Chapitre 2: Piégé, par Aconitum

Un craquement terrifiant se fait soudain entendre, suivi d'un autre, plus insupportable encore. J'ai toujours eu en horreur le son des choses qui se brisent, synonyme que ma maladresse avait encore une fois tout gâché. Mais à ce moment précis, le craquement du verre qui se casse signifie quelque chose de bien plus sinistre qu'une simple bévue : l'arachnide m'a repéré, juste en-dessus d'elle. Au lieu de continuer la traque en surface, elle a décidé de couper court et de briser le plafond en verre qui nous sépare.

Merde. Merde. 

Paralysé par la terreur, je n'arrive à esquisser un mouvement seulement lorsque l'une de ses affreuses mandibules pénètre à travers la surface transparente, et désormais fragmentée. Si elle brise si facilement le verre, me dis-je, que fera-t-elle à mes os? A ma chair? Les araignées ne tuent pas ainsi, d'habitude, préférant plutôt incapaciter avec leur toile, puis empoisonner de leurs crocs suintants de venin. Mais jusqu'à quelques heures auparavant, je n'avais aucune idée de l'existence des araignées géantes, et à vrai dire, je n'y croirais peut-être pas encore malgré cette traque effrénée, si je n'avais pas vu Ronan se faire embrocher juste devant moi quelques dizaines de minutes auparavant, avant de disparaître dans les ombres de la tanière de la bête.

Ronan. Non... Je ne veux pas finir comme lui.

Je bondis en arrière au premier éclat de verre qui me touche, m'écharpant la joue au passage, et je reprends ma course vers ce que j'espère être la sortie de ce maudit labyrinthe où je me fais l'effet d'un rat piégé. Mais un fracas abominable retentit alors, et un éclair noir et velu surgit soudain devant moi. Elle a percé le verre, elle est si rapide. Mon Dieu... Pas ça, pas comme ça...

"Ce n'est pas dans mes habitudes de poursuivre mes proies, s'élève calmement la voix sans âge et sans âme de l'araignée géante. Tu me donnes du fil à retordre, je ne sais pas si cela m'inspire davantage du respect, ou de la colère."

Ses mandibules cliquètent devant moi, de façon menaçante je suppose : comment pourrais-je être capable de discerner les émotions sur un visage archanide? Je déglutis difficilement, sachant que mes prochaines paroles pourraient bien être les dernières.