites d'un noir abyssal qui semblaient absorber la lumière environnante. Leur peau d'une pâleur spectrale, presque translucide, laissait apparaître un réseau complexe de veines bleutées et de muscles frémissants. Ils inspiraient à la fois une vulnérabilité effroyable et une puissance terrifiante, tels deux titans déchus capables de déclencher des cataclysmes.


 


L'un des jumeaux poussa violemment l'autre, refusant d'avoir un rival dans ce festin macabre qui s'annonçait. Celui qui avait été écarté, déconcerté, fixa son frère d'un regard mêlé de colère et d'incompréhension. Un grondement sourd, révélateur d'un ressentiment brûlant, résonna dans la gorge du premier, se transformant peu à peu en une colère froide et impitoyable.


 


La confrontation qui s'ensuivit fut d'une sauvagerie à peine croyable, rivalisant avec la férocité d'une tempête déchaînée en pleine mer. Les corps maigres des jumeaux s'entrechoquaient, leurs griffes acérées lacéraient l'air dans une danse mortelle. Paralysé par l'effroi, Farell assistait impuissant à ce spectacle de violence brute.


 


Un sentiment de terreur insidieuse s'insinua lentement en Farell, le faisant se sentir insignifiant face à cette scène d'horreur. La réalisation qu'il aurait dû être leur proie, que c'était lui qu'ils auraient dû traquer, fit monter les larmes à ses yeux. Sa gorge se noua d'effroi à cette pensée.


 


Cependant, malgré la peur qui l'envahissait, une détermination farouche s'ancra en lui. Il pensa à Sheera et à Naela, à leurs sourires complices qui faisaient éclore des papillons de joie dans son cœur, à leurs rires qui dispersaient les ombres de ses inquiétudes. Pour elles, pour la promesse d'un avenir en famille, il savait qu'il devait trouver la force d'agir.


 


Enfermé dans la cage de sa peur, Farell sentait son cœur tambouriner dans sa poitrine, chaque pulsation faisant écho aux coups et aux griffures que les jumeaux se lançaient. L'image de ces créatures inhumaines s'affrontant pour leur pitoyable suprématie était gravée dans son esprit, une scène d'horreur qui menaçait de l'engloutir.


 


Pourtant, malgré la paralysie qui menaçait de le submerger, malgré l'effroi qui faisait trembler chacun de ses membres, il savait qu'il devait bouger. Un filet d'air froid glissa sur son visage, chatouillant sa barbe hirsute et lui rappelant la réalité de la situation. Son instinct, cette voix basse et continue qui résonnait au plus profond de lui, lui criait de s'enfuir.


 


Il ferma les yeux un instant, cherchant à s'isoler du chaos qui régnait devant lui. Il se concentra sur sa respiration, tentant de calmer les battements affolés de son cœur. Il se remémora la tendresse de la main de Sheera entrelacée à la sienne, et le regard pétillant de Naela, reflet de leur amour partagé. Ces souvenirs étaient un remède contre la terreur qui menaçait de le submerger, lui offrant le courage de rassembler ses forces pour protéger le monde qu'elles illuminaient.


 


Farell rouvrit les yeux, sa détermination ravivée. Il n'était plus seulement un spectateur de l'horreur, mais un homme résolu à survivre. Il jeta un dernier regard horrifié aux jumeaux toujours en train de se battre, avant de tourner les talons et de se mettre à courir aussi vite que ses jambes musclées pouvaient le porter.


 


***


 


Les jumeaux, leurs esprits fusionnés dans une horreur partagée, observèrent Farell prendre la fuite, ses mouvements lourds et désespérés tranchant avec la grâce prédatrice de leurs propres corps déformés. Un instant, ils restèrent immobiles, leurs sens aiguisés analysant, calculant. Puis, comme s'ils étaient mus par un seul désir, ils se lancèrent à sa poursuite, leurs silhouettes se fondant dans l'obscurité comme des spectres affamés.


 


Leur course était silencieuse, une chasse orchestrée par la nature même de leur être. Ils étaient la faim incarnée, la terreur personnifiée, et Farell était devenu l'objet de leur convoitise morbide. Ils le rattrapèrent avec une facilité déconcertante, leurs corps maigres et agiles se mouvant avec une synchronicité parfaite.


 


Le férailleur se battit avec une vigueur surprenante, mais contre la force combinée des jumeaux, il était aussi impuissant qu'un agneau entre les griffes d'un loup. Ils le mirent à terre, leurs griffes déchirant sa chair avec une précision chirurgicale, leurs dents s'enfonçant dans ses muscles avec une avidité grotesque. Ils le démembrèrent avec une efficacité brutale, chaque morceau de sa chair étant une promesse de savoir et de souvenirs à dévorer.


 


Alors qu'ils consommaient le corps de Farell, ils s'abreuvèrent de ses connaissances, de ses compétences, de ses peurs et de ses espoirs. Ils apprirent de ses mains habiles, de son esprit rusé, de son cœur aimant. Ils ingurgitèrent son amour pour Sheera et Naela, et avec lui, une faim nouvelle et dévastatrice s'éveilla en eux.


 


Ils se redressèrent, le sang de Farell encore chaud sur leurs lèvres, et un désir ardent les consuma. Sheera et Naela, les noms résonnaient dans leur esprit comme un appel. Ils voulaient les connaître, les posséder, les dévorer. Ils voulaient s'imprégner de l'amour qu'il leur portait, de la douceur de leurs étreintes, de la lumière de leurs sourires.


 


Les jumeaux se tournèrent vers le village, leurs yeux brillant d'une lueur nouvelle, plus sombre, plus profonde. Ils savaient où trouver Sheera et Naela, Farell leur avait involontairement tracé le chemin. Ils se mirent en marche, leurs corps encore affamés, leurs esprits assoiffés de cette nouvelle quête.


 


Le village, plongé dans l'innocence de la nuit, ne se doutait pas de l'horreur qui s'approchait. Les jumeaux, porteurs de la mort et de la désolation, étaient désormais en quête de leur prochaine proie, guidés par les souvenirs volés à leur dernière victime.




Dans la nuit, par saule

        — Iiiiiih ! Maman ! Sheera se réveilla en sursaut. — Maman ! appela encore sa fille.  Sheera repoussa la couverture et lança ses jambes a…