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Dans l’immense jardin d’Anthony, le saule pleureur se dressait majestueusement à la lisière de la petite ville de Mirabeau, tel un gardien silencieux de l’histoire séculaire de la ville. La beauté du saule pleureur était presque irréelle. Son tronc noueux et ses longues branches graciles caressaient le sol avec une délicatesse infinie. Ses feuilles, d’un vert lumineux et vivant, frémissaient doucement sous l’effet de la brise printanière, diffusant une douce mélodie dans l’air. Lorsque le soleil se couchait, l’ombre du saule s’étendait sur l’herbe, créant un tableau de sérénité.
C’est sous ce saule pleureur qu’Anthony avait rencontré sa bien-aimée, Clémence, pour la première fois. Il se souvenait de chaque détail de ce jour, de la chaleur du soleil à la douceur du vent, en passant par le parfum des fleurs. Ce jour-là, elle était assise sous l’arbre, son livre de poésie préféré à la main, et il avait été ébloui par sa beauté. Ils avaient passé des heures à discuter, à rire et à partager leurs rêves, les branches du saule pleureur formant un voile protecteur autour d’eux.
Dans sa mémoire parfois défaillante, c’était ce jour-là qu’il s’était promis de racheter le terrain pour y construire sa maison, afin de pouvoir voir grandir ses enfants. Mais la vie n’avait pas été aussi clémente. Anthony avait fait son deuil tout en prenant soin de ne jamais clôturer son immense propriété. Le saule pleureur était devenu le lieu de rendez-vous des enfants de la ville. Ils jouaient dans ses branches, se cachant sous ses feuilles pendant des heures, riant et courant comme seuls les enfants savent le faire. Les branches du saule étaient assez fortes pour supporter leurs jeux et assez flexibles pour leur offrir un abri.
Même pendant les saisons les plus rudes, l’arbre restait majestueux, un gardien fidèle de la ville. Sous la neige de l’hiver, ses branches semblaient pleurer des larmes de glace, donnant à l’arbre une aura de mélancolie et de sérénité.
Cependant, cet été-là, un sentiment de malaise s’était insinué dans la petite ville de Mirabeau. Une maladie étrange, une épidémie sans nom, avait commencé à se propager parmi les habitants, suscitant peur et inquiétude. Les rues habituellement animées étaient désormais désertes, les maisons closes, et les rires joyeux des enfants avaient été remplacés par un silence oppressant.
C’est dans ce contexte que Anthony, devenu un vieil homme, fixait le saule pleureur avec une profonde affection. Cet arbre, majestueux et élégant, qui avait été le témoin muet de sa vie, de ses joies et de ses peines, continuait de veiller, imperturbable, sur la ville et son jardin. Malgré le chaos environnant, la présence du saule apportait une certaine sérénité, comme un phare de résistance se dressant fièrement au milieu de la tempête.
Alors qu’Anthony se perdait dans ses pensées, une silhouette apparut au loin. Un homme, vêtu d’une salopette usée et tenant une hache à la main, marchait d’un pas lourd en direction de l’arbre. Ses yeux, vides de toute émotion, fixaient le saule avec une intensité déconcertante.
« Monsieur, puis-je vous aider ? » demanda Anthony.
L’homme ne lui accorda pas un regard, continuant son avancée vers l’arbre. Il avait une démarche mécanique, comme s’il était guidé par une volonté qui n’était pas la sienne. Il n’y avait aucun signe de reconnaissance ou de compréhension dans son regard, juste une détermination froide et distante. Il traînait une hache rouillée d’une seule main.
« Hey, c’est une propriété privée ! » s’écria Anthony, mais sa voix semblait se perdre dans le vent.
Son comportement, sa hache bien affûtée et la direction de ses pas ne laissaient aucune place au doute :Il était évident que l’homme avait l’intention de couper le saule pleureur.
Une onde de panique traversa Anthony. Il se sentait impuissant, trop faible pour s’interposer. Il hésita, déchiré entre l’envie de protéger l’arbre et la peur de l’homme à la hache.
Il jeta un coup d’œil à l’arbre, cherchant son courage dans la beauté centenaire.
Anthony se précipita sur l’homme, qui le repoussa d’un seul revers de main et donna un premier coup de hache au tronc.  …