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Réveil à 6:30, un lundi matin ordinaire. Un peu dans le coaltar, comme chaque début de semaine.
Je me lève plus tôt pour avoir la salle de bains, avant qu'elle soit prise d'assaut par les enfants. Je prends ma douche au radar, très chaude. Le miroir embué ne m'aide pas à y voir plus clair. Je sors dans un nuage de vapeur, je me rends à la cuisine. Nico est déjà devant son café-tartines, la radio allumée. Ça me fait du bruit dans les oreilles.
Je cherche ma tasse pour le premier café du matin, celui qui va enfin m'extraire du brouillard. Pas sur le plan de travail, pas sur la table. Je râle doucement. Pas sur l'étagère, pas sur mon bureau. La tension monte, je veux ma tasse. On en a plein les étagères, c'est vrai, mais c'est cette tasse-là que je veux. La bleue avec les grosses rayures.
Je trouve mes lunettes de myope et je refais un tour en y voyant plus clair. Toujours pas. Ni dans le lave-vaisselle, ni dans l'évier.
- Nico, t'as pas vu ma tasse ?
- Je crois qu'elle est là, à côté de la cafetière.
- Non, ça c'est ma tasse pour le thé. Je cherche ma tasse pour le café, celle avec les rayures.
- Ben là, à côté de la cafetière.
- Où, bon sang ? (Ca ne se lit peut-être pas, mais je commence à m'énerver sérieusement. Je veux mon café, je veux ma tasse !)
Nico se lève et prend une tasse rouge à côté de la cafetière. Rouge avec de fines rayures à peine visibles.
- Voilà !
- C’est pas ma tasse. Je veux la bleue. (Oui oui, vous entendez bien ma voix de petite fille geignarde).
- Mais enfin, Marion. C’est celle-là.
- Mais la mienne est bleue. Celle-ci, je ne la connais pas. Je ne l’ai jamais vue.
- N’importe quoi ! Tu l’utilises tout le temps. Regarde, il y a encore un fond de café d’hier.
C’est vrai qu’il y a du café au fond. C’est vrai que ça correspond bien à mes manières de laisser traîner une tasse de café pas finie.
- Ma tasse est bleue.
Nico prend une bonne inspiration. Ça y est, je l’ai énervé. C’est pas facile de l’énerver. Je crois qu’il n’aime pas trop les lundis matin, lui non plus.
- Marion, bois ton café dans cette tasse rouge, ce sera pareil. Une tasse, c’est une tasse, le café aura le même goût.
Alors j’ai bu mon café dans la tasse rouge. Et puis j’ai refait le tour de toutes les étagères, tables, bureaux, plans de travail, bouts de canapés et buffets de la maison. Mais je n’ai pas retrouvé ma tasse bleue.
Nico m’observait du coin de l’œil pendant qu’il faisait ses lacets.
- Marion, tu vas être en retard.
- Oui oui, je me dépêche.
- Marion, tu n’as jamais eu de tasse bleue. Ta tasse est rouge depuis toujours.
Je l’ai regardé, et puis j’ai eu un doute. Je me serais trompée ?
Il doit sans doute avoir raison. À contrecœur, je capitule. Je traverse le hall, mon esprit revivant une multitude de matins passés. Je m’assieds sur notre banc d’entr…