Réveil à 6:30, un lundi matin ordinaire. Un peu dans le coaltar, comme chaque début de semaine. Je me lève plus tôt pour avoir la salle de bains, avant qu'ell…
Il doit sans doute avoir raison. À contrecœur, je capitule. Je traverse le hall, mon esprit revivant une multitude de matins passés. Je m’assieds sur notre banc d’entrée et enfile mes chaussures, une après l’autre. Puis, je me redresse et attrape mon manteau.
— Bonne journée, murmure Nico, avec cette expression qui annonce tout sauf une bonne journée.
Comment est-ce possible de me tromper à propos d’un objet aussi banal que je manipule tous les jours ? J’attrape mon écharpe bleue, un bleu profond comme un océan de minuit, et alors que je l’enroule autour de mon cou, soudain, tout s’éclaire !
— Au fait, Nico, dis-je en me tournant vers lui.
— Humm ? marmonne-t-il, clairement peu disposé à débattre.
Peut-être devrais-je laisser tomber, après tout, c’est lundi matin. Mais je me connais. Si je laisse ça de côté, je vais y penser toute la journée, mâchouillant mon stylo pendant que je travaille sur des dossiers cruciaux - et par cruciaux, je veux dire en retard.
— Tu te rappelles du jour où tu m’as offert cette tasse ?
À cela, je décroche un sourire de sa part.
— C’était une journée épouvantable… mais cette tasse nous avait redonné le sourire.
— Où veux-tu en venir, Marion ?
— Je veux dire que normalement, ce jour-là, on aurait dû acheter un canapé.
Il fronce les sourcils, perplexe.
— Oui. Et ?
— Te souviens-tu de quelle couleur nous voulions le canapé ?
— Bleu.
— Et tu m’as offert cette tasse parce qu’on ne trouvait pas les modèles qui nous plaisaient en bleu. Du coup, tu avais choisi la tasse de quelle couleur ?
— Oui, mais la couleur n’était pas si importante… essaie-t-il d’arguer.
Sans un mot, je l’invite d’un geste de la main à regarder autour de lui. Lentement, son regard parcourt l’appartement. Le tapis bleu de Céret que ma mère m’a offert après mes études, aux nuances complexes de bleu cobalt et de turquoise. Les dessous de verres bleus qui traînent sur la table basse, le bleu azur qui rappelle les eaux méditerranéennes. Et finalement, son regard s’arrête sur notre canapé : un bleu marine élégant et apaisant.
Je jubile intérieurement. J’avais raison !
Avec lenteur, sa tête se tourne vers moi. Quelque chose a changé dans son regard. Malgré moi, je frissonne.
Une petite tête blonde aux yeux bleus débarque dans un brusque vacarme depuis les escaliers. Nico replonge son attention sur ses tartines, toutefois son regard a toujours cette teinte tr…